• Il était une fois un jeune berger Tajik très habile qui vivait dans une belle prairie du Pamir. Un jour qu'il menait paître un troupeau de moutons, notre berger vit un vautour féroce fondre sur l'agneau à grosse queue qu'il préférait.

    Au moment où le vautour allait saisir l'agneau, le berger, ayant la main leste et l'oeil prompt, sortit un poignard et le lança sur le vautour.

    Le poignard se planta au beau milieu de la poitrine du vautour. Celui-ci, blessé, laissa l'agneau, battit des ailes et s'enfuit en poussant des cris déchirants.

    Rassemblant toutes ses forces, le vautour rentra à son aire: Une grotte profonde sur une haute montagne escarpée. La grotte s'ouvrait sur des rochers glacés à pic qui surplombaient un gouffre si profond qu'on ne pouvait en voir le fond. Seul le ruissellement de l'eau rompait le silence.

    Le vautour blessé se reposa dans sa grotte, soigné par quatre aigles qu'il avait capturés dans des montagnes lointaines lorsqu'ils étaient tout jeunes. Ces aigles qui avaient grandi, étaient devenus aussi habiles les uns que les autres. Ils sortirent à tour de rôle chercher des plantes médicinales pour panser la blessure du vautour. Ils lui offrirent aussi à manger de la viande de tétras, dont le jabot est une véritable armoire à pharmacie.

    Grâce aux soins des quatre aigles, le vieux vautour fut bientôt guéri. Pourtant les aigles désiraient sa mort. C'était lui qui les avait éloignés de leur pays d'origine et séparés de leurs parents, lui encore qui les grondait et les battait tous les jours. Ils en souffraient beaucoup et voulaient se sauver, mais ils avaient peur d'être retrouvés par le vieux vautour. Ils ne pensaient qu'à se débarrasser du vautour et à recouvrer la liberté.

    Le vieux vautour se remit à voler. Il vouait une haine mortelle au jeune berger et voulait se venger. Un jour, alors qu'il survolait la prairie, il vit le jeune berger endormi sur l'herbe.

    Très content de cette occasion, il pensa que l'heure de la vengeance était venue. Il fondit sur sa proie et, tout d'un coup, saisit le berger dans ses puissantes serres, et l'emporta vers le ciel.

     

    Le jeune berger se réveilla et voulut réagir. Mais voyant qu'il était haut dans l'air et qu'il risquerait de se mettre en miettes en tombant si le vieux vautour lâchait ses serres, il se laissa emporter par le vautour.

    Au bout d'un certain temps, le vautour déposa le berger dans sa grotte, auprès des quatre aigles. Une fois dans la grotte, le jeune berger s'avança vers la sortie. mais sitôt qu'il regarda à l'extérieur, la tête lui tourna, la montagne était si haute, la falaise si escarpée et la gorge si profonde, qu'il ne pouvait absolument pas s'échapper.

    Le vieux vautour parut percer le désespoir du berger, éclata de rire, comme s'il se moquait de lui, et dit:

     

    - Tu veux encore retourner à la prairie? Ce n'est qu'un rêve.

    Sa voix ressemblait au hurlement du loup qui fait frémir les gens.

    Le jeune berger fut obligé de rester dans la grotte. Il mangeait la viande de mouton que le vautour n'avait pas pu finir et buvait l'eau froide qui coulait entre les pierres. Les jours s'écoulèrent ainsi, mais il n'arrivait pas à trouver un moyen de s'enfuir.

    Il mangeait et couchait avec les quatre aigles et se familiarisa vite avec eux. Il fut irrité de voir que le vieux vautour les maltraitait, et eut pitié d'eux. De leur côté, les quatre aigles se souciaient aussi de celui qui avait un sort semblable au leur.

    De temps à autre, voyant son air affamé, ils saisissaient un lièvre et le lui offraient à manger à l'insu du vautour. Pour le distraire, ils chantaient et dansaient en tapotant le sol de leurs serres et battant des ailes. Le jeune berger les aimait également beaucoup; il leur peignait souvent les plumes que le vieux vautour avait ébouriffées.

    Le jeune berger pensait tous les jours à son pays, à ses parents et à son troupeau de moutons. Il eut plusieurs fois envie de se battre contre le vieux vautour et de le tuer. Mais il pensa que s'il le tuait, il ne pourrait jamais quitter cette grotte quasi céleste, et n'aurait plus de quoi manger, ce qui le força à prendre son mal en patience jusqu'à ce que l'occasion se présentât...

    Un jour, le vieux vautour, tout joyeux, ramena un agneau de six mois, en mangea toute la viande et ne laissa que la peau. Trouvant que les pierres dans la grotte étaient trop froides, le jeune berger s'assit sur la peau.

