• L'histoire légendaire de la princesse Kong Sizhen

    Les Qing (1644-1911), dynastie féodale mandchoue, n'ont eu qu'une princesse de nationalité han sous leur règne qui a duré 268 ans. C'est la princesse adoptive Kong Sizhen.

     

    Fille d'un général, Kong était sortie indemne des troubles de la guerre, mais une centaine de membres de sa famille avaient alors perdu la vie.

     

    Heureusement, Kong fut d'abord adoptée par l'impératrice douairière Xiaozhuang des Qing, puis est devenue une princesse et une concubine impériale de haut rang. En tant que descendante de la famille des Kong, elle gouverna la préfecture du roi Dingnan.

     

    Depuis la fondation de la dynastie des Qing, Kong a été la première femme à recevoir l'investiture de la garde impériale de premier rang. Ayant toute la confiance de Xiaozhuang, elle a commandé les forces armées qui protégeaient les tombeaux impériaux et maintenaient l'ordre à la frontière sud-ouest du pays.

     

    Pendant la lutte contre les troubles qui sévissaient dans trois États tributaires aux limites de l'empire, elle a apporté une contribution remarquable à la sauvegarde de la réunification de la patrie et au maintien de la stabilité sociale.

     

    Pour faire honneur à sa patrie, elle a manifesté un esprit d'abnégation. Bien qu'elle ait obtenu plusieurs titres, elle a enduré de rudes épreuves. Après avoir acquitté l'importante mission qui lui avait été confiée, elle s'est retirée tranquillement de la scène de l'histoire et a vécu en ermite dans le palais des concubines. Depuis lors, la suite de son histoire légendaire est restée inconnue.

     

    Dans l'arrondissement Haidian de Beijing, Gongzhufen (site de l'ancien cimetière de la princesse) est aujourd'hui un carrefour de communication et un centre commercial animé. Point de rencontre de l'avenue Chang'an et du 3e périphérique, quatre rues rayonnent autour d'un grand espace vert, et un grand échangeur s'y dresse. Pour protéger l'emplacement de l'ancien cimetière de la princesse, lors de la construction de cet échangeur, on a conservé les arbres centenaires (pins et cyprès) et les espaces verts. On disait que les restes de la princesse Kong Sizhen s'y trouvaient. Pendant les fouilles qui y ont alors été effectuées, on a découvert une grande quantité d'armes antiques. En analysant la vie de la princesse Kong, on peut arriver à la conclusion qu'elle y avait été ensevelie.

     

    L'origine de Kong Sizhen

     

    Kong Youde, père de Kong Sizhen, était originaire de la province du Liaoning. À la fin de la dynastie des Ming (1368-1644), il était un général qui maintenait l'ordre de Dengzhou dans la province du Shandong. À cette époque, le gouvernement des Ming était corrompu et décadent. Les guerres consécutives avaient entraîné le peuple dans la misère.

     

    À la fin de1631, Kong Youde reçut pour mission de renforcer les forces en vue du combat qu'allaient livrer les Ming dans l'est du Liaoning. Lorsque ses renforts arrivèrent à Wuqiao du Hebei, la neige entrava l'avancée de ses troupes. Ayant peur de manquer de nourriture et de vêtements, ses 30 000 soldats étaient pris entre deux feux. Kong Youde décida finalement de diriger ses troupes dans une révolte contre le gouvernement décadent des Ming. Pour échapper à l'encerclement des armées des Ming, il prit la fuite avec ses troupes vers la mer.

     

    En haute mer, Kong Youde, dans une situation difficile, décida de se rallier au gouvernement des Qing. Cette nouvelle inattendue fut accueillie avec joie par l'empereur des Qing. Il envoya non seulement son armée pour accueillir Kong et son armée, mais encore conduisit en personne ses mandarins à les accueillir chaleureusement à cinq km de la ville. Profondément touché, Kong Youde prit la résolution de rester loyal envers la cour impériale des Qing.

     

    En 1644, les Mandchous de la Chine du Nord-Est fondèrent la dynastie des Qing et installèrent leur capitale à Beijing. Pendant les guerres de répression des révoltes dans la Plaine centrale, Kong Youde était aux premières lignes de combat. Son armée partit du Nord-Est et combattit au sud et au nord du Yangtsé. Pour établir et renforcer l'autorité dans la Plaine centrale, Kong accomplit des exploits éclatants. Finalement, on lui conféra le titre de Dingnanwang (roi maintenant l'ordre dans la région Sud-Ouest).

