• Mycènes et Nauplie

     

     

    Image3-copie-1.gif   L’Argolide, dont le nom signifie « plaine », fut habitée sans interruption depuis les temps préhistoriques. Terre « nourricière de chevaux », selon Homère. L’Argolide est une plaine triangulaire, longue d’environ 20 km, s’ouvrant sur le golfe de Nauplie. Protégée par une suite continue de montagnes qui la séparent de l’Arcadie et la Corinthie, elle se prolonge par une péninsule montagneuse, le massif Didymon.

    Nauplie

     

     

    Nauplie dans l’histoire

     

    Image4-copie-1.gif   D’abord base navale d’Argos, la ville devint réellement importante sous les Francs, qui la prirent aux Byzantins en 1210, puis sous la domination vénitienne. Appelée par ces derniers Napoli de Romanie, elle fut dotée de fortifications, encore en bon état aujourd’hui, que même les Turcs ne parvinrent jamais à violer. Seul un traité de paix leur livra la forteresse, en même temps que la ville en 1520, mais Venise reprit le tout au début du XVIIIe s. En 1829, cette petite cité devint la capitale de la Grèce libérée et accueillit, quatre ans plus tard, son premier souverain en la personne d’Othon de Bavière.

     

     

     

     

    A 5 km au sud de Tirynthe et à 13 km d’Argos.

     

     

    Bâtie sur une presqu’île rocheuse au fond du golfe Image6-copie-1.jpg Argolique, Nauplie est l’une de ces petites villes grecques où il fait bon vivre et qu’un tourisme pourtant massif n’affecte pas trop.

    Elle est sans doute l’une des plus agréables étapes de votre séjour dans le Péloponnèse.

    Nauplie compte trois curiosités principales : la forteresse Palamède, la citadelle d’Acronauplie et un petit musée.

    img040.jpg

    espace-soleil-00025-copie-1.gif  


    2 commentaires
  • Epidaure dans l’histoire

     

    Image2-copie-2.gif   Asclépios, dieu-guérisseur, naquit des amours d’Apollon et de Coronis, une fille de roi. Mais la jeune femme s’éprit d’un obscur mortel d’où le courroux d’Artémis, qui la tua et vengea ainsi l’affront subi par son frère. Apollon, pris de remords, voulut néanmoins sauver l’enfant et l’abandonna dans la forêt d’Epidaure. Recueilli par un berger, puis initié aux vertus des plantes médicinales par Chiron – le bon centaure du mont Pélion -, Asclépios passait pour soulager n’importe quelle maladie et même ressusciter les morts. Zeus, irrité de son trop grand pouvoir, le frappa de sa foudre.

    Le culte d’Asclépios prit sa source naturellement à Epidaure et se propagea à Athènes, à Pergame, en Crète et à Rome, sous le nom d’Esculape. La prospérité du sanctuaire commença dès le VIe s. pour connaître son apogée à l’époque classique. Des fêtes – les Asclépéia -, des jeux panhelléniques, des concours de rhapsodes y étaient organisés. Les malades, venus d’un peu partout dans le monde antique, accouraient à Epidaure.

     

    Rivalisant assez bien avec la montée du christianisme du fait sans doute de son caractère profondément humain, le culte d’Asclépios demeura vivant jusqu’au règne de Théodose II, qui l’interdit au début du Ve s.

     

     

     

     

     

    A 30 km à l’est de Nauplie. Au box-office des sites antiques du Péloponnèse les plus visités, Epidaure occupe la première place aux côtés d’Olympie et de Mycènes. Ce succès, le sanctuaire d’Asclépios le doit autant à son fabuleux théâtre qu’à son site lui-même, dans une belle campagne solitaire plantée de bois de pins.

     

     

     

    img038.jpg   Le théâtre d’Epidaure n’a pas son pareil en Grèce et en Asie Mineure. Même ceux d’Ephèse en Turquie ou de Dodone en Epire ne peuvent rivaliser avec lui. Construit au IVe s. avant J.C. par Polyclète le Jeune et presque intact, il pouvait accueillir – et accueille toujours lors du festival environ 14 000 spectateurs. En montant en haut des gradins qui épousent les flancs du mont Kynortion, la vue est magnifique sur la campagne environnante et l’on écoute les expériences acoustiques auxquelles se livrent sans cesse les groupes.

    rome006.gif


    votre commentaire
  • Le Péloponnèse

     

    Ce gant à quatre doigts est conçu de régions bien différentes :

     

    Argolide, Arcadie, Laconie, Achaïe, Elide, Magne…

     

     

     

     

    La Corinthie, première région du Péloponnèse que vous abordez en venant d’Athènes, séduit plus particulièrement les passionnés d’archéologie.

     

    A 2 km du canal de Corinthe et à 87 km à l’ouest d’Athènes. Corinthe moderne, entièrement reconstruite après le séisme de 1928, n’est pas franchement attirante.

     

    Corinthe dans l’histoire

     

    Image1-copie-1.gif   Selon la légende, l’un de ses rois fut Sisyphe. Pour avoir révélé un secret de Zeus, il fut condamné à rouler éternellement une pierre jusqu’au haut d’une montagne. Son fils, Bellérophon, fut plus chanceux : il s’empara de Pégase (le cheval ailé né du sang de Méduse), alors qu’il buvait tranquillement à la fontaine de Pirène, et s’en alla tuer Chimère. Mais Bellérophon s’attira lui aussi la colère des dieux quand son orgueil le poussa à s’élever dans l’Olympe.

     

    A mi-chemin, Pégas refusa d’aller plus loin et désarçonna son cavalier. Le site fut habité très tôt (IVe millénaire) en raison de la présence de sources et d’une forteresse naturelle que constituait l’Acrocorinthe. Mais la fondation proprement dite intervint seulement v. 1000 av. J.C., après les invasions doriennes. L’ancienne Ephyre devenue ensuite Corinthos (le frère du conquérant ionien Sicyon) se dota au départ d’une monarchie, puis d’une sorte de république aristocratique (VIIIe s av. J.C.).

