• Contes et légendes de Turquie – Le paysan, le cadi et les trois voleurs

    Trois voleurs aperçurent un jour un paysan qui s’en allait à la ville sur son âne, pour vendre au marché un mouton qu’il avait attaché à la queue de sa monture et qui avait une clochette au cou. L’un des voleurs ayant parié qu’il volerait le mouton, un autre déclara qu’en ce cas il volerait l’âne. Quant au troisième voleur, il affirma que si les deux compères réussissaient dans leur entreprise, il volerait, quant à lui, les habits du bonhomme.


    Aussitôt dit, aussitôt fait. Le premier voleur s’approche doucement du paysan par derrière, dénoue la clochette du cou du mouton et l’attache à la queue de l’âne ; puis il s’en va avec le mouton. Le second voleur laisse passer quelques minutes puis il s’approche du paysan.


    - Eh ! l’homme, dit-il pourquoi donc as-tu attaché une clochette à la queue de ton âne ?


    Le paysan se retourne et voit que le mouton a disparu.  Il descend immédiatement de sa monture et se met à chercher par tout l’animal. Dès qu’il s’est un peu éloigné, il ne reste plus au deuxième voleur qu’à s’en aller avec l’âne.


    Alors le troisième voleur se dépêche de courir jusqu’au puits qi se trouvait non loin de là sur le bord de la route. Il se penche sur la margelle et fait semblant quand le paysan arrive, de regarder vers le fond du puits. Quand le paysan lui demande s’il n’a pas vu son mouton, il lui répond qu’en reflet il a vu de loin quelque chose qui ressemblait à un mouton sauter dans ce puits. Aussitôt notre homme se déshabille et descend dans le puits pour chercher son mouton. Le troisième voleur s’empare des vêtements du paysan et s’en va en toute tranquillité. Quand notre homme sortit du puits, il ne lui restait ni vêtements, ni âne, ni mouton.


    C’est dans cet état qu’il arrive tout nu et comme fou à la ville voisine. En entrant dans la ville la première personne qu’il voit est la femme du cadi qui regardait par sa fenêtre.


    - D’où viens-tu donc dans cet état ? Que t’est-il arrivé ?


    Notre homme affirma qu’il arrivait de l’enfer où il s’ennuyait ; or le frère de la dame, venait de mourir.


    - Tu viens de l’enfer, n’y as-tu pas vu mon pauvre frère ?


    - Certes, je l’ai vu, les démons le battaient sans trêve du matin au soir ; il m’a justement envoyé à vous pour que vous le délivrer.


    La femme du cadi à ces mots fait immédiatement monter le paysan et lui donne tout l’argent qu’elle peut trouver. Notre homme s’en va délivrer le frère de la dame.


    Quand le cadi peu de temps après, rentre à sa demeure, il trouve sa femme en larmes. Son épouse lui raconte les souffrances de son frère en enfer. Le cadi en fureur saute sur son cheval et se met à la poursuite de ce vagabond à demi nu qui n’a pas dû aller bien loin.


    Il aperçoit dans un coin du marché un individu à demi nu qui cherche à se dissimuler et le voit ouvrir la porte du minaret de la grande mosquée pour s’y cacher. Notre paysan s’était caché juste derrière la porte ; le cadi monte sans le voir et le bonhomme sortant en hâte de la mosquée monte sur le cheval du cadi et s’enfuit.


    Le cadi en redescendant du minaret ne trouve plus sa monture et rentre tout penaud à la maison.


    Sa femme l’attend à la porte.


    - Qu’as-tu fait de ton cheval ?


    Alors le cadi répond :


    - Ton frère est sauvé de l’enfer, mais pour qu’il ne remonte pas à pied, je lui ai envoyé aussi mon cheval…

     



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