    Un soir, couché sur la peau de l'agneau, il n'arrivait pas à s'endormir. Soudain, il se souvint d'une histoire de tapis volant que sa mère lui avait racontée quand il était petit. Il s'exclama:
    - Si cette peau d'agneau pouvait voler et me ramener chez moi!

    Cependant, il retomba dans le désespoir en pensant qu'il n'y avait aucun immortel céleste pour faire voler la peau d'agneau; comment pourrait-elle voler toute seule? Pendant toute la nuit, le jeune berger se tournait et se retournait, et il n'avait toujours pas fermé l'oeil lorsque l'aube arriva.

    Il vit en se levant le vieux vautour obliger les quatre aigles à sortir pour chercher de la nourriture. Ayant peur de lui, les aigles sortirent de la grotte en volant. En les voyant l'un après l'autre déployer leurs ailes et s'élever dans les airs, il eut brusquement une inspiration dont il fut très content, et se demanda:

     

    - Pourrais-je demander de l'aide aux aigles?

    Le jeune berger avait enfin l'espoir de s'évader. Pendant l'absence du vautour, il entraînait les quatre aigles. Il étendait la peau de l'agneau par terre, l'attachait des quatre coins aux serres des aigles, et lorsque les aigles volaient, la peau de l'agneau se déployait comme un tapis volant.

    Au bout d'un mois d'entraînement en cachette, les ailes des aigles devinrent plus puissantes, tandis que le vieux vautour ne s'apercevait de rien.

    Le jeune berger prit une décision. Avant de quitter la grotte, il fallait tuer le vautour, parce que si jamais le rapace venait à découvrir leur fuite, il se mettrait à leur poursuite et donnerait des coups de bec et de serres aux aigles jusqu'à ce que mort s'ensuive.

     

    Cependant, tuer le vieux vautour n'était pas facile. Il fallait d'abord qu'il fût aveugle, afin que ses serres devinssent inutiles. Le jeune berger trouva alors un long morceau de pierre et il l'aiguisait à la dérobée à chaque absence du vautour. Au bout de sept jours, l'extrémité de la pierre était aussi tranchante qu'un poignard.

    Un soir, quand le vieux vautour commença à ronfler selon son habitude, le jeune berger prit le poignard en pierre à la main, s'approcha furtivement de son geôlier et lui creva d'un seul coup l'oeil gauche. Poussant un cri déchirant, le vautour n'eut même pas le temps de contre-attaquer que le berger avait déjà retiré son arme et donné un autre coup à l'oeil droit.

    Le sang giclait des yeux, le vautour ne voyait rien, battait des ailes et tendait les serres. Les quatre aigles furent à la fois contents et effrayés. Le berger les emmena dans un coin, laissant le vautour se débattre.

    Affolé, le vautour chercha à attraper quelque chose, mais il ne trouva rien. Le sang coulait de plus en plus, le vautour se débattit toute la nuit, à l'aube il était hors d'haleine, incapable de bouger, et s'allongea par terre. A ce moment-là, le jeune berger s'approcha et lui donna au cou quelques coups de poignard. Le vautour s'agita dans un ultime spasme, puis, tendit les deux serres: il était mort.

    Les quatre aigles dansaient de joie autour du berger, parce qu'ils étaient libres. Ils tapotèrent de leurs ailes l'épaule de leur jeune ami, comme pour le presser de quitter au plus vite la grotte. Le berger attacha solidement la peau de l'agneau aux pattes des aigles, s'assit dessus et frappa légèrement les ailes des aigles, ce qui était le signal pour les faire s'envoler.

    Les quatre aigles déployèrent aussitôt leurs ailes, sortirent de la grotte et s'élancèrent dans les airs. Le jeune berger s'assit confortablement sur la peau de l'agneau, les nuages colorés flottaient auprès de lui, comme s'ils le félicitaient; la montagne de glace brillait sous ses pieds, on aurait dit qu'elle l'appelait.

     

    Les quatre aigles volèrent à tire d'ailes et arrivèrent bientôt au-dessus de la prairie. le jeune berger regarda en bas, vit que les herbes étaient encore plus vertes, que les moutons s'y dispersaient tels des perles sur un tapis vert, que les rivières faisaient penser à des rubans de soie brillante, et les tentes à des fleurs en pleine floraison...

    Il ne put s'empêcher de s'exclamer:

     

    - Mon cher pays, me voilà enfin revenu!

    Les quatre aigles descendirent doucement et se posèrent devant la tente du berger. Ses parents et ses amis vinrent à sa rencontre. Voyant que les aigles étaient épuisés et ruissselants de sueur, le jeune berger les invita à se reposer chez lui et enleva le rideau de la porte.

    Mais les aigles ne voulurent pas entrer, glatirent comme s'ils voulaient dire:

     

    - Nous voudrions, nous aussi, rentrer chez nous et retrouver les nôtres.