     

    Entre 657 et 584 av. J.C., la ville fut gouvernée par les tyrans Kypsélos et son fils Périandre. De cette époque date le développement des colonies corinthiennes de Corfou, Syracuse et Potidée (en Macédoine), fondées un siècle plus tôt.

     

    A la chute de la tyrannie, un sénat saisit la direction des affaires, mais le caractère aristocratique du pouvoir mit souvent la cité de Corinthe en conflit avec Athènes et la poussa à s’allier avec Sparte. Ses querelles avec Corcyre (Corfou) fournirent ensuite le prétexte à la guerre du Péloponnèse (431 – 404 av. J.C.) à l’issue de laquelle la tutelle oppressante de Lacédémone la fit adhérer au parti adverse constitué par Argos, Thèbes et Athènes (guerre de Corinthe, 295 – 387 av. J.C.). Soumise à Philippe puis à Alexandre le Grand, délivrée ensuite de ses occupants macédoniens par Aratus en 224 av. J.C., elle intégra la ligue Achéenne dont elle devint le siège (196 av. J.C.). Riche et turbulente, Corinthe fut prise et incendiée par le consul romain Mummius (146 av. J.C.) puis rebâtie sous Jules César en 44 av. J.C.. Elle retrouva ainsi une prospérité de près de trois siècles où elle devint l’une des plus belles villes de la Grèce romaine, notamment sous Hadrien. Tout en critiquant ses mœurs dissolues, Saint Paul y fonda une église vivante et la visita à plusieurs reprises. Corinthe ne se releva pas des pillages successifs des Hérules (IIIe s.), des Goths (IVe s.) et des Slaves (VIIIe s.). Seule la forteresse de l’Acrocorinthe suscita ensuite des convoitises et passa aux Byzantins, aux Vénitiens et aux Turcs avant d’être libérée en 1821.

    Le canal de Corinthe

    img037a.jpg   Long de 7 km et large de 20 m, cette étroite tranchée – la « rigole », comme l’appellent les Grecs – fait du Péloponnèse une île. L’endroit est impressionnant, surtout lorsqu’un bateau passe entre ses parois comme coupées au couteau…

     

    L’idée d’épargner aux navires les dangers du cap Matapan, au sud du Péloponnèse, et de réduire le trajet du Pirée à l’Adriatique, remonte aux VIIe-VIe s. av. J.C.. Mais les interdits religieux (on ne peut pas changer impunément l’ordre de la nature) et des incapacités techniques en reportèrent la réalisation jusqu’au temps de Néron. L’empereur romain commença les travaux en employant 10 000 prisonniers de guerre mais les abandonna en raison des efforts gigantesques qu’ils représentaient. Le chantier fut repris par une compagnie française en 1882 par le spécialiste du genre, Ferdinand de Lesseps, interrompu par une faillite frauduleuse … sur le canal de Panama et achevé par une société grecque en 1893.

     

    Dans l’Antiquité, les embarcations étaient hissées sur des chariots dont les roues étaient guidées par des rainures creusées dans les dalles de pierre de la piste. On en voit encore des traces de part et d’autre du pont.

    image22.gif  


    votre commentaire
  • Un guerrier hors du commun.

     

     

    Parce que l’enfant qu’elle doit porter deviendra plus puissant que son père, la Nymphe marine Thétis, aimée de Zeus et de Poséidon, est donnée en mariage au mortel Pélée. Ainsi naît Achille, descendant des dieux et valeureux héros de la guerre de Troie. Sans lui, les grecs ne pourraient conquérir l’orgueilleuse cité d’Asie Mineure. Son courage et ses exploits le distinguent lors du siège, mais son impétuosité et ses colères coûtent la vie à son fidèle compagnon Patrocle.

     

    Aux abords de Troie, Achille tue des fils de Poséidon

     

    Réputé invincible : il l’étrangle avec la courroie de son casque. Puis, comme Troie résiste au siège et aux assauts des grecs, Achille emmène l’armée grecque saccager douze villes voisines. Il ramène la belle captive Briséis de ces pillages. Or pour apaiser Apollon, qui a envoyé la peste sur l’armée grecque, le roi Agamemnon doit rendre Chryséis, fille du prêtre du dieu Toutefois, il n’est prêt à céder qu’en échange d’une autre prisonnière, Briséis.

     

    Furieux, Achille quitte le combat, privant les grecs de sa force

     

    Et redonnant courage aux troyens. Mais Patrocle, voyant que les grecs risquent leur vie pour défendre leurs bateaux, supplie Achille de lui prêter son armure pour leur porter secours. Patrocle combat farouchement, mais est tué par Hector qui le dépouille de l’armure de son ami. Achille jure alors de tuer Hector et reprend le combat. Après avoir repoussé les troyens dans la ville, Achille demeure seul face à Hector.

     

    Achille vainc son rival, puis refuse d’en rendre le corps

     

    Il faut que le roi Priam, père d’Hector, vienne le supplier et que sa propre mère, Thétis, le persuade par de douces paroles pour qu’il accepte de restituer la dépouille. Il poursuit le combat contre Troie et tue la reine des Amazones, Penthésilée, venue au secours des troyens. Un autre allié de Troie, l’éthiopien Memnon, fils de la déesse Aurore, tombe lui aussi sous les coups du héros grec.

