• Contes et légendes de Turquie - Djeha-Hodja Nasreddin

    Nasreddin, est un idiot éclairé, un clown magnifique, raconté à travers d'innombrables histoires courtes et incisives qui circulent oralement à travers tout le monde arabo-musulman.

     

    Toujours monté sur son âne, coiffé d’un grand turban et arborant une belle barbe blanche, Nasreddin Hoca est un personnage incontournable de la culture populaire turque.


    Né en 1208 dans un petit bourg d'Anatolie, Nasreddin Hoca   a pu bénéficier d’une éducation religieuse grâce à son père, il devint d’ailleurs Imam dans un village turc. Nasreddin Hoca prêche la bonne parole, la bonne conduite à travers la franchise et la sagesse. Des centaines de livres et BD relatent ses aventures, ses remarques, ses drôleries qui traitent pourtant de sujets parfois sérieux voir graves : Le vol, l’alcool, le travail, les femmes...


    A la fois social, malin, généreux et au cœur pur, Nasreddin Hoca   est un comique  qui, avec des mots simples, a su rendre ses réflexions imperméables au temps. Ainsi, chacun est amené à méditer sur les aléas de la vie, avec humour et justesse d’esprit.

     

    Espiègle et rusé roulant son monde avec une candeur et un humour confondants, c'est cette personnalité ambivalente, insaisissable, fondamentalement humaine qui confère à Nasreddin son universalité et sa popularité.



    1 - Le barbu

    Un homme demande au barbu :
    - Nasreddin, j'ai une lettre importante à envoyer à Istanbul. Tu sais bien que je n'ai pas été à l'école : Veux-tu me l'écrire ?
    - Excuse-moi, répond  Nasreddin, j'ai mal aux pieds.
    - Tu te sers de tes pieds pour écrire ?
    - Non, avec les pieds je marche, mais j'écris tellement mal qu'il faut que j'aille moi-même auprès du dest inataire pour lui lire ma lettre.

     


    2 - La raison du plus fort

     
    Un jour, Nasreddin Hodja eut besoin de traverser la Mer de Marmara. Il prit donc le bateau, mais juste au milieu de la traversée, une grande tempête se leva et le bateau commença à couler. Tous les passagers et les membres d'équipage se mirent à écoper pour essayer de maintenir le bateau à flots. Cependant, parmi la foule, il se trouva un homme qui, à la consternation générale, prenait l'eau dans la mer pour la jeter dans le bateau : l'inévitable Nasreddin Hodja. Le capitaine se précipita vers lui en l'injuriant, en l'accusant de vouloir tous les tuer, mais Nasreddin ne se départit pas de son calme. Il expliqua au capitaine qu'il se contentait de suivre le conseil que sa mère lui répétait tout le temps : toujours se mettre du côté du plus fort...



    3 - La fin du monde      

    Un jour, quelqu'un vint voir le très sage Nasreddin Hodja pour lui demander s'il connaissait la date de la fin du monde.

    - De quelle fin du monde parles-tu ? répondit-il à l'homme. La grande ou la petite ? Si c'est de la petite dont tu parles, c'est quand ma femme mourra. Si tu parles de la grande, elle se produira quand c'est moi qui rendrait l'âme.


    4 - Les perles bleues

    Un jour, Nasreddin Hodja acheta deux perles bleues à un marchand. Le soir, il en donna une à sa première épouse en lui conseillant de ne surtout pas parler de ce cadeau à sa deuxième femme. Et le lendemain, il donna la perle restante à cette deuxième épouse en lui recommandant de ne rien en dire à la première. Quelques jours plus tard, après une dispute qui avait éclaté entre les deux femmes, elles vinrent voir leur époux et lui demandèrent laquelle il préférait. Avec un large sourire, il répondit que sa préférée était celle qui possédait la perle bleue...


    5 - L'accouchement à la chandelle

    Une nuit, la femme de Nasreddin Hodja a accouché dans son lit, à la lueur de la chandelle. L'enfant tant attendu est sorti du ventre de sa mère, mais il a bientôt été suivi par un second, puis un troisième s'est présenté à son tour. Voyant cela, Nasreddin s'est précipité pour souffler la chandelle.

    - Pourquoi fais-tu cela ? demanda sa femme.

    - C'est pourtant évident, répondit Nasreddin, il faut croire que la lumière attire les enfants : si je n'éteins pas la chandelle, combien en aurons-nous ?


    6 - Le don de la nature

    Un jour de pluie, Nasreddin Hodja vit par sa fenêtre un homme qui courait pour rentrer chez lui avant d'être trempé.

    - Pourquoi cours-tu ainsi ? lui demanda Nasreddin. Tu n'as pas honte de fuir ainsi ce merveilleux don de la nature ?

