• Contes et légendes de l'Egypte – Le voyage de Râ

    Souvent dans la mythologie, l’histoire des dieux est liée à la nature. L’histoire de Râ ne fait pas exception. Dans le soleil qui voyage au firmament, dans le Nil aux inondations salutaires, mais aussi dans le scarabée qui roule sa boule de fumier, tout Egyptien peut voir Râ. Ainsi la nature a-t-elle contribuée à façonner l’image et le mythe de ce démiurge, dieu né de rien et pourtant maître de tout.

     

    Le voyage que fait chaque jour le soleil dans le ciel, c’est celui que fait Râ chaque jour depuis la création. Et de même que le soleil est levant ou couchant, Râ prend un nom plus précis. Ce voyage de Râ, c’est aussi le voyage que l’homme fait en une vie, de la naissance à la mort qui l’attend.

     

    Voyage diurne

     

    Chaque matin, Nout donne naissance à Râ, qui se lève à l’Orient aux sons des chants et des danses. Il ouvre son œil étincelant et est reçu par les deux divinités de l'Est qui l'entourent de soins respectueux. Râ prend alors le nom de Khépri, le soleil du matin. La joie éclate autour de lui : les femmes qui vivent autour de lui chantent : "Eveille-toi en paix, de même que les déesses des couronnes s'éveillent en paix ! Tu apportes la joie, la lumière et la chaleur sur la terre". Ensuite, il va dans la salle des bains froids, où la déesse "Fraicheur", fille d’Anubis, l'inonde avec ses quatre cruches. Horus frotte les chairs de Râ et Thot essuie ses jambes. Puis  Amon-Râ (le soleil qui donne la vie au pays) s'habille et prend son petit-déjeuner. Puis il monte dans la Barque Diurne, Mândjet, qui apparaît à l'est et "resplendit comme de l'or" qui glisse sur les eaux.

     

    A l'aube, Apophis, le serpent des ténèbres attaque l'astre solaire dans sa course, mettant ainsi en péril la stabilité du cosmos. Le serpent enserre le monde dans ses anneaux - décrits comme des bancs de sable - le long de la ligne d'horizon, position idéale pour se lancer à l'assaut du soleil quand celui-ci s'approchait. L'astre riposte avec succès et Apophis, vaincu, perd du sang, en teintant le ciel de rouge au lever du soleil. Râ, pour combattre Apophis, prend la forme d'un chat. Il porte alors le nom de "Grand chat d’Héliopolis". On le représente terrassant Apophis sous l'arbre sacré ished.

    Râ continue alors sa promenade journalière autour du monde. A midi, il prend la forme d'un puissant taureau qui féconde sa mère Nout et donne naissance à un nouveau soleil : Harakhty, le soleil au zénith, qui brille de toute sa splendeur et toute sa puissance. Le soir, à l'ouest, sous les traits d'un vieillard, Atoum, le soleil couchant, il monte dans sa barque nocturne (Mesektet) pour commencer son voyage dans l'au-delà... Au coucher du soleil, Apophis Apophis recommence son attaque, et, étant à nouveau vaincu, il reteint le ciel de son sang.

    La "Barque des millions d'années" est le nom du bateau que Râ utiliserait le jour où ce serait la fin du monde, quand le chaos succédera à la terre une fois de plus.


    Voyage Nocturne

    Râ arrive alors à l’Occident. Il passe dans la Barque de la Nuit (Mesekhet) à bord de laquelle il traversera le monde inférieur, un monde nocturne et dangereux habité par la mort Râ a alors l’apparence d’un bélier ou d’un homme à tête de bélier et est appelé Auf-Râ, le soleil de l'ouest. C’est lors de sa course nocturne que Râ ranime Osiris. Grâce aux rites funéraires de conservation des corps, tout défunt devient un « Osiris » en puissance. Aussi chaque Egyptien nourrit-il un seul et même souhait : être ranimé à une nouvelle vie, comme Osiris l’a été par les bons soins de Râ.

    Dans le domaine funéraire, Râ protège l’au-delà du pharaon. Mais Osiris, et la force du culte qui lui était rendu, s’imposa à sa place. Si Osiris s’imposa dans le monde des morts, il doit le faire avec Râ. En effet, en mourant, Râ se transforme en Osiris : Djafi, l'âme double, ou dualité entre Osiris et Râ. Durant son vivant, le Pharaon est identifié à Râ, mais à sa mort à Osiris. Il est donc identifié à Djafi, représenté avec une tête de bélier.