     

    Pourtant, alors qu’il repousse les troyens, une flèche décochée par Pâris

     

    Et guidée par Apollon le blesse mortellement en atteignant son seul point vulnérable : le talon. Son corps est ramené par Ajax et on le pleure durant dix-sept jours. Il est ensuite brûlé et ses cendres déposées dans une urne d’or fabriquée par Héphaïstos. Ses restes sont unis à ceux de Patrocle et gardés dans un tombeau près de la mer. Les ombres d’Achille et de Patrocle partent vivre sur l’île blanche de leucè, lieu de félicitée pour les héros.

    Image64.gif

    4 commentaires
  • Ulysse est l’un des héros grecs les plus populaires de l’Antiquité. Il est courageux, mais aussi rusé et intelligent. Ses exploits durant la guerre de Troie sont contés par le poète Homère dans la longue épopée de l’Iliade et son retour en Grèce dans l’Odyssée.

     

    Quelle est l’origine de la guerre de Troie ?

     

    Aphrodite a promis au troyen Pâris l’amour de la belle Hélène, qui est la femme du roi grec Ménélas. Pâris enlève donc la jeune femme. Les grecs sont furieux. Comme tous les anciens prétendants d’Hélène ont juré de lui porter secours en cas de danger, ils forment une armée et partent faire le siège de la cité de Troie pour ramener la belle en Grèce.

    Ulysse est l’un d’eux et, bien qu’il ait longtemps hésité à laisser seuls sa femme Pénélope et son fils Télémaque, il embarque.

     

    Le cheval de Troie

     

    Image57.gif   Les grecs partent en bateau jusqu’à Troie, sur la côte de l’Asie, et organisent le siège de la cité. Mais les troyens ne veulent pas se rendre, et la guerre va durer dix ans. Elle est autant l’affaire des dieux que celle des mortels : Héra et Athéna défendent les grecs ; Aphrodite, les troyens. C’est Ulysse, inspiré par Athéna, qui imagine la ruse décisive : il fait construire un immense cheval de bois dans lequel il se cache avec quelques guerriers grecs, tandis que les autres font semblant d’abandonner le siège. Les troyens, intrigués, font entrer le cheval dans leur cité. La nuit venue, Ulysse en sort le premier, suivi de ses compagnons. Ils ouvrent alors les portes de Troie au reste de l’armée grecque qui prend la ville et libère Hélène.

     

    Un retour éprouvant

     

    Image58.gif   Après cette victoire difficile, les grecs peuvent enfin rentrer chez eux. Ulysse souhaite revenir au plus vite dans son royaume, sur l’île d’Ithaque, où l’attendent sa femme et son fils depuis dix ans déjà. Malheureusement, les dieux outragés envoient tempête sur tempête à ces guerriers, qui, en pillant Troie, les ont offensés.

     

    L’île des cyclopes

     

    Image59.gif   Ulysse arrive un jour sur une île inconnue qu’il part explorer avec ses compagnons. Ils découvrent une grotte habitée et s’installent pour attendre son propriétaire. Quand celui-ci revient, ils sont terrorisés ! C’est un cyclope, géant à l’œil unique ! Ce monstre s’appelle Polyphème, il est berger.

    Image60.gif Dès que ses moutons sont rentrés, il bouche alors l’ouverture de la grotte avec un énorme rocher et aperçoit les grecs. Il en dévore deux tout de suite, puis deux autres pendant la nuit. Ulysse doit sauver ceux qui restent : il verse tant de vin au géant que le cyclope devient ivre. Ulysse en profite pour lui enfoncer un pieu dans l’œil et les grecs réussissent à s’enfuir accrochés au ventre des moutons quand le géant les fait sortir.

     

    Ulysse chez Circé la magicienne

     

    Avec cette aventure, Ulysse s’est attiré la colère du dieu de la mer Poséidon, le père de Polyphème. Le dieu déchaîne les flots, qui mènent Ulysse auprès de la magicienne Circé. Elle invite les grecs chez elle, leur offre une boisson qui donne l’oubli puis les transforme en porcs.

    Ulysse, prévenu par un de ses compagnons, oblige Circé à redonner à ses amis leur forme humaine.

     

    Le chant des sirènes

     

    Image61.gif Les grecs passent bientôt près de l’île des sirènes, des créatures à tête de femme et à corps d’oiseau qui chantent pour attirer les marins dans la mer et les dévorer ensuite.

    Ulysse bouche les oreilles des rameurs avec de la cire et leur demande de l’attacher au mât du bateau. Grâce à ce stratagème, il a le privilège d’entendre le chant des sirènes sans en mourir !

     

    Enfin Ithaque !

     

    Seul, épuisé, Ulysse aborde enfin les rivages de son île. Sa femme, Pénélope, l’a attendu pendant vingt ans ! A tous ceux qui ont tenté de la séduire, elle répondait : « je choisirai un nouveau mari lorsque j’aurai terminé de tisser ce linceul ». Et, chaque nuit, elle défaisait ce qu’elle avait tissé le jour, pour que l’ouvrage ne soit jamais fini. Sa patience est récompensé lorsqu’elle voit revenir son mari saint sauf. 

    Image62.gif

     

     

     

     

     

     

     

     
    Nous connaissons surtout la guerre de Troie à travers les longs poèmes épiques d’Homère, l’Iliade et l’Odyssée, mais aussi grâce à l’Enéide de Virgile. Elle se serait déroulée au XIIème siècle avant notre ère et aurait opposé les anciennes populations grecques de la région de Mycènes, les Achéens, à celles installées sur le côte d’Asie Mineure, dans la région de Troie, les Eoliens. Selon la légende, les grecs assiègent Troie durant dix ans et finissent par être vainqueurs grâce à l’ingéniosité d’Ulysse et l’arbitrage favorable des dieux.