    Ils tapotèrent légèrement de leurs becs les bottes du berger, puis son habit, et battirent des ailes pour faire leurs adieux. Les larmes aux yeux, le jeune berger embrassa les aigles, en disant avec affection:

     

    - Au revoir, mes amis!

    Les quatre aigles s'élevèrent dans les airs, tournèrent trois fois autour de la tente du berger et s'éloignèrent à regret. Le jeune berger agita la main vers eux. Quand il ne les vit plus, il hésitait toujours à entrer dans la tente et regardait vers le lointain...

    Plus tard, les quatres aigles vinrent souvent survoler la prairie, pour aider le berger à attraper des lièvres et des taupes qui endommageaient les herbes. Lorsqu'une horde de loups venaient pour s'emparer de moutons, les aigles avertissaient, comme des éclaireurs, le berger à temps.

     

    C'est depuis cette époque que les bergers et les aigles sont de bons amis, de génération en génération.




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  • A l'Ouest du village de Xibeima du bourg de Nanloudi dans le district d'Anguo dans le Hebei, il y a un chemin qui s'appelle le Chemin des Taureaux. A ce que l'on dit, lors de la Bataille des Taureaux, Yang Liulang fit passer ces derniers par ce chemin.

    Yang Liulang avait fait stationner des troupes dans le district de Renqiu. Ayant reçu l'ordre de ses chefs de secourir Baozhou (Baoding actuel dans le Hebei), il déplaça rapidement ses troupes à Baozhou pour combattre les ennemis. Attaqués par surprise par ces derniers, ils subirent un échec entraînant des pertes sévères, et furent obligés de se retirer dans le village de Xibeima du district d'Anguo pour y recruter des hommes afin d'aller affronter les ennemis.

    Malgré l'augmentation de ses effectifs, ses forces restaient encore insuffisantes. Les ennemis pouvaient les poursuivre dans leur retraite d'un jour à l'autre. Que faire? Yang Liulang se creusa la tête et trouva enfin une bonne idée. Il acheta plusieurs centaines de taureaux, les fit attacher dans un bois, sans leur donner du fourrage pendant quelques jours; puis il ordonna à ses subordonnés de mettre dans les champs plusieurs centaines d'épouvantails faits avec de la paille qui furent remplis de fourrage fin comme du haricot noir, du soja et du sorgho; en outre, on leur fit porter des vêtements et des chapeaux semblables à ceux de l'ennemi.

    Plusieurs dizaines de "mu" de terres étaient maintenant noires d'épouvantails qui ressemblaient vraiment à les voir de loin, à des ennemis en train d'approcher.

    Après avoir pris ces dispositions, on conduisit les taureaux déjà affamés dans les champs de mannequins.

     

    Une fois que les bêtes sentirent l'odeur du haricot noir, ils déchirèrent les vêtements des épouvantails et mangèrent ce qu'il y avait dedans sans rien laisser. Et il ne resta finalement par terre que des chapeaux et des vêtements en lambeaux.

    Cet exercice fut répété par deux fois, et c'est alors que Yang Liulang reçut tout à coup la nouvelle que les ennemis descendaient déja dans le sud, c'est à dire vers leur camp. Alors ils se hâtèrent d'enfermer les taureaux dans une enceinte à l'intérieur du bois sans leur donner de quoi manger, et ils attachèrent deux couteaux aux cornes de chaque animal. Tout était prêt pour attendre que l'ennemi vienne s'exposer à la mort.

    Deux jours après, plusieurs milliers d'ennemis arrivèrent prêts à les attaquer. Yang Liulang, sans s'affoler, les guettant de son poste de commandement jusqu'à ce qu'ils soient assez proche de son piège, transmit l'ordre à ses soldats de se tenir prêts à conduire les taureaux. Les soldats ennemis arrivèrent bientôt aux abords du village de Xibeima.

    Comme leur habillement était tout à fait semblable à celui des épouvantails, les taureaux excités commencèrent à creuser la terre avec leurs sabots, brûlant d'aller manger à satiété.

    Les Soldats de Yang Liulang les lâchèrent. Alors, tout le troupeau dont chaque bête avait ses deux couteaux fixés aux cornes, vola directement dans la foule de l'ennemi. ILs en attrapèrent un et le firent tomber. Une fois qu'ils sentirent que celui-ci n'était pas du fourrage, ils en attrapèrent un autre et le renversèrent encore. C'est ainsi que chaque taureau fit tomber et tua plusieurs soldats ennemis.

    En moins de temps qu'il n'en faut pour un repas, des ennemis éventrés étaient couchés pêle-mêle sur le sol sur une dizaine de "li".