    Tout penaud, l'homme s'arrêta de courir et rentra chez lui trempé jusqu'aux os. Mais le lendemain, alors qu'il continuait à pleuvoir, c'est ce même homme qui vit de sa fenêtre le fameux Nasreddin Hodja courir pour échapper à l'averse.

    - Nasreddin, n'as-tu pas honte de fuir ainsi ce merveilleux don de la nature ?

    - Mais pas du tout, répondit Nasreddin sans s'arrêter. Si je cours, c'est au contraire pour éviter de le piétiner.


    7 - Le pourboire

    Un jour, en sortant des bains, Nasreddin Hodja distribua un pourboire royal alors qu'il avait été traité comme un moins que rien : serviette sale, petit bout de savon, pas de massage et même pas de thé. Le lendemain, quand il revint, ceux qui avaient profité de ses largesses de la veille le traitèrent comme s'il était le sultan en personne. Mais cette fois, en sortant, il ne donna à ces employés que quelques piécettes.

    Voyant leurs mines déconfites, Nasreddin leur expliqua que le pourboire d'aujourd'hui correspondait à leur travail de la veille, et le pourboire de la veille à leur travail d'aujourd'hui...


    8 - Nourrir son manteau

    Un jour, Nasreddin Hodja fit convié à une grande réception. Mais pendant la fête personne ne fit attention à lui, c'est à peine si on lui adressa la parole. Vexé, Nasreddin rentra chez lui et revint à la fête vêtu de son plus beau manteau. Et là, comme par miracle, il devint une des attractions de la soirée.

    Quand vint le moment de se mettre à table, les convives eurent la surprise de voir Nasreddin qui trempait la manche de son manteau dans la soupe.

    - Mais pourquoi fais-tu cela ? lui demandèrent-ils ?

    - C'est pourtant simple : puisque c'est mon manteau que vous avez si bien accueilli, il est normal que ce soit lui qui mange !


    9 - Le problème de la Création

    Un jour, Nasreddin Hodja se demandait si la Création avait été vraiment bien faite... Il faut dire que devant lui, il voyait cet immense chêne qui portait de si petits fruits, alors que le petit plant de courge, à ses pieds, en supportait de si gros. Il s'assit sous le chêne pur réfléchir à cette inquiétante question, mais quand un gland lui tomba sur la tête, il comprit que la Création avait été vraiment bien faite...


    10 - La marmite

    Un jour, Nasreddin Hodja demanda à son voisin de lui prêter une marmite. Bien qu'un peu méfiant, le voisin accéda à sa demande. Et à sa grande surprise, Nasreddin lui rendit sa marmite dès le lendemain, avec en plus une autre petite marmite posée à l'intérieur de la première.

    - Mais quelle est donc cette seconde marmite ? demanda le voisin.

    - Eh bien durant la nuit, il se trouve que ta marmite a accouché ! Comme il me semble logique que son enfant t'appartienne aussi, je te l'amène.

    L'homme, se disant que pour une fois la folie de Nasreddin tournait en sa faveur, ne répondit rien et prit les deux marmites. Et lorsque, quelques jours plus tard, Nasreddin revint frapper à sa porte pour lui demander le même service, il s'empressa de lui fournir sa plus belle marmite en espérant avoir encore une bonne surprise. Mais là, au contraire, il attendit des jours et des jours sans voir revenir son fameux voisin. N'y tenant plus, il se rendit chez Nasreddin pour réclamer des explications.

    - Ah c'est terrible, dit Nasreddin d'un air contrit, il faut que je te l'avoue : ta marmite est morte.

    - Mais que me dis-tu ? Une marmite ne peut pas mourir !

    - Enfin voyons, tu étais prêt à croire qu'une marmite pouvait accoucher, aujourd'hui tu devrais bien croire qu'elle peut mourir.

    Le voisin ne trouva rien à répondre, rentra chez lui, et Nasreddin garda la belle marmite.


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  • Commentaires

    4
    Candan
    Jeudi 13 Septembre 2012 à 16:26
    Candan
    Hodja Vol.1 Chorus de babioles pour un manipulateur singulier du 18 au 22 au 29 mars 2008 et du 15 avril au 19 avril 2008 à la Maison des métallos 94 rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris www.maisondesmetallos.org Conception et écriture Vincent Berhault et Ilka Madache Interprétation Vincent Berhault, mise en scène Ilka Madache d’après les histoires de Nasreddin Hodja. (Cie Les Singuliers)
    3
    Mardi 18 Mars 2008 à 20:19
    sylvie84
    si vous êtes sur paris pensez à y aller.
    cdlt
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    2
    Vendredi 29 Février 2008 à 21:59
    1
    Vendredi 29 Février 2008 à 21:29
    otsmani
    depuis la creature de l'humanite il n'y avait jamais eu d'homme ruse et malin que djeha meme ulyse..
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