     

    Née en 1645, Kong Sizhen a donc grandi sous l'étendard militaire et a reçu le baptême du feu. En 1652, son père livrait un combat contre une armée paysanne dans la région de Guilin (alors province du Guangxi), qu'il occupait, et il fut encerclé par l'armée paysanne. Au cours du combat, il fut atteint d'une flèche à la tête. La ville fut prise, son père battit en retraite dans sa résidence et l'incendia. Une centaine de membres de la famille se donnèrent la mort, à l'exception de Kong Sizhen qui avait alors sept ans. On dit qu'elle fut sauvée par des hommes de la suite de son père.

     

    Le séjour à Beijing

     

    Après avoir réprimé les révoltes, l'empereur Shunzhi ordonna aux gardes d'honneur d'accompagner Kong Sizhen à Beijing. En 1654, la ville animée accueillit l'arrivée de Kong Sizhen. Sa garde d'honneur passa entre deux haies de spectateurs et de fonctionnaires et se dirigea vers le palais impérial. En voyant cette fillette esseulée, l'impératrice douairière Xiaozhuang se sentit profondément émue. Elle serra l'enfant dans ses bras et déclara : « Tu es si jeune, mais tu as connu tant de malheurs. Désormais, tu pourras me considérer comme ta mère. » Après avoir entendu ses paroles, la gentille fillette se hâta de se prosterner, front contre terre, et dit : « Merci beaucoup, Mère, et je vous souhaite longue vie. »

     

    Le gouvernement des Qing ordonna aux fonctionnaires de construire un temple à la mémoire de Kong Youde. En tant que femme, Kong Sizhen ne pouvait succéder au trône de son père, mais elle avait le droit de jouir d'un traitement princier et de prendre en main le pouvoir militaire et les affaires de la résidence princière. Par ailleurs, Xiaozhuang demanda au ministre des Rites (l'un des six ministres du gouvernement impérial des Qing) de lui fournir 20 000 taëls d'argent. Plus tard, l'empereur Shunzhi publia un édit et remit à Kong Sizhen un registre lui conférant le titre de Heshuo Gege (princesse de premier rang).

     

    L'impératrice douairière Xiaozhuang, épouse de Huangtaiji, déployait beaucoup de talent en politique. Son fils Shunzhi et son petit-fils Kangxi montèrent sur le trône dès leur enfance. Par conséquent, elle jouait un rôle prépondérant dans les décisions politiques. S'appuyant sur sa position particulière, elle aida trois empereurs à consolider leur pouvoir, après qu'ils eurent établi leur capitale à Beijing.

     

    Pour maintenir la domination du gouvernement des Qing, l'impératrice douairière Xiaozhuang adopta Kong Sizhen et en fit une femme compétente, tant sur le plan des affaires civiles que militaires. Elle demanda à Kong de lire non seulement le Livre des Odes et le Canon des documents, mais encore d'apprendre les arts martiaux et de s'y exercer avec les princes.

     

    Kong Sizhen était à la fois belle et compétente, et dès qu'elle eut atteint l'âge adulte, Xiaozhuang consentit avec plaisir à ce qu'elle ait la position d'impératrice de Shunzhi. Ayant été élevés ensemble, Shunzhi et Kong Sizhen s'étaient liés d'une amitié pure et leur mariage ne figurait toujours pas dans les plans immédiats. Malheureusement, l'empereur Shunzhi mourut à l'âge de 23 ans.

     

    Après la mort de Shunzhi, Xiaozhuang donna à Kong l'investiture de la garde impériale de premier rang. Puis elle l'envoya commander les forces armées qui protégeaient les tombeaux impériaux.

     

    Le mariage de Kong Sizhen

     

    Au début des Qing, la cour impériale conféra des titres de roi local à quatre grands généraux des Ming, en raison de leur position, de leur talent et de leurs mérites remarquables, et ceux-ci se soumirent à la cour des Qing. Ce sont : Wu Sangui, le Pingxiwang, qui occupa les provinces du Yunnan et du Guizhou; Geng Zhongming, le Jingnanwang, qui domina la province du Fujian ; Shang Kexi, le Pingnanwang, qui administra la province du Guangdong ; et Kong Youde, le Dingnanwang qui dirigea ce qui était alors la province du Guangxi. Après le décès de Kong à Guilin, la position royale de Kong Youde fut remplie par Sun Yanling, mais en réalité, il ne restait que trois rois locaux de la première heure.

     

    Au fur et à mesure qu'ils acquéraient de la puissance, les trois autres rois commencèrent à se conduire en despote, et plus particulièrement Wu Sangui. Dans les provinces du Yunnan et du Guizhou, il développa des armements et des contingents militaires (de 20 000 à 100 000 soldats) pour se préparer à une guerre, forma une coterie à des fins illicites, accabla le peuple d'impôts, exploita sans scrupule des mines pour frapper la monnaie et monopolisa le commerce frontalier. En demandant au gouvernement des Qing de prendre en charge les dépenses militaires annuelles de plus de 20 millions de taëls d'argent, il refusa d'appliquer les ordres du gouvernement.