    En ne voyant que des taureaux les combattre, les survivants furent tellement terrifiés qu'ils s'enfuirent dans toutes les directions.

    Dès lors, le nom de Chemin des Taureaux est demeuré jusqu'à nos jours.




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  • Su Dongpo venait d'être nommé magistrat à Hangzhou. Depuis que cette nouvelle s'était répandue, chaque jour, les gens s'attroupaient devant la porte du Yamen dans l'espoir de voir l'affiche rouge où serait inscrite la date de son arrivée, et d'entendre les trois coups de canon qui salueraient Su Dongpo au moment où il monterait sur l'estrade du tribunal...

    Mais, ils avaient attendu en vain plusieurs jours de suite.

    Un jour, deux homme se querellèrent puis se précipitèrent vers le Yamen, ils frappèrent avec force le tambour placé devant la porte, criant qu'ils voulaient porter plainte en justice, un huissier les apostropha:

     

    - Le Seigneur n'est pas encore arrivé, revenez dans deux jours!

    Fous de colère, les deux hommes persistaient à vouloir forcer l'entrée du Yamen, en repoussant le gardien.

    A ce moment-là, un homme barbu au visage basané, une coiffure de tissu sur la tête, portant une robe de taoïste, assis à califourchon sur un âne, apparut devant le mur-écran du Yamen. Il criait:

     

    - Laissez-moi passer, je suis en retard.

    Le petit âne traversait la foule, avançant tout droit vers la cour du Yamen, l'huissier n'eut pas le temps de le rattraper par la queue, et l'homme sur sa monture entra dans la cour.

    L'homme attacha l'âne sur un pilier de la galerie, monta dans la salle et, en quelques pas, alla se placer au milieu sur le fauteuil recouvert d'une peau de tigre.

    A cette vue, un garde du Yamen, le considérant comme un fou, courut vers lui en vociférant:

     

    - Ne sais-tu pas que c'est la place du Seigneur juge, on te tuera si tu oses t'asseoir sur ce siège.

     

    L'homme éclata de rire en l'écoutant parler ainsi.

     

    - Y aurait-il quelqu'un de si méchant!

    - Bien sûr, répondit le gardien, cette place est réservée à celui qui est digne d'avoir un sceau en or.

    - Un sceau en or, mais j'en ai un, et l'homme sortit de sa poche un sceau en or éblouissant et le mit sur la table.

    Frappé de stupeur, le garde resta bouche bée, puis il finit par réaliser qu'il avait devant lui Su Dongpo, le nouveau magistrat de Hangzhou.

    Su Dongpo n'avait plus le temps de suivre le cérémonial prescrit ni de faire tirer les trois coups de canon; dès qu'il fut entré dans la cour de justice, il se mit à tenir audience. Il demanda à l'huissier de laisser entrer les deux hommes qui se querellaient.

    Quand ils comparurent, Su Dongpo frappa la table avec son maillet de bois, il les interrogea:
    - Quels sont vos noms, qui est le plaignant?

    Ils s'agenouillèrent sous l'estrade, et cognèrent leur tête contre terre.

    - C'est moi le plaignant, dit l'un, je m'appelle Li Xiaoyi.

    - Je m'appelle Hong Amao, dit l'autre.

    - Li Xiaoyi, demanda le juge, pour quelle raison portes-tu plainte contre Hong Amao.

    - Je suis un homme de peine, dit Li Xiaoyi, j'avais fait de petites économies, dix taëls d'argent; il y a deux mois, je les ai prêtés à Hong Amao. Nous étions de bons voisins, j'étais d'accord pour ne pas exiger d'intérêts, à condition qu'il me les rende dès que j'en aurais besoin. Maintenant, j'ai trouvé une jeune fille qui me convient, j'ai besoin de l'argent pour me marier, et non seulement il ne veut pas me rendre mon argent, mais il m'a frappé.

     

    Su Dongpo se tourna vers Hong Amao et lui demanda:

     

    - Pourquoi ne lui rembourses-tu pas ta dette, et le bats-tu par-dessus le marché?

    Hong Amao s'empressa de se cogner la tête contre terre et murmura:

     

    - Mon Seigneur, je suis un petit marchand, j'ai acheté des éventails à l'approche de l'été, j'étais loin de penser qu'il ferait encore frais après la fête de la mi-Mai; on porte encore des robes doublées, qui donc voudrait acheter mes éventails! En outre, ces jours-ci, il a plu et, les éventails ont moisi. Je suis vraiment incapable de lui rembourser l'argent. Comme il m'a insulté, et m'a saisi par ma veste, cela m'a mis en rage, et je lui ai donné un coup de poing sur la tête; je ne l'ai pas fait exprès.

    En entendant cela, Su Dongpo fronça les sourcils et dit:

     

    - Li Xiaoyi a besoin de l'argent pour se marier, Hong Amao doit lui payer sa dette.