    Auf-Râ voyageait dans le Monde Inférieur jusqu'à atteindre l'est et, sur son chemin il devait combattre des créatures nuisibles qui essayaient de couler leur barque ; toutefois il restait dans la cabine protégée par le serpent Mehen, qui le défendait d’Apophis jusqu'à l'aube.

    Auf-Râ traversait sur Mesektet, du couchant jusqu'à l'aube, les douze régions de l'au-delà correspondant aux douze heures de la nuit. Un fleuve sillonne les douze régions de la nuit éternelle, comme le Nil les provinces de l'Egypte. Ces douze régions portent un nom et sont placées sous la protection d'une déesse, indiqués dans les textes hiéroglyphiques. Deux guides du monde inférieur - l'un connu sous le nom de "Ce qu'il y a dans l'Au-delà" (ou "Livre de Celui qui est dans l'Au-delà"), l'autre sous celui du "Livre des Portes"- donnent une description assez sèche et technique des diverses régions et indiquent leur nom respectif et ceux des divinités bienveillantes ou hostiles qui y séjournent.

    Voici une courte description des ces douze régions, avec leur nom et leur déesse protectrice:

     

    1ère heure : Grande cité (Net-Ra) ; déesse qui décapite les ennemis de Râ. Lors de cette étape, Râ porte une tête de bélier et se nomme "chair".


    2ème heure : Champ d'Ouernes; déesse sage gardienne de son seigneur. Durant cette heure Râ s'impose comme juriste en établissant le droit des dieux des céréales sur les terres.

     

    3ème heure : Champ des dieux des céréales, eaux d'Osiris (Net-neb-ua-kheper-aut); déesse qui tranche les âmes. A ce moment Râ redonne naissance à Osiris.

     

    4ème heure : Grotte de la vie des formes (Ankhet-Kheperu) ; déesse de grande puissance. Râ se retrouve devant la porte des passages conduisant aux enfers et qui est gardée par des dieux serpents. Cette porte mène aussi au corps de Sokaris et au tombeau d'Osiris.

     

    5ème heure : Grotte de Sokaris ; déesse qui est dans la barque. La barque solaire se retrouve face à un mont d'où émerge une tête dite "chair d'Isis qui est aux dessus du sable du pays de Sokaris". Quatre têtes cracheuses de flammes gardent le cœur du mont. En ce lieu tout symbolise la mort. Râ en sort victorieux.

     

    6ème heure : Eaux profondes (Metchet-mu-nebt-tuat) ; déesse meneuse experte. L'histoire indique l'arrêt de la barque solaire devant le dieu Thot dépeint sous les traits d'un babouin tenant dans ses mains un ibis sacré. Râ prend l'aspect d'un cadavre pour observer Khépri prisonnier d'un serpent à cinq têtes.

     

    7ème heure : Ville de la grotte mystérieuse ; déesse qui éloigne le serpent. Râ assiste à l'exécution des adversaires d'Osiris et à la capture d' Apophis qui tente en permanence d'avaler le dieu solaire afin de rendre le monde au chaos. Nécropole d'Osiris (Naref).

     

    8ème heure : Villes des sarcophages du dieu (Tebat-neteru-s); déesse maîtresse de la nuit. Des emblèmes de la puissance de Râ au nombre de neuf le précèdent pour pénétrer dans la 8ème heure. Ils détruisent les ennemis du dieu solaire. Ils ont l'aspect de bâtons à tête humaine et sont armés d'un couteau. A cette étape, de nombreux dieux Zoomorphes se manifestent sans attaquer Râ.

     

    9ème heure : Ville des manifestations vivantes (Best-Aru-Ankhet-Kheperu) ; déesse adoratrice. Râ croise douze cobras cracheurs de feu, gardiens d'Osiris.

     

    10ème heure : Ville des eaux profondes et des rives escarpées (Metet-qa-utchebu) ; déesse qui décapite les rebelles. Cette heure évoque le commencement de la résurrection du dieu solaire. Douze dieux le précèdent et garantissent sa sécurité. Râ leur ordonne de détruire ses ennemis dans l'ombre.

