• Le roi Midas

    Un don infernal et des oreilles d’âne !

     

     

     

    Puni par Dionysos pour sa cupidité et par Apollon pour sa sottise, le roi Midas est plus un personnage de conte qu’un figure mythologique. Les légendes qu’on rapporte à son sujet illustrent le thème de l’obsession qui conduit à la folie de l’excès. Dans ce genre de morale fantastique, les dieux confrontent la cupidité et la bêtise humaine à elles-mêmes, au moyen de châtiments spectaculaires.

     

    Roi de la région de Phrygie en « grande Grèce » (région occidentale de la Turquie actuelle), Midas passe pour avoir contribué à l’extension du culte de Dionysos, le dieu du Vin. Il aurait obtenu une faveur de ce dieu orgiaque en accordant son hospitalité au vieux satyre Silène, protecteur et éducateur de Dionysos durant son enfance errante.

     

    Midas obtient une récompense à la mesure de son amour de l’or

     

    Pour combler ce roi hospitalier., Dionysos le prend si bien au mot que Midas se retrouve bientôt dans une situation impossible. Le roi se saisit d’une branche de chêne et voilà qu’il tient un rameau d’or massif. Le miracle se reproduit tant et tant que les objets usuels, ses vêtements, sa nourriture et jusqu’à l’eau qu’il veut boire, sont changés instantanément en métal précieux.

     

    Poussé à la folie par cette magie sage et cruelle, Midas supplie le dieu de le guérir. Indulgent, Dionysos lui indique le remède : pour se laver du sort divin que lui vaut sa cupidité, le roi devra trouver la rivière Pactole et s’immerger dans ses flots. Le malheureux Midas, n’a de cesse que d’aller s’y plonger et les eaux emportent avec elles le sortilège. Depuis, la rivière charrie des paillettes d’or, et le langage s’est enrichi d’un mot évoquant les richesses : « pactole ».

     

    Une autre légende fait de Midas, non pas un roi hospitalier mais plutôt un souverain qui abuse de ses pouvoirs. Cette version raconte que le roi désirait fort acquérir le savoir du vieux Silène, le disciple et tuteur du dieu, individu assez ripailleur et laid d’apparence, qui était plein cependant, d’une bonne sagesse. Midas apprend que le vieil homme se désaltère en buvant la nuit dans une source des jardins royaux. Alors, il fait mélanger du vin à cette eau, enivre Silène et le capture, faisant de lui son hôte forcé.

     

    Cette fresque fabuleuse où la morale s’illustre par un enchantement, est proche des contes des Mille et Une Nuits, et inspira Shakespeare pour le Songe d’une nuit d’été et son ridicule personnage Bottom.

     

    Midas se voit pousser des oreilles d’âne

     

    L’histoire des oreilles d’âne du roi Midas nous offre une tout autre moralité : les secrets finissent toujours par se savoir. Lors d’une joute musicale où le dieu Apollon lui-même se mesure au dieu Pan, Midas prend parti contre Apollon que l’arbitre a pourtant désigné vainqueur.

     

    Pour la balourdise de Midas et pour l’offense subie, le dieu lui inflige une punition terrible et cocasse : deux oreilles d’ânes lui poussent et le roi est obligé de masquer son crâne par un bonnet extravagant, une sorte de capuche dont on se souvient comme du « bonnet phrygien » (Midas étant roi de Phrygie).

     

    L’infortuné Midas est trahi par son coiffeur

     

    Midas, accablé de honte, tente de masquer à tous sa disgrâce. Il interdit à son barbier, le seul à connaître son infirmité, de divulguer ce secret sous peine de mort. Mais aucun secret, surtout le plus désopilant, n’est facile à garder pour soi. Ainsi un jour, souffrant terriblement de devoir conserver le silence, et pour ne pas être puni pour s’être livré à quelqu’un, le barbier cherche un moyen de partager son secret sans avoir à trahir son roi.

     

    C’est alors qu’une idée lumineuse lui vient. Il se rend près d’un fleuve, creuse un trou dans la berge et dit en chuchotant son secret à la terre. L’homme rentre chez lui plus serein, mais en bruissant, des roseaux qui poussent à l’endroit où il s’est confié font bientôt entendre des sons étranges, « …le roi Midas a des oreilles d’âne… le roi Midas… ». Porté comme un écho par les vents de tout le royaume, le message des roseaux fait du roi la risée du peuple tout entier.

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