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Contes et légendes de la Chine – Deux calebasses porte bonheur
Dans un petit village au bord de la mer, aux pieds d'une haute montagne, habitait une mère avec son fils. Ils vivaient de leur travail; la mère cousait, le fils ramassait du bois dans la montagne; le garçon se nommait Wang Xiang, et venait tout juste d'avoir 18 ans.
Par un jour d'été, Wang Xiang partit comme à son habitude chercher du bois dans la montagne. La chaleur se faisait sentir. Le jeune homme chercha refuge sous l'ombre d'un arbre. Des chants d'oiseaux se firent entendre. Il leva les yeux mais ne vit point d'oiseaux mais, au-dessus de sa tête, deux petites calebasses, lisses à l'excès, étaient suspendues à la branche. Elles étaient loin d'être mûres, certes, mais l'idée de les abandonner là déplaisait au jeune homme.
Il prit donc sa faucille et se résolut à les arracher avec leur racine. Il y réussit, au prix d'énormes efforts, et les porta à la maison. Avec l'accord de sa mère, il les planta dans le petit potager qui s'étendait devant la maison. Chaque jour, il les arrosait, et les deux calebasses se faisaient de plus en plus belles.
Un jour, un géomancien venu du Sud qui passait par là les aperçut; il demanda à les acheter et proposa jusqu'à cent taëls. Wang Xiang, étonné, demanda:
- Pourquoi voulez-vous les acheter à un tel prix?
- Jeune homme, répondit l'acheteur, ton honnêteté mérite une récompense, je m'en vais te révéler la vérité sur ces deux gourdes. Celle de gauche s'appelle Sèche-mer, parce que la mer se vide à son contact; celle de droite, Ecrase-montagne, parce que la montagne s'écroule à son contact. Passé le mois d'août, une fois mûres, elles deviendront efficaces!
Wang Xiang était déjà peu enclin à les vendre; maintenant plus que jamais il ne les aurait cédées pour tout l'or du monde.
La fin d'août arriva. Les deux callebasses étaient jaunes d'or, signe qu'elles étaient mûres.
Wang Xiang les cueillit et, ayant mis de côté la gourde de droite, il s'en fut dans la direction de la mer muni de celle de gauche, décidé à vérifier les dire du géomancien.
A sa grande surprise, la mer effleurée par sa gourde, recula de 4 à 5 lis. Wang Xiang, pris de terreur, retira promptement la gourde; il allait s'enfuir à toutes jambes. Lorsqu'il vit sortir de l'eau une étrange créature à forme humaine, au visage noir, le corps couvert de poils verts des pieds à la tête et une fourche tridentée à la main. L'espace d'un instant, et le monstre l'avait rattrapé. Terrifié, le garçon se laissa choir sur le sable attendant la mort. Mais les apparences se démontrèrent trompeuses, car le génie s'inclina respectueusement devant lui:
- Vous avez devant vous, dit-il, le gardien du Palais de cristal; Sa Majesté le Roi Dragon, désire s'entretenir avec vous et vous prie donc de me suivre.
Wang Xiang, toujours sous l'effet de la peur, refusa l'invitation d'un mouvement de la main:
- Non, non, je préfère rester ici.
Mais le gardien insista:
- Sa Majesté souhaite avoir l'honneur de faire votre connaissance. Vous venez de mettre à l'eau Sèche-mer, il s'en est fallu de peu que notre Palais s'effondre. je crois que Sa Majesté a besoin de votre aide. Elle est prête à vous accorder tout ce que vous voudrez pourvu que vous lui donniez satisfaction.
Comme dans un rêve, Wang Xiang fut transporté par l'envoyé du Roi Dragon. Petit à petit, il se sentit plus rassuré.
Le gardien de lui dire:
- Il y a au Palais une canne de bambou magique. Dès qu'on ôte le bouchon à son extrémité, le riz se met à couler, intarissable. Vous demanderez au roi cet objet précieux ainsi que son chien. Le roi y tient beaucoup, mais vous pourrez en faire votre compagnon.
- Très bien, déclaraWang Xiang, d'un air satisfait, j'aimerais bien avoir un chien qui m'accompagne quand je vais chercher du bois dans la montagne.
