• Contes et légendes du Maroc - Le lion de Meknès

    Meknès, la noble cité s’élève au centre d’une immense plaine. Elle fut pendant longtemps, la plus glorieuse des villes impériales. En ce temps là il y avait encore des lions…


    … Ouda était un lion superbe et généreux. Sidi Schalab était un eunuque avare qui touchait l’argent que le sultan Moulay Abd-el-Aziz destinait aux habitants du palais. D’une cupidité révoltante, il empochait l’argent et laissait, pendant des jours, les femmes et les lions du palais sans nourriture.


    Les femmes disposaient pour se promener, d’un vaste enclos que l’on qualifiait de jardin, mais sans herbe, ni fleurs, ni plante, ni arbuste ; les dalles des allées étaient brisées ; les fontaines étaient sèches… L’enclos des femmes communiquait librement avec une cour autour de laquelle s’alignaient les cages des fauves.


    A la place d’honneur était celle d’Ouda, lion de l’Atlas déjà vieillissant, mais dont l’âge n’avait altéré que la force et la beauté, et non point l’appétit.


    Les femmes révoltées par cet état de fait, échafaudèrent un plan sous la direction de Béhobé.


    Se dirigeant vers la cage d’Ouda, Béhobé tira doucement le verrou qui fermait la porte de la cage. Le lion ne s’éveilla pas et la vieille femme repartit comme elle était venue.


    Le soir, Sidi Schlah réintégra le palais ivre comme à son habitude. Son ivresse ne l’empêcha pas de remplir ses fonctions habituelles ; il pénétra dans le harem, fit le tour des chambres où couchaient les sultanes. Tout était normal, aucune femme n’était éveillée.


    Il alla rendre visite aux fauves qui grognaient, claquaient des mâchoires affamées.


    Sidi Schlah ricana : «  c’est drôle qu’ils aient faim quand moi j’ai trop langé et peut-être un peu trop bu ».


    Il alla braver Ouda et se dirigea vers la cage du lion.


    « Ha ! ha ! ha !, le jeûne ne te plait pas.


    L’animal poussa un rugissement plus violent, la porte céda sous le poids du lion ; subitement celui-ci se trouva libre et bondit sur l’eunuque.


    Le lendemain, les gardiens ne trouvèrent pas Sidi Schlah.


    Ils explorèrent le palais et le harem, rien, alors les eunuques entrèrent dans la ménagerie, un spectacle affreux les attendait ; Ouda le lion de l’Atlas, ronflait paisiblement au centre de la cour, la tête sur les pattes, la langue à moitié sortie de sa gueule, tandis que les autres lions dans leurs cages rugissaient d’envie et de jalousies.


    Autour d’Ouda, visiblement repu, s’éparpillaient des os soigneusement dépouillés de leur chair et un crâne humain auquel étaient encore attachés quelques cheveux. Des lambeaux de vêtements trainaient çà et là et les eunuques reconnurent la djellaba de leur chef.


    On parvint avec peine à faire rentrer Ouda dans sa cage. Un successeur fut donné à Sidi Schlah et celui-là, profitant de la leçon veilla à ce que les lions soient bien nourris.


    Mais comme les femmes n’avaient pas mangé leur gardien, et comme on n’avait pas peut qu’elles ne le fissent, elles furent comme par le passé, oubliées plus qu’il n’était équitable dans le partage du couscous.



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