• Contes et légendes de Turquie – Les trois lapins

    Il y a bien longtemps, il était une fois trois petits lapins qui vivaient heureux dans un trou profond, avec leurs parents. Quand ils eurent atteint l’âge d’un mois leur père les réunit et leur dit :

     

    - Petits, faites bien attention à ce que je vais vous dire.

     

    Trois paires de longues oreilles se dressèrent.

     

    - Vous avez aujourd’hui un mois et vous êtes d’âge désormais à vous débrouiller tout seuls. Notre terrier devient trop petit et il faut songer à faire de la place pour vos frères qui naîtront à l’avenir. La loi veut que vous partiez, que vous creusiez chacun votre trou et que vous fondiez un foyer. Quand je suis parvenu à l’âge d’un mois j’avais moi aussi quitté le trou paternel. Tâchez de vous établir dans le voisinage, nous nous verrons souvent.

     

    Les lapereaux firent leurs adieux et s’en allèrent. Le premier d’entre eux, tout en trottant allègrement, se disait à lui-même :

    - je ne suis pas fait pour vivre ainsi sous la terre. Je m’ennuyais à la fin dans cette caverne obscure où je vivais avec mes parents. Le temps est si beau. Je vais me bâtir une cabane dans le plus beau taillis, près de la prairie où je pourrai aller brouter à ma fantaisie, et j’y ferai des fenêtres pour regarder le paysage quand je me reposerai ».

     

    Ainsi fit-il. Amassant feuilles, mousses, branchages et ronces sèches, il se bâtit une fort belle cabane et y prit un repos réparateur. Puis il alla déjeuner d’herbe fraîche dans la prairie. Comme il faidsait la sieste, il sentit venir l’ennemi héréditaire, celui que sa famille et lui avaient appris à fuir du plus loin, le renard. Il se leva prestement et décampa au plus vite sans écouter les paroles mielleuses du rusé.

     

    - Petit lapin, ne t’enfuis pas de la sorte, je ne te veux aucun mal, mais seulement causer quelques minutes avec toi.

     

    - Perfide renard, tu voudrais me manger mais tu ne m’attraperas pas.

     

    Et de se réfugier dans sa cabane.

     

    Mais quand le renard, qui l’avait suivi à la trace, vit le nid de branchages, il ne put retenir un éclat de rire. En quelques secondes la maison du petit lapin fut éventrée, dévastée et le pauvre petit périt sous la dent cruel victime de son inexpérience et de sa présomption.

     

    Le second des lapins était parti de son côté.

     

    « je sais bien ce que je vais faire, j’en ai assez de vivre dans des trous noirs et obscurs, je vais me faire un nid dans le creux d’un arbre. »

     

    Et ramassant çà et là de la mousse et de la paille, il se fit un joli nid semblable à un nid d’oiseau. Puis, il alla brouter dans la prairie voisine. Brusquement, il vit surgir le renard ; aussitôt il s’enfuit et se réfugia dans son nid où il n’offrait pas un obstacle suffisant à la dent du méchant. En quelques minutes il était saigné et dévoré.

     

    Le troisième lapin était parti chercher fortune non loin de là, dans un petit bois du voisinage.

     

    « je me creuserai, pensait-il un trou encore plus profond que celui de mes parents, d’entrée encore plus étroite et tortueuse ».

     

    Il se mit avec ardeur à la tâche et se construisit en quelques jours un terrier profond et bien protégé où il se logea.

     

    Un jour qu’il était allé flâner dans la rosée du matin, le renard l’aperçut et se mit à sa poursuite. Mais le petit lapin se réfugia dans son trou et se moqua du renard qui ne pouvait y pénétrer. Celui-ci attendit quelque temps devant l’entrée, puis dépité, s’en alla.

     

    Ainsi fut sauvé le dernier des petits lapins pour s’être montré plus intelligent que ses frères et avoir compris que son père ne les avait pas élevés sans raison dans un trou obscur plutôt qu’à la lumière du soleil et que la jeunesse ne doit pas mépriser la sagesse de ses pères…

     

     


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