     

    Si la guerre de Troie à quelque fondement historique

     

    Son récit possède tous les caractères d’une légende. A l’origine, il y a le jugement de Pâris. Sollicité pour arbitrer un concours de beauté entre les déesses Héra, Athéna et Aphrodite, le jeune prince troyen choisit cette dernière. Aphrodite lui offre en récompense l’amour de la belle Hélène, l’épouse du roi Ménélas. L’enlèvement de la reine rend inévitable la guerre entre troyens et achéens (ou grecs).

     

    Les achéens embarquent pour Troie

     

    Et assiègent la ville, mais ils savent que sans Achille, ils ne parviendront pas à vaincre. Inquiète, Thétis, la mère d’Achille, l’envoie chez Lycomède, roi de Scyros, qui le déguise en fille et l’enferme dans le gynécée, le quartier des femmes, jusqu’à ce qu’Ulysse vienne le débusquer. Achille s’empresse alors de rejoindre les siens au front. Vaillant au combat, il s’illustre par une légendaire colère, abandonne les siens à leur sort, puis reprend les armes pour venger la mort de son ami Patrocle, en tant le héros troyen Hector.

     

    Le siège de Troie s’éternise

     

    Et l’armée grecque semble incapable d’emporter la victoire. Une fois encore, Ulysse vole à son secours. Grâce au stratagème imaginé par le héros, les troyens, malgré les funestes prédictions de Cassandra, laissent entrer dans leurs murs un immense cheval de bois que l’armée grecque semble avoir abandonné, mais dans lequel sont cachés des centaines de guerriers.

     

    La ville de Troie est incendiée, saccagée

     

    Et sa population massacrée ou réduite en esclavage. Les grecs rentrent chez eux en héros, emportant captifs et captives. Le voyage de retour est, beaucoup, long et difficile. Ulysse, par exemple, ne rejoindra Ithaque que dis ans plus tard. 

    espace-soleil-00026.gif

     

    Un complément :

     

    "Les aventures d’Ulysse

    Ulysse (...) fit le récit des mésa­ventures qu'il avait rencontrées depuis son départ de Troie :

    1. Les Cicones


    « Après notre départ de Troie, le vent me porta, tout d'abord, chez les Cicones* où de nombreux compagnons périrent dans d'horribles combats. Après notre victoire, j'avais donné l'ordre à mes hommes de fuir, mais ceux-ci voulurent profiter du pillage. Très vite, des renforts ennemis arri­vèrent et de nombreux guerriers furent tués. Je repris la mer rapidement, avec quelques compa­gnons, contents d'avoir échappé à la mort mais accablés d'avoir perdu beaucoup des nôtres. Nous repartîmes sur les flots tumultueux en direction d'Ithaque, mais le destin nous réservait encore bien d'autres périls.

    2. Les Lotophages









    « Une tempête se leva ; elle brisa une partie des mâts et déchira la voilure. Nos navires dérivèrent pendant neuf jours. Puis nous abordâmes sur l'île des Lotophages*. Les Lotophages sont un peuple curieux. Il se nourrît de la fleur de lotus, qui a le pouvoir de donner l'oubli. Après quelques jours passés dans cette île, je dus attacher certains de mes hommes qui avaient goûté à cette plante ans bancs de la nef et les forcer à embarquer car ils étaient près d'oublier leurs demeures et leur patrie.

    3. Le cyclope






    « Une aventure plus périlleuse encore nous attendait dans l'île des Cyclopes*. (....)Nous parvînmes à la grotte de l'un des Cyclopes qui seul à l'écart prenait soin de son troupeau. (...). Nous entrâmes pour explorer ses richesses. (...) « Nous attendions, dans son antre son retour et celui du troupeau. Quand il revint du pâturage, nous nous cachâmes, épouvantés par le fracas de sa marche, dans le fond de la grotte. « II poussa dans la caverne toutes les brebis qu'il devait traire et laissa dehors les béliers et les boucs, dans un enclos. Puis il souleva un énorme bloc de pierre et le plaça contre l'entrée. Nous fûmes, alors, enfermés avec lui pour la nuit « Le Cyclope géant s'assit et commença de traire les brebis et les chèvres bêlantes ; puis il versa le lait dans les vases pour son repas du soir. Enfin, en se dirigeant vers le fond de l'antre pour allumer du feu, il nous vit. (...) je lui demandai, au nom des dieux, l'hospitalité. Il nous répondit alors : « "Etrangers insensés, je ne vous offrirai pas l'hospitalité au nom des dieux, car les Cyclopes se moquent bien des dieux, ils sont beaucoup plus forts qu'eux. Je vous mangerai plutôt et Je n'épar­gnerai aucun de vous."

    (...)Il  se jeta sur mes compagnons, en saisit deux et les écrasa contre terre comme des petits chiens. Et, les coupant membre à membre, il prépara son repas. Il les dévora (.....)« Au matin, le Cyclope saisit, à nouveau, deux de mes compagnons et prépara son repas. Dès qu'il eut mangé, il emmena paître son troupeau sur la montagne. Et je restai, méditant une action terrible et cherchant comment nous venger avec l'aide d'Athéna. « La grande massue du Cyclope gisait au milieu de l'enclos. C'était un véritable tronc d'olivier, gros comme le mât d'une de nos nefs. Je taillai le bout de l'épieu en pointe (...). Le soir, le Cyclope revint, il poussa ses troupeaux dans la vaste caverne, ferma l'entrée avec l'énorme pierre, et se remit à traire les brebis et les chèvres bêlantes. Puis il plaça chaque petit sous sa mère. Ayant achevé ce travail à la hâte, il dévora de nouveau deux de mes hommes et prépara son repas. Alors je lui proposai, après qu'il eut mangé, de goûter au vin que nous portions dans nos outres. Quand il l'eut goûté, il m'en redemanda encore. Il l'apprécia tant qu'il en but trois fois. Et lorsque le vin eut troublé son esprit, il me demanda mon nom afin de me récompenser pour ce nectar. Je lui répondis ainsi :« "Cyclope, tu me demandes mon nom. Je vais te le dire et tu me donneras ta récompense. Mon nom est Personne. Mon père et ma mère, et tous mes compagnons me nomment Personne,"

     Le monstre poursuivit :

     "Eh bien, je mangerai Personne après tous ses compagnons. Ceci sera la récompense que je lui réserverai."

