• Contes et légendes de Turquie – Le loup qui vient de la montagne

    Pendant mon sommeil je fis un drôle de rêve…

     

    …Un jour un vent de querelle souffla dans la jungle. Les éléphants barrissaient, els serpents filaient comme des flèches dans les fourrés, les tigres sortaient leurs griffes et leurs yeux luisaient comme des éclairs, les ours poussaient de sourds grognements, les chacals aboyaient sans trêve. Les loups sortirent aussi de leurs cavernes en immenses troupeaux et prirent part aux batailles. Les aigles centenaires déchiraient les oiseaux dans le ciel et il pleuvait des débris d’ailes et de sang. Dans toute la jungle, il ne restait ni source pure ni tanière inviolée, ni buisson intact, ni arbre géant dont les racines n’eussent été déterrées, les branches fracassées les feuilles flétries.

     

    Après quarante longs jours et quarante nuits de combats, l’éléphant roi de la forêt, sonna la trompette de la paix. Tous les animaux se réunirent près d’une fontaine. Ce n’tait qu’éléphants boiteux, aux défenses brisées, que lions et tigres au griffes arrachées, en piteux état, qu’ours balafrés et la mine défaite, que serpents à la peau déchiquetée et couverts de bave. La guerre avait été terrible. L’éléphant fit un grand discours et proclama que le monde des animaux devait enfin connaître la paix. Chaque espèce vivrait désormais dans la tranquillité au milieu d’une zone qui lui serait réservée…

     

    La paix proclamée, les herbivores retrouvèrent vite leur nourriture accoutumée mais les grands carnivores s’adaptèrent plus difficilement ; Ce n’tait pas que le régime de fruits et de pousses d’arbres fût malsain, mais une irrésistible envie de chasse et de carnage les saisissait souvent à la vue de ces troupes de petits animaux qui les accompagnaient. Enfin ils se réunirent et décidèrent qu’un tel système de paix absolue ne pouvait durer. Il fallait au moins une espèce sacrifiée, qu’on pourrait chasser impunément et qui vouée à la poursuite et à l’extermination. Tous poussèrent un seul cri :

     

    - Les loups, les loups !

     

    Dans toute la jungle notre race fut proscrite, hurla mon compagnon, et le peuple de la jungle envahit le pays des loups… Quittant cette jungle maudite, la race des loups se réfugia dans les montagnes où elle prêta serment de vengeance, en de longs hurlements.

     

    Quand j’ouvris les yeux, les premières lueurs de l’aurore apparaissaient sur la mer et chassaient la clarté jaunâtre de la lune. Mon cœur était froid et vide. Il me sembla que ce conte vivait en moi depuis de nombreuses années. C’est assez naturel, car les histoires de loup sont de longues histoires…

     


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