Ils continuèrent leur chemin en parlant de choses et d'autres et arrivèrent vite au Palais. L'aspect simple et souriant de Wang Xiang plut au roi, qui se leva pour l'accueillir. Il lui dit:
- Jeune homme, vous possédez un objet bien dangereux pour nous. Prêtez-moi serment de ne jamais le réutiliser et je vous offrirai tout ce que vous voudrez.
Wang Xiang, la tête baissée en signe de respect répondit:
- Je vous demande pardon pour ce qui est arrivé, Majesté. Moi-même j'ignorais ce dont cette calebasse était capable; je vous promets, selon votre désir, de ne jamais la réutiliser. Si votre Majesté voulait me montrer quelque bienveillance, j'oserais demander deux choses;
- Lesquelles? Parle!
- La première, c'est votre canne de bambou.
- Aucun problème! Et la deuxième?
- C'est le chien qui est à vos côtés.
Le Roi Dragon parut décontenancé à cette deuxième demande: Le chien était l'incarnation de sa fille. Toutefois, vue la promesse qu'il avait faite, il finit par acquiescer, à regret.
Wang Xiang, après avoir remercié le Roi Dragon, prit le chien dans ses bras, se fit apporter la canne de bambou, et, ses adieux faits, prit le chemin du retour. Dès qu'il atteignit le rivage, la mer se remplit à nouveau.
L'après-midi touchait à sa fin. Ma mère doit être bien inquiète, pensa tout à coup Wang Xiang en hâtant le pas. Le chien, toujours dans ses bras, se mit à aboyer. Il le laissa aller; en touchant le terre ferme, le chien se transforma en une jeune fille adorable. Le garçon contemplait ahuri cette métamorphose. Elle lui parlait maintenant.
- Cher frère Wang Xiang, dit la jeune fille, ressaisissez-vous, je suis la fille du Roi Dragon. Si je ne vous déplais pas trop, nous pourrions nous marier?
- J'aimerais beaucoup vous épouser, dit Wang Xiang, mais ma famille est trop pauvre, je ne peux me le permettre.
- Qu'à cela ne tienne! insista-t-elle, je prendrai tout à ma charge.
Wang Xiang rougit et hocha la tête en signe d'acquiescement.
Arrivés à la maison, ils trouvèrent sa mère évanouie, n'ayant plus rien mangé depuis son départ. La jeune fille, en un tour de main, prit la canne de bambou, versa un peu de riz et prépara un bouillon. Puis, avec l'aide du jeune homme, elle fit couler un peu de bouillon entre les lèvres de la vieille femme, qui reprit bientôt connaissance, et avala l'un après l'autre deux bols de riz.
Elle fut très heureuse de retrouver son fils, et l'idée d'avoir une jeune fille si gracieuse pour bru la ravissait. Elle aurait aimé qu'ils se marient au plus tôt, mais elle s'affligeait déjà devant l'exiguïté de sa maison. La future bru, consciente de ce qui tracassait la mère, lui demanda:
- Maman, à qui appartient le jardin devant notre maison?- C'est à nous, répondit la mère.
- Alors, ne vous en faites pas, chère maman, dit la jeune fille, nous allons nous arranger pour cette nuit. Demain nous aurons une grande maison.
A minuit, la fille du Roi Dragon se leva sur la pointe des pieds, et sortit dans le potager, elle prononça des phrases magiques; à son appel, une armée de crevette et de crabes vinrent de la mer et bâtirent, suivant ses ordres, une grande et luxueuse demeure à l'endroit du jardin.
Au lever du jour, le jeune homme et sa mère trouvèrent, au lieu du potager, une belle bâtisse en briques vertes, avec une riche basse-cour. Emerveillés, ils ne savaient trop que penser.
- Que s'est-il passé? se demandaient-ils.
La fille du Roi Dragon, avec un sourire, leur dit:
- C'est moi qui ai fait construire cette maison. Nous allons vite y emménager et à la place de la vieille maison, nous ferons un joli jardin.
Le jour même, la mère invita parents et amis pour célébrer leur mariage.
La nouvelle se répandit vite et parvint jusqu'au gouverneur du district qui, trouvant la chose étrange, décida de rendre visite à la famille avec quelques officiers de sa suite. Il trouva la belle demeure à son goût, mais plus encore la jolie épouse de Wang Xiang.