    A l'entendre, Hong Amao se lamenta:

     

    - Ah! mon Seigneur, je suis vraiment à court d'argent.

    Su Dongpo tout en caressant sa barbe reprit:

     

    - Hong Amao a subi une perte d'argent, il est dans l'embarras. Li Xiaoyi doit chercher un autre moyen pour résoudre le problème de l'argent pour son mariage.

    En entendant cela, Li Xiaoyi se plaignit aussi:

     

    - Mon grand Seigneur, ce n'est pas facile pour moi d'économiser dix taëls d'argent!

    Su Dongpo éclata de rire et dit:

     

    - Soyez patients. Hong Amao rentre maintenant chez toi et rapporte-moi vingt éventails moisis; la cause est entendue.

    Fou de joie, Hong Amao s'empressa de s'agenouiller et de se cogner la tête contre terre pour saluer le juge. Puis il se leva et courut à la maison; il en ramena vingt éventails qu'il donna à Su Dongpo.

     

    Su Dongpo étala les éventails un à un sur le bureau, écrasa de l'encre, puis y trempa le pinceau et se mit à tracer, en utilisant les taches de moisi les plus grandes, des paysages en miniature évoquant des sites de montagnes, et avec les taches moins grandes, des fleurs de Mei en compagnie du sapin et du bambou, ce qu'on appelle "les trois amis de l'hiver".

    Su Dongpo eut vite terminé; il donna alors dix éventails à Li Xiaoyi en lui recommandant:
    - Tu peux compter régler les frais de ton mariage avec ces dix éventails; tu les emporteras dans la rue et tu crieras:

     

    "éventails peints par Su Dongpo, un taël d'argent chacun", tu les vendras sur le champ.

    Su Dongpo donna les dix autres à Hong Amao en lui disant:

     

    - Tu iras les vendre dans la rue, et tu en tireras dix taëls d'argent comme capital, tu entreprendras alors un autre genre de commerce.

    Tous les deux le saluèrent bien bas et sans grande confiance, ils prirent chacun leurs éventails. Mais, à peine eurent-ils crié deux fois à l'improviste leur marchandise à vendre que les vingt éventails furent enlevés rapidement. Tout heureux, ils rentrèrent chacun chez eux avec leur argent.

    Depuis lors l'histoire du litige jugé par Su Dongpo s'est répandue parmi la population.

    Autrefois, on ne confectionnait que deux sortes d'éventails à Hangzhou, des noirs et des blancs; après que Su Dongpo eut exécuté des dessins sur les éventails, les artisans l'imitèrent.

    Les uns dessinaient des fleurs, des oiseaux, des personnages et des paysages, les autres calligraphiaient des poésies. Tout cela embellissait les éventails.

    Ces éventails dessinés ont un double usage, ils permettent de s'éventer, mais aussi d'admirer la peinture, aussi sont-ils bien accueillis par les clients. C'est pourquoi, l'usage s'en est conservé de la Dynastie des Song du Nord jusqu'à aujourd'hui.




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  • Le fleuve du Dragon Noir ne porte son nom actuel que depuis que Vieux-Li-sans-queue s'y est installé. A l'origine, ce n'était pas un Dragon Noir qui y vivait, mais un Dragon blanc féroce, qui s'attaquait aux gens et provoquait souvent des inondations.

    Vieux-Li-Sans Queue était originaire du destrict de Yie au Shandong. Dès le matin du jour de sa naissance, le ciel se couvrit de nuages et il souffla un grand vent bizarre, qui fut suivi d'une averse. La pluie tombait si dru que la vue en était obstruée. C'est par un temps si détestable que Vieux-Li-Sans Queue était venu au monde.

    Sa mère allaitait son nouveau né, mais à chaque fois, elle s'évanouissait de douleur. Son père, qui avait déjà beaucoup de mal à subvenir aux besoins de la famille, se faisait encore plus de souci maintenant qu'il avait trois bouches à nourrir.

    Aussi, dès qu'il vit ce monstre tout noir à son retour des champs, il lui flanqua un coup de bêche sur la queue, d'où le nom de Vieux-Li-Sans Queue. Dans sa douleur, le malheureux sauta en l'air, traversa le toit dans un roulement de tonnerre, se précipita vers le nord-est dans une traînée de feu et descendit dans le fleuve du Dragon Noir.

    Etant originaire du Shandong, Vieux-Li-Sans Queue avait beaucoup de sympathie pour les gens de son pays natal. On dit que pour naviguer sur le fleuve du Dragon Noir, il faut d'abord demander:
    - "Y a-t-il quelqu'un du Shandong?" et il suffit de répondre "oui!" même s'il n'y en a pas en réalité, le bateau est à l'abri de tout accident.