     

    11ème heure : Ville du décompte des cadavres (Re-en-qerert-apt-khatu); déesse étoilée qui éloigne les rebelles. Râ assiste au châtiment des rebelles prisonniers plongés dans un puits où ils sont découpés en morceaux par le couteau d'une déesse. Horus leur indique qu'ils ne reverront plus jamais la terre.

     

    12ème heure : Grotte de la fin des Ténèbres, ville de la beauté de Râ incarnée (Kheper-khekiu-khau-Mestu) ; déesse qui voit la naissance. La barque solaire qui transporte Râ pénètre dans la queue d'un serpent géant qui recrache le dieu sous forme du scarabée Khépri. Il monte alors dans sa barque diurne qui lui fait parcourir les douze heures du jour.

     

    Il parcourt ainsi les deux royaumes diurne et nocturne et parfois s'arrête dans son palais du ciel, appelé Akhet, pour y recevoir des courtisans et le pharaon, en compagnie de Maât.

     

    Les différents aspects du soleil : Il existe une multitude de divinités solaires, mais elles sont toutes des aspects de Râ. En voici quelques unes :

     

    Khépri : soleil naissant.

    Harakhty : soleil au zénith.

    Atoum : soleil couchant.

    Horus de Behedet : soleil au zénith.

    Aton : disque solaire.

    Harpra : jeune soleil.

    Horkhentikhet : soleil matinal.

    Harmakhis : soleil de l'aube et du crépuscule.

    Api : son images symbolise les deux étapes majeures de la course du soleil.

    Auf-Râ : soleil de la nuit.

    Grand chat d’Héliopolis : forme que prend Râ pour terrasser Apophis.

     

    Les défenseurs de la barque contre Apophis: Durant son voyage, Râ est escorté des étoiles et de divinités qui le défendent contre les nuages et surtout contre les serpents Apophis. Voici les principaux défenseurs de la barque solaire :

     

    Seth, considéré comme le fils adoptif de Râ, est le principal défenseur de la barque solaire.


    Méhen est l'entité contraire d'Apophis. Il représente le serpent bénéfique, protecteur de la barque nocturne. Ant et Abdyu sont deux poissons mythiques qui nagent à côté de la barque solaire, dans son parcours nocturne, en chassant dans l'eau tout être malin.

     

    Horus tient le gouvernail de la barque.

     

    Râ est généralement accompagné des trois premiers dieux créés, Sia (la perception), Houb (la parole) et Heka (la magie) et d'autres dieux notaires comme Shou, Geb, Oupouaaout, Osiris et Thot.

     

    Parfois des déesses, notamment Hathor et Isis, font partie du voyage.

     

     

    Une légende raconte, qu'un jour Apophis parvint à manger le soleil et que donc il devait faire nuit pour toujours. Mais Bastet, sous la forme d'une lionne, alla attaquer Apophis qui finit par être vaincu et qui dut rendre le soleil. Cependant elle avait eu les crocs si près de Râ, qu'elle avala un peu de sa chaleur et de sa lumière, qu'elle transmit à ses descendants, les chats. Depuis, leurs pupilles se rétractent pour former des ronds lumineux comme Râ. De leur pelage à peine effleuré s'échappent des étincelles et ils recherchent toute chaleur. Ainsi Bastet est souvent représentée avec un poignard dans la patte, coupant la tête Apophis. Cette légende, très peu connue, explique le phénomène de l'éclipse.

     

    La nuit, c'est Pasht, divinité lunaire à tête de chat, qui veille sur le soleil endormi pour le protéger d'Apophis qu'elle maintient sous sa patte.

     





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  • Commentaires

    4
    otsmani
    Jeudi 13 Septembre 2012 à 16:19
    otsmani
    est ce que votre jambe va mieux
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    3
    patrick Korpès
    Jeudi 13 Septembre 2012 à 16:19
    patrick Korpès
    merci pour cesa belles légendes. Connaissez-vous une légende qui parle des sept boules de cristal d'Osiris ? si oui merci de m'en faire part. J'ai rêvé de cette histoire. la septième boule sauvera le monde ...
    Amitiés.
    Patrick
    2
    Jeudi 11 Décembre 2008 à 18:33
    sylvie8454
    non pas du tout
    bonne soirée
    1
    Mardi 1er Avril 2008 à 22:30
    sylvie8454
    oui, merci, je peux poser la jambe depuis aujourd"hui et ranger une béquille sur les deux
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