Lorsqu'il l'aperçut, si mignonne et si gracieuse, ce fut le coup de foudre. Il sentit jusqu'à ses jambes se dérober. Il s'adressa à Wang Xiang:
- Ton logis est fort agréable, Wang Xiang. Qu'en penserais-tu si je venais y habiter, moi aussi?
- Je dois demander l'avis de ma femme, répondit Wang Xiang, troublé.
La nouvelle mariée, perçant à jour le dessein du visiteur, décida de lui donner une leçon. Elle dit à son mari:
- Fais-le venir si tu veux, on lui cèdera la chambre principale.
Le gouverneur, euphorique, décida de s'y installer le jour même. Du matin au soir, il dévorait des yeux la jeune mariée; plus il la regardait, plus elle lui plaisait. Tremblant de désir, il finit par dire à Wang Xiang:
- Si tu me cèdes ta femme, je t'élèverai au rang d'officier.
Bien sûr, Wang Xiang refusa ferme. Le gouverneur loin d'abdiquer, tenta de s'y prendre autrement:
- Je peux y renoncer, à condition que tu réussisses à déraciner le saule dans la cour et à le replanter les racines en l'air. Si tu échoues, ta femme m'appartiendra.Wang Xiang, préoccupé, alla raconter à son épouse les propos du gouverneur. Celle-ci le tranquilisa en ces termes:
- Va te coucher, et dors d'un sommeil paisible. Tout sera fait demain matin.
Quand la nuit fut profonde, la fille du Roi Dragon appela de nouveau à son secours les crevettes et les crabes; en un tournemain le saule fut arraché et replanté suivant les indications du gouverneur. Celui-ci, surpris et très mécontent, ne se donna pas pour vaincu:
- Déraciner un arbre et le replanter ne remplissent qu'une partie de mes conditions. Il s'agit maintenant de renverser cette montagne au nord. Si tu échoues, ta femme sera à moi.
Une fois de plus, Wang Xiang, ne sachant que faire, eut recours à sa femme. Celle-ci lui dit:
- Où as-tu caché l'autre calebasse? C'est le moment de l'utiliser.
Wang Xiang, se souvenant du pouvoir magique de la deuxième calebasse, reprit immédiatement courage.
Le lendemain matin, muni de la gourde, il se mit en route vers la montagne. L'arrogant gouverneur et ses officiers le suivaient à distance, de crainte que la fille du Roi Dragon ne lui vînt en aide par quelque magie.
Wang Xiang, malin, alla se poster sur le versant opposé de la montagne; à peine eut-il posé la calebasse à ses pieds que l'on entendit un grondement sourd, puis, dans un fracas assourdissant, la montagne s'écroula, recouvrant à jamais le gouverneur et ses laquais.
Dès lors, la famille de Wang Xiang mena une vie paisible et heureuse.
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Commentaires
4sylvie8454Vendredi 25 Avril 2008 à 21:37RépondreIl y a environ 3000 ans, les Babyloniens avaient mesuré les périodes orbitales des sept corps célestes, connus à l’époque. Ordonné du plus long au plus court, ils les écrivirent ainsi
Les périodes orbitales connues des Babyloniens
A s t r e P e r i o d e
Saturne 29 a
Jupiter 12 a
Mars 687 j
Soleil 365 j
Vénus 224 j
Mercure 88 j
Lune 29 j
Les Babyloniens introduisirent également la semaine et la division de la journée en 24 heures. Ils avaient dédié chacune des 168 heures de la semaine à un corps céleste, en suivant l’ordre ci-dessus. Ils avaient également dédié la journée entière au corps céleste qui correspondait à la première heure de ce jour-là. Le premier jour de la semaine était voué à Saturne, la disposition des autres jours de la semaine suivait alors l’ordre ci-dessus. Cette histoire fut contée par Cassus Dio (v. 160 à v. 230). Vers la fin de l’Antiquité, la disposition fut modifiée par l’empire romain. Dans les langues germaniques, incluant l’anglais, les noms latins des corps célestes furent remplacés par les dieux Germains correspondants. L’ordre Samedi, Dimanche, Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi et Vendredi est donc une conséquence à la fois de relevés astronomiques et de croyances astrologiques de la part des anciens.
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