    C'est pour cela que depuis de nombreuses années, aucun navire n'a coulé dans le fleuve du Dragon Noir, car c'est là que vit Vieux-Li-Sans Queue. Comme il est très bon avec les gens du Shandong, il jouit d'une très bonne réputation parmi eux.

    Vieux-Li-Sans Queue revient toujours dans son pays natal le 13e jour de la 5e lune de chaque année, jour anniversaire de la mort de sa mère, pour se prosterner devant la sépulture de celle-ci. Le jour où il rentre, il pleut toujours. Les habitants du Shandong ont l'habitude de dire:
    - Même après trois ans de sécheresse, on n'oublie pas le 13e jour de la 5e lune. Ce jour-là, même s'il fait beau, on se garde de faire sécher les vêtements, car c'est le jour où Vieux-Li-Sans Queue revient ajouter de la terre sur la tombe de sa mère. Souvent, à cette occasion, Vieux-Li-Sans Queue n'oublie pas d'offrir aux villageois des spécialités du fleuve du Dragon Noir, aussi compte-t-on beaucoup sur ce jour où le vent et la pluie leur apportent quelque chose de très particulier.

    Ce n'est cependant pas sans difficulté que Vieux-Li-Sans Queue s'était installé dans le fleuve du Dragon Noir.

    A l'époque, sur les deux rives du fleuve du Dragon Noir s'étendaient de vastes friches presque inhabitées à cause des inondations continuelles. Là, vivait un vieux défricheur. Un jour, il vit venir un jeune homme très noir qui lui demanda de l'héberger pour la nuit. Le lendemain le gars lui dit:

    - Vieux père, je suis sans feu ni lieu, j'ai envie de me réfugier chez vous, êtes-vous d'accord?

    - Pourquoi pas? répondit le vieux, fais comme tu veux, il y a suffisamment de quoi manger pour toi. Travaille un peu quand tu en auras envie, et repose-toi quand ça ne te dira rien.

    C'est ainsi quele jeune homme s'établit là. Les premiers jours, il aida le vieux à couper du bois et à faire le ménage, puis il prépara les repas pour le vieux qui s'occupait des champs. Ils vécurent ainsi en bon termes pendant assez longtemps.

    Un jour, à midi, le vieux revint des champs, harassé de fatigue.

    - Eh bien, combien de terre avez-vous défriché? demanda le gars.

    - Pas beaucoup, répondit le vieux, car il y a trop de racines d'arbres dans le sol.

    - J'ai une idée, reprit le gars, j'en ai assez de rester toujours à la maison, que diriez-vous de rester faire la cuisine tandis que j'irais aux champs à votre place?

    - Soit!

    L'après-midi, ils firent comme convenu. Après le déjeuner, le vieux fit une longue sieste, qui dura jusqu'à la fin de l'après-midi. Désireux de savoir comment le jeune homme travaillait, il se rendit alors sur le lieu du travail.

    Il n'était pas encore arrivé qu'il entendit le vent souffler et vit des arbres s'abattre sur le sol. De la poussière et des pierres dansaient dans le ciel. Le vieux fut surpris de voir que c'était un Dragon Noir qui travaillait là. Il déracinait les gros arbres de sa queue à moitié amputée, aussi facilement que s'ils avaient été des pousses de sorgho. Les arbres abattus s'entassaient jusqu'au ciel.

    A cette vue, le vieux n'osa plus avancer, de peur d'être atteint par les pierres qui volaient en tout sens. Il retourna alors à la maison.

    Le soir, après le retour du jeune homme, ils s'assirent pour dîner ensemble.

    - Comment as-tu travaillé? demanda le vieux?

    - Assez bien. Ces derniers jours, je commençais à m'ennuyer, à force de rester toujours à la maison, c'est pourquoi j'en ai mis un sacré coup!

    - Mais ce que tu as fait est très fort!

    - Comment! Vous m'avez vu?

    - Oui, je suis allé te voir, mais je n'ai pas osé m'approcher, de crainte d'être tué par les volées de pierres et de morceaux de terre.

    - Vieux père, dit le gars en riant, puisque vous m'avez vu, je ne peux plus rien vous cacher. Je vois que vous êtes très bon, je voudrais qu'on soit dorénavant amis intimes.

    - Je veux bien.

    - Vieux père, à vrai dire, j'ai envie de m'installer ici.

    - Fais comme tu veux, je n'y vois pas d'inconvénient.

    - Non, vieux père, vous n'avez pas compris, je veux dire m'installer dans le fleuve.

    - Vas-y alors, personne ne t'en empêche.

    - Cela ne va pas, dit le jeune homme en secouant la tête, il y a déjà quelqu'un dans le fleuve, et si je veux m'y installer, il faut que je me batte avec lui.