     II parla ainsi, et il tomba à la renverse, gisant, emporté par le sommeil et l'ivresse. Aussitôt, je mis l'épieu sous la cendre pour l'échauffer et rassurai mes compagnons épouvantés pour qu'ils ne m'abandonnent pas. À ce moment-là, un dieu nous inspira un grand courage et, ayant saisi l'épieu par le bout, nous l'enfon­çâmes dans l'œil du Cyclope.  Le sang chaud gicla de son œil, et la vapeur de sa pupille en feu brûla paupière et sourcil. Le monstre hurla horriblement et les rochers en retentirent. Nous nous enfuîmes terrorisés. Le géant réussit à arracher l'épieu et appela les Cyclopes qui habitaient les cavernes voisines. Accourant de tous côtés, ils lui demandèrent pourquoi il se plaignait et qui tentait de le tuer.  Le monstre leur répondit :

    " mes amis, qui tente de me tuer ? Per­sonne."

     Les autres Cyclopes remarquèrent :

    "Si tu es seul et si personne ne te fait violence, alors nous ne pouvons rien pour toi. Tu n'as qu'à faire appel à un dieu."

     Et Je ris de voir comment mon nom et ma ruse les avaient trompés. Cependant, nous n'étions pas encore sortis de la caverne. Le Cyclope gémissait, et souffrait de cruelles douleurs, mais à tâtons, il retira le rocher de l'entrée et s'assit dans le passage. Il étendit les bras, essayant d'attraper ceux qui voudraient sortir avec les brebis. Mais j'étais plus habile et je méditai un nouveau tour. Un grand danger nous menaçait et je réfléchissais à sauver la vie de mes compagnons et la mienne.

     Les béliers étaient forts et laineux, d'une laine couleur violette. Je les attachai par trois ; celui du milieu portait un homme attaché sur le ventre et les deux autres, de chaque côté, le cachaient. Pour moi, je choisis un bélier, le plus grand de tous. Je le tenais par le dos, suspendu sous son ventre, et je saisis fortement de mes mains l'épaisse toison.

    Lorsque l'aurore aux doigts de rosé parut, le Cyclope, aveugle désormais, poussa les mâles des troupeaux au pâturage. Il tâta, au passage, le dos de tous les béliers, ne s'apercevant point que mes compagnons étaient liés sous le ventre des ani­maux laineux. Le Cyclope était étonné que le bélier fût le dernier à sortir, et il le poussa dehors, me libérant ainsi de la grotte sans le vouloir. Lorsque nous fûmes loin de lui, je détachai mes hommes et nous poussâmes le troupeau jusqu'à notre navire »

     

    4. Dans l’île d’Eole.


    Ulysse et ses compagnons firent étape sur l'île du dieu Eole*. Celui-ci, très bienveillant, leur fut d'un très grand secours. Eole, qui vivait dans l'île, avec ses six filles et ses six fils, les accueillit pendant tout un mois et les traita avec obligeance. Sa table était toujours chargée de douceurs innom­brables. Quand vint le moment du départ, il fit présent à Ulysse d'une outre, faite de la peau d'un bœuf de neuf ans, dans laquelle il enferma le souffle des vents tempétueux qui provoquent les naufrages. Éole, en effet, était le maître des Vents et il avait le pouvoir de les lever ou de les apaiser à sa volonté. Il attacha solidement cette outre, avec une splendide corde d'argent, au navire d'Ulysse, afin qu'il n'en sortît aucun souffle. Il envoya seule­ment le zéphyr pour conduire calmement l'équi­page vers la terre de leur patrie.

    Cependant, le destin en décida tout autrement. (...) Ulysse s'était endormi ; ses compagnons en profitèrent pour se concerter. L'outre bien fermée et bien atta­chée par le dieu Eole ne contenait-elle pas de l'or ou de l'argent ? Ils se sentaient jaloux d'Ulysse, eux qui rentraient dans leurs demeures les mains vides. Ils ouvrirent l'outre et, aussitôt, tous les vents s'en échappèrent. Et la tempête furieuse se leva, les emportant sur la mer, loin de la terre de

    leur patrie. (...)

    5. chez Circé


    ils naviguaient, désespérés, regrettant leur propre folie, lorsqu'ils abordèrent l'île de la magicienne Circé.(...). L'île était petite ; ils trouvèrent rapidement, au fond d'une vallée, la demeure de Circé. Ils furent accueillis par des loups et des lions qui leur firent fête en agitant la queue, comme de braves chiens. Effrayés, les envoyés d'Ulysse s'arrêtèrent devant les portes de la magicienne. Us entendirent de loin sa voix mélodieuse, car elle chantait en tissant et tous les murs résonnaient de sa très belle voix.

