• Contes et légendes de Turquie – Le Berceau vide

    Il y a de cela bien longtemps, en Anatolie, un chef nomade et sa femme n'arrivaient pas à avoir d'enfant. Leur tristesse rejaillissait sur toute la tribu, et celle-ci se déplaçait, encore et encore, en espérant qu'elle finirait par trouver un endroit propice.

    Enfin, au bout de sept années d'errance, l'épouse du chef tomba enceinte et un fils naquit. Pour la première fois de son histoire, la tribu resta au même endroit quarante jours et quarante nuits : ce fut une fête mémorable où toutes les autres tribus passèrent pour rendre hommage au nouveau-né et à ses parents.

    Au matin du quarantième jour, même les plus grandes réjouissances ayant une fin, il fallut reprendre la route. Les nomades arrivèrent bientôt dans une forêt profonde, effrayante, où le vent se mit à souffler en tempête. Malgré ses efforts pour rester groupée, la tribu dut se disperser, et chacun de ses membres se retrouva seul pour lutter contre les éléments. La tribu se reforma petit à petit à la sortie de la forêt. Tout le monde semblait être là, mais on s'aperçut que le berceau du nouveau-né, porté à dos de chameau, était vide.

    Lorsque la tempête se fut calmée, la tribu retourna dans la forêt. L'enfant demeura introuvable, mais on découvrit en haut d'un arbre, dans un nid d'aigle, la couverture qui l'avait enveloppé. Le tissu était déchiré, taché de sang. Folle de douleur, la mère se mit à courir dans tous les sens en hurlant. Elle disparut au cœur de la forêt en jurant qu'elle n'en ressortirait pas sans son fils.

    Le chef ordonna que l'on recherche sa femme mais, comme pour son fils, cela ne donna aucun résultat. Certains des nomades revinrent quand même lui dire que, parfois, quand le vent se mettait à souffler, on entendait un chant désespéré qui s'élevait pour se lamenter de la perte d'un enfant.

    Ecrasé de douleur, le chef décida de partir seul pour retrouver sa femme et son fils. La tribu attendit longtemps, très longtemps, à la sortie de la forêt, mais lui non plus on ne l'a jamais revu. On dit que dans cette forêt maudite, on peut toujours entendre le chant de la mère cherchant son fils, un chant si beau et si triste qu'encore aujourd'hui les femmes de la tribu se le transmettent de génération en génération, de mère en fille.



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