     

    En un mot, la puissance des rois locaux menaçait sérieusement la sécurité politique, économique et militaire de l'État. Le gouvernement des Qing les considérait donc comme des cancers.

     

    À l'âge de 8 ans, Kangxi monta sur le trône et fut proclamé empereur après la mort de son père Shunzhi. Kangxi (règne de 1661 à 1722) est l'empereur le plus renommé des Qing. Avec l'aide de sa grand-mère paternelle, ce jeune empereur prometteur décida d'éradiquer tous ces despotes locaux.

     

    Pour contrôler la puissance du Guangxi, Xiaozhuang demanda à Kong Sizhen d'épouser Sun Yanling, sous le prétexte que leurs fiançailles avaient été arrangées par leur père.

     

    Kong Sizhen savait que Sun Yanling était un jeune dandy et un incapable, et elle comprit les intentions de sa mère adoptive. Prenant en considération tous les intérêts en cause, elle accepta finalement cet arrangement. Kong s'installa à Guilin après son mariage. Puis, l'empereur Kangxi offrit titres et fonctions à Sun, à la condition qu'il en confie la direction à sa femme Kong Sizhen. Devant manœuvrer au sein d'un mariage si tragique et avec un mari si vil, Kong Sizhen se vit obligée de publier un règlement strict énonçant que « sans sa permission, son mari ne devait pas faire feu ». Dans l'histoire de la Chine, c'était une nouvelle inattendue et rarement prise sous la menace de la cour impériale.

     

    Réprimer la révolte

     

    En 1673, l'empereur Kangxi approuva la demande du Pingnanwang Shang Kexi de prendre sa retraite et de rentrer dans son pays natal. Kangxi déclara : « La province du Guangdong est en paix et l'autorité locale en place peut être annulée. » À cette nouvelle, le Pingxiwang Wu Sangui et le Jingnanwang Geng Zhongming se sentirent fébriles. Ils présentèrent par écrit à Kangxi leur avis de se retirer pour sonder son opinion. Cependant, Kangxi accepta de publier un édit de ratification. Dans cette situation, Wu Sangui se révolta le premier contre la dynastie des Qing, geste qui fut suivi par les deux autres rois. Pendant les troubles avec ces trois rois locaux, la guerre civile sévissait dans onze provinces du pays.

     

    Au début de la révolte, Wu Sangui dépêcha des envoyés pour s'associer à Sun Yanling qui n'osait pas agir à la légère, car il avait manqué de soutien de la part de sa femme et de ses troupes. Par la suite, cette girouette changea d'avis. En prenant une série de mesures, il fit arrêter sa femme en ordonnant qu'elle soit assignée à résidence, tua une trentaine de généraux qui faisaient preuve d'hostilité et emprisonna le gouverneur envoyé par la cour des Qing dans la province du Guangxi. Se prétendant de roi Anyuan, il se révolta de concert avec Wu Sangui.

     

    À ce moment critique, Kong Sizhen tenta des efforts ultimes. Elle invita son mari à capituler et coopéra avec Fu Honglie, fonctionnaire local, pour réunir clandestinement des informations. Finalement, elle dépêcha des envoyés pour demander l'aide de l'armée des Qing. À ce moment critique, Sun Yanling hésitait entre deux routes et fut finalement tué par Wu Sangui qui révéla le complot de Kong Sizhen. Dès que la ville de Guilin fut enlevée par Wu Sangui, Kong Sizhen tomba aux mains de l'ennemi et fut amenée dans la province du Yunnan. Sachant que Kong était la fille unique du Dingnanwang et vu le grand prestige dont elle jouissait dans la province du Guangxi, Wu Sangui n'osa pas la tuer.

     

    Après huit années de guerres civiles, les troubles des trois rois locaux furent complètement réprimés. Après avoir passé quatre ans de sa vie en prison, Kong Sizhen fut remise en liberté. L'empereur Kangxi la fit chercher et amener à la cour impériale où cette femme de 36 ans poursuivit son veuvage. Elle mourut à l'âge de 68 ans. Pour réconforter son âme blessée, la cour des Qing lui fit des funérailles solennelles.

    Source : LCAP




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  • Commentaires

    2
    Dimanche 20 Avril 2008 à 20:14
    1
    Dimanche 20 Avril 2008 à 17:54
    otsmani
    une legende reste une legende pourqoui aujourd'hui on a pas de legendes
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