    Ils appelèrent. La magicienne sortit et les invita aussitôt dans sa maison, leur ouvrant ses belles portes. Tous furent imprudents et la suivirent, sauf un des hommes qui resta seul dehors, ayant soup­çonné quelque piège.(...) Imprudemment, ils burent et mangèrent ce qu'elle leur offrait. Alors, la magicienne les frappa d'une baguette magique et, aussitôt, ils furent transformés en porcs. Elle les poussa de sa baguette dans la porcherie et les enferma. (...)Heureusement, l'homme qui n'était pas entré dans la demeure de Circé put aller prévenir Ulysse et lui décrire le sort terrible de ses compagnons. (...) Ulysse décida de se rendre seul à la demeure de l'empoisonneuse Circé. En chemin, il rencontra le dieu Hermès à la baguette d'or, (...). Le Jeune dieu lui prit la main et lui dit : « Malheureux Ulysse, si tu veux délivrer tes compagnons de Circé, tu n'y réussiras pas seul car tu risques d'être transformé toi aussi en cochon- Mais Je vais te venir en aide. Prends ce breuvage excellent avant d'approcher de ]a maison de la déesse»(......) Tandis qu'Ulysse marchait vers la demeure de Circé, mille pensées bouillonnaient dans sa tête. Une fois devant la porte, courageux et confiant, il appela la magicienne. Elle sortit aussitôt et, ouvrant ses belles portes, elle l'invita. Elle le pria de s'asseoir et, aussitôt, elle prépara dans une coupe d'or un breuvage. Elle y mêla le poison. Tandis qu'il buvait, elle le frappa une première fois de sa baguette magique, prête à le voir se transformer en cochon, comme ses compagnons. Mais, Ulysse, protégé par le remède d'Hermès, fit ce que le dieu lui avait dit. Il se Jeta sur la déesse, et brandit son épée, comme s'il voulait la tuer. Circé, devinant qui était cet homme, l'invita à s'étendre avec elle sur sa couche et à devenir son amant. Ulysse, prévenu par le dieu Hermès, resta pru­dent et rusé. Il fit jurer à la magicienne qu'elle ne lui ferait aucun mal et qu'elle ne chercherait à lui tendre aucun piège lorsqu'il serait allongé à son coté. Circé fit alors préparer, dans le plus grand luxe, par ses servantes, le lit et le repas. Mais lorsqu'elle vit qu'Ulysse restait assis sans manger et plein de tristesse, elle lui en demanda la cause. Et Ulysse lut répondit qu'il ne lui suffisait pas d'être sain et sauf et comblé, mais qu'il désirait aussi qu'elle délivre ses compagnons.Dès qu'il eut parlé ainsi, Circé sortit de sa mai­son, sa baguette magique à la main. Elle ouvrit les portes de la porcherie et fit sortir les hommes d'Ulysse, semblables à des porcs de neuf ans. Elle frotta chacun d'eux d'un baume et, aussitôt, leurs soies tombèrent ; ils redevinrent des hommes plus Jeunes et plus grands qu'auparavant. Reconnais­sant Ulysse, ils pleuraient de joie et la demeure retentit de leurs sanglots.

    La magicienne, elle-même, fut prise de pitié et les invita à séjourner dans sa demeure aussi long­temps qu'il leur plairait. (...) Ulysse et ses compagnons restèrent là toute une année, mangeant les chairs abondantes et buvant le doux vin.

    Mais, à la fin de l'année, (...) Ulysse sup­plia la magicienne de favoriser son retour. Il eut le cœur brisé et sanglota longtemps lorsque Circé lui annonça qu'il devrait d'abord accomplir un long voyage au royaume des morts avant d'atteindre son pays. Il irait y consulter le devin aveugle Tirésias, pour connaître le chemin du retour.

     

     

    6. Le pays des morts


    Là, ils découvrirent un pays couvert d'un voile de brouillard, où jamais le soleil ne fai­sait descendre ses rayons. Ils échouèrent le bateau, sortirent le bétail et longèrent les eaux de l'océan jusqu'à l'endroit prévu. Une fois parvenu dans la contrée que lui avait indiquée Circé, Ulysse exécuta ce que la magicienne lui avait ordonné. (...) Enfin l'âme de Tirésias s'approcha d'Ulysse tenant un sceptre d'or, et le reconnut. Tirésias but dans la fosse le sang des sacrifices et lui par ainsi: « Tu désires un doux retour, Ulysse, mais un dieu te le rendra pénible. Poséidon est irrité contre toi parce que tu as aveuglé son fils, le  Cyclope. Tu subiras de nombreuses épreuves en mer, dont tu échapperas seul, car tous tes compagnons mourront. Tu échapperas seul, et tu reviendras, misérablement, ayant perdu ton navire et tes compagnons, sur une nef étrangère. Tu trouveras le malheur dans ta maison. Des hommes orgueilleux et arrogants consument tes richesses, cherchant à épouser la femme et lut offrant des  présents en ruinant ta demeure par leurs rapines1. Mais tu te vengeras et tu les puniras de leurs outrages. «Je te prédis, enfin, une heureuse vieillesse et le bonheur pour ton peuple. Puis la douce mort te viendra de la mer. »

    7. les sirènes


    (....)  Lorsque l'aube aux doigts de rosé parut, nous repartîmes sur les flots dangereux. Après avoir navigué quelques jours, nous approchâmes de l'île des sirènes. Les sirènes sont des créatures dan­gereuses, envoûtant les navigateurs par leur chant et les entraînant dans la mort. Pour échapper à leur charme maléfique, je fis ce que la magicienne m'avait dit : je bouchai les oreilles de mes compa­gnons avec de la cire molle de peur qu'ils n'entendent le chant des sirènes. Et je leur deman­dai de lier mes pieds et mes mains au mât de la nef. Puis les hommes frappèrent de leurs avirons la mer écumeuse. Lorsque les sirènes nous aperçurent, elles ten­tèrent de nous charmer par leur voix mélodieuse.

     "Viens, ô Ulysse, chantaient-elles, arrête ton navire, afin d'écouter notre voix. Aucun homme ne dépasse notre île sur sa nef noire sans écouter notre douce voix ; puis il s'éloigne plein de joie, et de connaissances car nous savons tout ce qui arrive sur la terre nourricière-'1

     Elles chantaient ainsi, faisant résonner leur belle voix et mon cœur battait dans ma poitrine car je voulais les entendre. Je fis signe à mes compagnons de me détacher, mais, selon les ordres de Circé, ils agitèrent plus ardemment leurs avirons et deux d'entre eux me chargèrent de liens plus solides encore. Lorsque nous eûmes dépassé le rocher des sirènes et que nous n'entendîmes plus leur voix, ni leur chant, mes compagnons retirèrent la cire de leurs oreilles et me détachèrent. Mais à peine avions-nous laissé l'île derrière nous qu'un nou­veau péril nous attendait.