    - Et bien vas-y.

    - Mais il est plus fort que moi!

    - Comment faire alors?

    - Aidez-moi, vieux père!

    - Mais comment pourrais-je t'aider, alors que je ne sais même pas nager?

    - Vous n'avez pas à descendre dans le fleuve. Mon adversaire a une maison. Il peut rentrer manger chaud chez lui quand il a faim. Mais moi, je ne peux que boire de l'eau du fleuve pour tromper ma faim. Comment pourrais-je le vaincre? Voilà ce que vous allez faire pour m'aider: Le jour de notre combat, vous préparerez du pain et des pierres que vous entasserez au bord du fleuve. Quand vous verrez de la mousse noire et une main noire sortir de l'eau, vous jetterez des pains; et lorsque vous verrez de la mousse blanche et une main blanche, vous lancerez des pierres. Comme ça, vous me rendrez un grand service.

    A ces mots, le vieillard dit:

    - Pas difficile, compte sur moi.

    Ceci dit, le gars lui précisa le nombre de pains et de pierres qu'il fallait préparer, l'endroit où les déposer et la distance à garder entre les tas de pains et de pierres. Dès lors, le vieux se mit à faire des préparatifs et le gars sortit tous les jours s'entraîner.

    Le jour du combat arrivé, le gars descendit dans le fleuve. Ce jeune homme était en réalité Vieux-Li-Sans Queue. Aussitôt les eaux du fleuve se mirent à s'agiter. Les vagues se succédaient les unes aux autres, se brisaient contre les berges en faisant trembler les deux rives. Le vieillard observa attentivement le déferlement des eaux.

    Peu après, de la mousse noire et une main noire sortirent de l'eau, et le vieillard jeta des pains. Un moment après, de la mousse blanche et une main blanche montèrent du fond du fleuve, aussitôt il lança des pierres. Le combat dura du matin jusqu'au soir et finalement Vieux-Li-Sans Queue vainquit le Dragon blanc.

    Depuis que Vieux-Li-Sans Queue s'est installé dans le fleuve, les eaux sont devenues noires d'où son nom: Fleuve du Dragon Noir...

    ...Vieux-Li-Sans Queue est très bon! Lors de "l'incident du 18 septembre", (Le 18 septembre 1931, l'armée japonaise du Guandong attaqua la ville de Shenyang et commença à occuper les trois provinces du Nord-Est de la Chine.) il a même participé à la résistance contre les japonais. A ce moment-là, deux régiments de volontaires sur des bateaux étaient talonnés par les navires des agresseurs japonais. Tout à coup, surgit un petit canot conduit par un vieillard à la barbe noire.

    - N'ayez pas peur, suivez-moi!

    Ce disant, il sauta sur le bateau des combattants et ordonna:

    - Démarrez!

    En disant cela, il fit un signe de la main et un épais brouillard s'abattit sur le fleuve. Du coup, on ne voyait plus rien sur l'eau. Mais le bateau des volontaires sur lequel était le vieillard avançait à la vitesse d'une flèche.

    C'est ainsi que les deux régiments de volontaires réussirent à s'échapper aux Japonais. Lorsque le brouillard se fut dissipé, le vieux à la barbe noire n'était plus là, on ne voyait plus sur le bord du bateau que deux gros caractères: "Vieux Li".



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  • Anglais : unity in diversity

     

    Espingouin : unidad en la diversidad

     

    Hongrois avec les signes diacritiques:

    Sokféleképpen - egyűtt.

     

    en occitan : UNITAT DINS LA DIVERSITAT

     

    Bashkimi pkr nk ndryshim albanais

     

    Einheit in Vielfalt allemand

     

    Einheit én d'Vielfaltikeit alsacien

     

    Unity in diversity anglais

     

    Unidá en a dibersidá aragonais

     

    Unidá na diversidá asturien

     

    Âyri âyri olmakda, birlik azéri

     

    Eenheid in de Verschedenheid bas-allemand

     

    Eenheid in de Völklörigheid bas-allemand (frison)

    Verscheden un doch enig wesen bas-allemand (traduction alternative)

     

    Ainitzen arteko batasuna basque

     

    Адзінства ў разнастайнасті biélorusse

     

    Unanded el liested breton

     

    Единство в многообразието bulgare

     

    Jedniô we wszelejakòscë cachoube

     

    Unitat dins la diversitat catalan

     

    Unyta yn dyversyta cornique

     

    Unità in la diversità corse

     

    Grupa za drugacije croate

     

    Forenet i mangfoldighed danois

     

    Unidad en la diversidad espagnol

     

    Unueco en la diverseco espéranto

     

    Ühtsus erinevuses estonien

     

    Erilaisina yhdessä finnois

     

    Unité dans la diversité français

     

    Unetât diens la diversetât francoprovençal (arpitan)