    8.Charybde et Scylla


    Nous vîmes de la fumée s'élever d'un rocher, des tourbillons et des vagues, et nous entendîmes un grondement immense. Frappés de crainte, mes compagnons lâchèrent les avirons de leurs mains ; le courant commençait à emporter la nef. Je les exhortai à reprendre la route et je leur rappelai les périls bien plus graves qu'ils avaient connus. Je ne leur dis pas, cependant, qu'ils se dirigeaient vers un des écueils dangereux décrits par la magi­cienne, de peur qu'épouvantés, ils n'abandonnent les avirons pour se cacher dans le fond du bateau.

     Nous venions en effet de dépasser le terrible rocher de Charybde*, qui engloutissait l'eau et la recrachait en bouillonnant et en mugissant. Nous pensions avoir échappé à la mort, mais apparut alors l'horrible écueil de Scylla* qui, selon les pré- dictions de Circé, entraînerait dans la mort plu­sieurs de mes compagnons. L'horrible Scylla arra­cha six marins de la nef et les dévora immédiatement. J'entendis leurs cris et vis leurs mains tendues. Ce fut l'image la plus terrible que t'ai rapportée de toutes mes aventures périlleuses sur la mer. Us m'appelaient encore, criant mon nom pour la dernière fois avec désespoir. Je ne pouvais cependant pas les distinguer car la vapeur, des vagues immenses et du brouillard s'étaient répandus.

    9. l’île d’Hélios

     Lorsque nous eûmes fui les deux écueils dan­gereux de Charybde et Scylla, nous abordâmes dans l'île du dieu Hélios*. Dans cette île, , vivaient de superbes bœufs et troupeaux de moutons. Alors que nous étions encore en mer, sur la nef noire, nous enten­dîmes leurs mugissements et leurs bêlements. Mais la parole du devin aveugle Tirésias et de la magicienne Circé me revint en mémoire. Et tris­tement j'appris à mes compagnons ce que m'avaient dit Tirésias et Circé, car ils avaient pré­dit un grand malheur si nous pénétrions dans cette île. Les hommes de l'équipage étaient accablés de fatigue mais l'un d'eux me répondit :

     "Tu es dur pour nous, ô Ulysse. Ta force est grande et tes membres ne sont jamais fatigués, et tout te semble de fer. Tu ne veux pas que tes com­pagnons, rompus de fatigue et de sommeil, des­cendent à terre, dans cette île où nous aurions pris un repas abondant. Et tu ordonnes que nous errions à l'aventure, pendant toute la nuit, sur la sombre mer ! Mais nous courons à la mort. Arrê­tons-nous donc et préparons notre repas auprès de la nef rapide. Nous y remonterons demain, au matin, et nous reprendrons la course sur la vaste mer." (...) le vent souffla durant tout un mois. Aussi long­temps que les hommes eurent du pain et du vin rouge, ils s'abstinrent des bœufs qu'ils désiraient vivement. Et quand les vivres furent épuisés, ils furent contraints de pêcher les poissons de la mer et d'attraper les oiseaux qui tombaient entre leurs mains. Pendant tout ce long mois, la faim tour­menta leur ventre.C'est alors que je partis seul pour supplier les dieux et leur demander de nous montrer le chemin du retour. Je m'enfonçai dans l'île, laissant mes compagnons auprès de la nef. Je lavai mes mains à l'abri du vent et je priai tous les dieux de l'Olympe. En réponse, les dieux répandirent un doux sommeil sur mes paupières. Un des hommes de l'équipage inspira à mes compagnons une idée fatale : plutôt que de mou­rir de faim dans cette île déserte, il leur suggéra qu'il serait préférable d'affronter les flots et les périls que leur enverraient les dieux. Ses paroles soulevèrent l'enthousiasme des hommes qui l'applaudirent. Et, aussitôt, ils volèrent les meilleurs bœufs du dieu Hélios qui paissaient non loin du navire. Ils les sacrifièrent aux dieux immortels et, aussitôt après avoir prié, ils rôtirent les cuisses grasses et les entrailles des bœufs.  Le doux sommeil quitta mes paupières. Je me levai, pressé de retrouver la nef et mes compa­gnons. Lorsque Je m'approchai du port, Je sentis une douce odeur de viande rôtie. En gémissant, je compris le grand malheur qui allait s'abattre sur mes hommes et je priai les dieux immortels de les épargner. Je leur fis des reproches violents mais il était trop tard pour remédier à leur faute, les bœufs étaient morts et les dieux manifestaient déjà leur colère par des prodiges terribles ; les peaux ram­paient comme des serpents, les chairs mugissaient autour des broches, cuites ou crues ; on eût dit la voix des bœufs eux-mêmes. Nous poussâmes aussitôt la nef à la mer. Mais, dès que nous eûmes déployé les voiles et quitté l'île, les dieux abattirent sur nous une série de catastrophes auxquelles il nous était impossible d'échapper. Une nuée épaisse enveloppa la nef et, au-dessous, la mer devint noire. La tempête rom­pit îes deux étais' du mât qui tomba dans le fond du navire avec tous les haubans1. Il fracassa la poupe, brisant tous les os de la tête du pilote qui tomba à l'eau, semblable à un plongeur. Quelques instants après, la foudre frappa la nef qui tour­billonna et s'emplit d'eau. Tous les hommes furent précipités à la mer. Semblables à des corneilles marines, ils furent engloutis par les hautes vagues et aucun dieu ne leur permit d'échapper à la mort.

    10. chez Calypso

    Je restai seul debout sur le bateau, que les flots emportaient à leur gré. Le mât rompu, je dérivai par la force des vents. Il ne me restait plus que mes mains pour avirons et je fus entraîné ainsi pendant neuf jours. La dixième nuit, les dieux me poussèrent vers Calypso qui me recueillit et me retînt dans son île. Et maintenant me voici parmi vous. »"

     


    88 commentaires
  • Le merveilleux périple du roi d’Ithaque.

     

     

    L’Odyssée est un long poème d’Homère, datant du IXème  ou du VIIIème siècle avant J.C., qui narre le retour du roi Ulysse (en grec Odysseus, en latin Ulixes) vers Ithaque, son île natale, après la guerre de Troie. Cette épopée fait l’apologie, à travers la figure d’Ulysse, personnage à la fois rusé et téméraire, d’un peuple grec aventureux qui sait s’adapter à toutes les situations et porte en lui les germes d’une brillante civilisation.

     

    Ulysse, pour avoir attiré sur lui la colère de Poséidon, met dix ans à rentrer chez lui, après un voyage plein d’aventures et de péripéties fantastiques. Alors qu’il combat nombre d’ennemis et déjoue non sans mal les pièges que n’hésitent pas à lui tendre les monstres et les dieux hostiles, Pénélope, sa femme guette patiemment son retour.

     

    Quand Ulysse regagnera-t-il Ithaque où sa famille l’attend ?

     

    Pendant l’absence d’Ulysse, son fils Télémaque est sous la tutelle du vieux Mentor (dont le nom est passé dans le langage courant). Adolescent, il tente de faire face aux prétendants à la couronne du royaume d’Ithaque. Au nombre de cent huit, ils imposent leur présence au palais dont ils dilapidaient les richesses. Pénélope promet de choisir parmi eux celui qui remplacera son mari disparu lorsqu’elle aura fini de tisser un linceul pour son beau-père Laërte. Afin de retarder l’échéance, elle défait chaque nuit le travail accompli dans la journée.

     

    Or, après avoir quitté les rivages de Troie, la flotte grecque est dispersée par une tempête. Ulysse, à la tête d’une flottille, se retrouve jeté sur la côte de Thrace, au pays des Cicones, dont il saccage la ville, Ismaros. Une nouvelle tempête le repousse jusqu’à la terre des Lotophages, qui se nourrissent d’une plante ayant la particularité d’annihiler la volonté. Ulysse sauve ses compagnons de cette drogue.

     

    A chaque étape, Ulysse et ses compagnons subissent un mauvais sort

     

    Image55.gif Ulysse et ses hommes parviennent à l’île du cyclope anthropophage Polyphème, un fils de Poséidon. Ulysse parvient à le soûler, crève son unique œil à l’aide d’un pieu et met les voiles, poursuivi par la colère de Poséidon. Dans l’île du dieu Eole, il se voit offrir une outre contenant tous les vents de la mer, excepté le zéphyr, qui les pousse en direction d’Ithaque. Hélas, les compagnons d’Ulysse profitent de son sommeil pour ouvrir l’outre et déclencher une tempête qui les éloigne de leur but.

     

    Au pays des Lestrygons, Ulysse, devenu méfiant, amarre son bateau en retrait, prêt à lever l’ancre rapidement. Bien lui en prend : les Lestrygons sont des géants anthropophages, qui lapident les grecs et les harponnent comme des poissons. Ulysse a juste le temps de fuir avec son équipage. L’étape suivante est l’île où demeure Circé, qui transforme les navigateurs en pourceaux, mais Ulysse échappe au sortilège grâce à un antidote fournir par le dieu Hermès. Une idylle se noue entre lui et la belle magicienne, qui accepte de rendre à ses compagnons leur apparence normale.

     

    La fin du voyage et l’épilogue sanglant à Ithaque

     

    Image56.gif Ulysse, sur les indications de Circé, se rend au pays des Cimmériens. Il entre en contact avec l’âme du devin Tirésias qui lui révèle les épreuves qu’il doit encore subir avant de retrouver sa famille. Après avoir échappé au sortilège du chant des sirènes, les marins affrontent les tourbillons du monstre Scylla, subissent une tempête déclenchée par Zeus à la demande du dieu Hélios (dont les bœufs sacrés ont servi de repas aux hommes d’Ulysse) et périssent tous, à l’exception d’Ulysse, dans la gueule du compagnon de Scylla, Charybde.

     

     Accroché à un morceau de bois, Ulysse dérive pendant neuf jours avant d’échouer sur l’île de la nymphe Calypso. Celle-ci tombe amoureuse de lui et le retient auprès d’elle pendant dix ans. Enfin, elle consent à le laisser partir sur un radeau, mais Poséidon soulève une tempête qui brise son embarcation de fortune. Ulysse est rejeté sur l’île des Phéaciens, le royaume d’Alcinoos. Recueilli par le roi, sa femme Arétè et sa fille Nausicaa, il se voit offrir un navire qui le ramène chez lui après vingt ans d’absence (dix pour la guerre à Troie et dix autres pour son Odyssée).

     

    A Ithaque, qui se fait passer pour un mendiant, se rend au palais alors que Pénélope organise un concours pour départager les prétendants au trône : celui qui arrivera à utiliser l’arc d’Ulysse aura le droit de l’épouser. Chaque prétendant essaie de bander l’arc mais aucun n’y parvient. Ulysse bien sûr, réussit l’épreuve du premier coup. Il massacre alors les prétendants et se fait reconnaître des siens. Enfin, avec l’appui de la déesse Athéna, il restaure la paix dans son royaume.

    espace-soleil-00038.gif


    4 commentaires