     

    Aanj an dach mäenööder frison (dialecte de Föhr)

     

    Äin än duch maenouder frison (dialecte de Mooring)

     

    Ain an doch mäenår frison (dialecte de Nordergoeshard)

     

    Ain en dach mearküðer frison (dialecte de Sylt)

     

    Oin än dach mäenoar frison (dialecte de Wiedingharder)

     

    Ooin en doch med-arker frison (dialecte d'Helgoland)

     

    Ienheid troch ferskiedenheid frison (Frysk)

     

    Unidade na diversidade galicien

     

    Undod mewn amrywiaeth gallois

     

    Διαφορεπκοι αλλα ευωμενοι grec

     

    Sokféleképpen - egyutt hongrois

     

    Unità nella diversità italien

     

    Forenet i mangfoldighed jutlandais

     

    Vi'nuo'teiba daz'uodeiba' latgalien

     

    In varietate concordia latin

     

    Vienotība dažhādībā letton

     

    Ûnitæ inta diverscitæ ligure

     

    Unità in de la diversità lombard

     

    Eenheet an der Verschiddenheet luxembourgeois

     

    Единство во различноста macédonien

     

    Eenheid in verscheidenheid néerlandais

     

    Enhet i mangfold norvégien (Bokmål)

     

    Einskap i mangfald norvégien (Nynorsk)

     

    Unitat dins la diversitat occitan (languedocien)

     

    Unitat dins la diversitat occitan (provençal)

     

    Unitei dins 'l diverchitei picard

     

    Unità ant la diferensa piémontais

     

    Jednosc w róznosci polonais

     

    Unidade na diversidade portugais

     

    Unitate în diversitate roumain

     

    Единость в многообразз russe

     

    Unius in sa dissimbillàntzia sarde

     

    Ae mynd, monie kynd scot

     

    Jedinstvo u razlici serbo-croate

     

    Ütisüs kirivüse seeh seto

     

    Junciuti na differenza sicilien

     

    Jednota v rozdielnosti slovaque

     

    Enotnost v sem vraskorestena slovène (dialecte dolenjsko)

     

    Zvezda v sem nekj slovène (dialecte krsko)

     

    Enatnas v sem ekoju slovène (dialecte sobota)

     

    Jednota w wšelakorosći sorabe

     

    Förenade i mångfalden suédois

     

    Einheit i d'Verschiedeheit suisse alémanique

     

    Jednotnost v rů znorodosti tchèque

     

    Єдиість у відмінності ukrainien

     

    L’unità in te la diversità vénitien

     

    Ütisüs kirivüse seen võro

     

    L'unitè ol divêrsitè wallon

     

    SARDINIAN LANGUAGE

     

    Sardu-campidanesu: unidadi a intru de sa diversidadi

     

    Sardu-logudoresu: unidade a intru de sa diversidade

     

    ...

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  • meschugge yiddish


    bolond hongrois

     

    en Tamoul on est : Païthiyè

     

    en Hindi on est : Paagal

     

    en anglais : crazy

     

    en deutsch : verrückt

     

    en breton : sod

     

    Espagnol : loco – payaso

     

    Occitan : fòl, baug

     

    Finnois: hullu


    Estonien: hull


    (lapon): jal'la

     

    Polonais: zwariowany

     

    Russe: сумасшедший

     

    En irlandais : ar buile, ar mire, gan chéill, gealt...

     

    en gaélique d'Ecosse: às a chiall, air chuthach, gealtach

     

    en gallois: gwallgof, lloerig, ffôl

     

    en cornique: müscok, fol

     

    en manx: baanrit, carragh, corragh, keoie, sproghit

     

    en tchèque: šílený, bláznivý, pošetilý

     

    En arabe : ahmaq, ahbal, majnoun (ce dernier se dit aussi pour un 'fou d'amour')

     

    En marocain : h'maq, h'bil, m'setti

     

    En berbère : afghoul

     

    en italien matto, pazzo, folle, squilibrato, "andato" (andato di testa - il a pété un plomb)

     

    danois hier soir : gal

     

    en néerlandais fou de joie: dolblij

     

    en grec: τρελός trèlos

     

    En malgache vezo : adala, dehedehe, gege, mine, ola, sagnagna, seritse.

     

    en croate: lud

     

    en quechua (argentin) c'est : opa.

     

    en quechua (bolivien) c'est : lojt'u, llojt'u, luku

     

    en catalan : boig

     

    Ar Foll signifie bien le fou en breton: le mot foll est un emprunt au francais datant du moyen-age.

     

    En Basque on dit ERO.

     

    en Suédois: galen

     

    En bulgare : fou = луд [Lout]

     

    en esperanto : freneza.

     

    En Maya Yucateco : ko'

     

    ...

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