• Contes et légendes de Turquie - La légende d’Oghouz

    Ce jour-là était remplit d’orage ; dans une tente une jeune file accouchait d’un fils qu’on nomma Oghouz. Ses yeux étaient bleus, ses lèvres rouges et brûlantes comme le feu, ses cheveux et ses sourcils noirs comme la nuit ; il était plus beau que les dieux eux-mêmes.

     

    Après avoir goûté une première fois du lait de sa mère, il refusa d’en boire de nouveau, mais réclama de la viande et du vin. A quarante jours il parlait, marchait et jouait. Il grandit et devint rapidement d’une force prodigieuse, avec une poitrine plus large que celle des grands ours, des reins plus agiles que ceux des loups. Il passait son temps à chasser et à dompter les troupeaux de chevaux sauvages.

     

    Les jours, les années passèrent. Or, il y avait en ce temps-là, dans ces parages, une grande forêt, traversée de rivières profondes et peuplées de nombreuses bêtes féroces. Dans cette forêt vivait un dragon terrifiant, qui dévorait hommes et chevaux et était le fléau des habitants de la contrée. Oghouz décida de lui donner la chasse.

     

    Un jour, prenant son arc et ses flèches, son épée et son bouclier, il s’enfonça dans la forêt. Il força un cerf, le lia à un arbre avec une branche de saule et s’en alla.

     

    Le lendemain, il revint dès l’aube. Le dragon avait dévoré le cerf. Cette fois il prit un ours, l’attacha au tronc d’arbre avec sa ceinture d’or et s’en alla.

     

     Le lendemain matin, le dragon avait dévoré l’ours. A lors cette fois il resta lui-même au pied de l’arbre, pour y passer la nuit. Il veilla toute la nuit ; aux premières lueurs de l’aurore, le dragon parut dans un bruit d’ouragan qui faisait trembler le feuillage et s’entrechoquer les branches, le monstre à tête d’animal, aux pieds humains, aux griffes tranchantes se jeta sur le héros qui l’attendait de pied ferme.

     

    Oghouz lutta longtemps avec le monstre, il lui creva un œil avec sa javeline. Le dragon aveuglé hurlait de douleur, déracinant les arbres de la forêt et heurtant le sol de terribles coups de queue. Oghouz planta son épée dans la gorge qui se tordait et lui coupa la tête d’un revers de lame.

     

    Il retourna au village et jeta sur la place la tête du monstre encore toute frémissante.

     

    La foule s’abandonnait à la joie de la délivrance, Oghouz se retira dans une vallée écartée, pour prier Dieu et le remercier de sa victoire. Le soir de retour dans son village, il vie une jeune fille et en tomba amoureux fou et crut en perdre l’esprit.

     

    Il épousa la jeune fille et en eut trois fils qu’on appela Jour, Lune et Etoile…

     

    Un autre jour qu’Oghouz chassait comme à l’accoutumée, il s’égara dans une région inconnue de lui. Sur sa route s’offrit le lac et à son milieu il y avait une petite île, sous un arbre était assise une merveilleuse jeune fille, aux yeux plus bleus que le ciel, aux dents de perle, aux cheveux ondulés comme les vagues. Il l’épousa et eut d’elle trois autres fils qu’on appela Ciel, Montagne et Mer…

     

    L’autorité d’Oghouz était maintenant reconnue par toute la tribu. Lors qu’un festin, il se leva et dit :

     

    - Nos guerriers s’amollissent, moi que vous reconnaissez pour votre roi, je vous ordonne de prendre vos arcs, vos flèches, vos javelines, vos boucliers. La fortune suivra nos pas, les nom du loup sera notre cri de guerre.

     

    Il envoya partout des émissaires porter ses ordres et enjoindre aux tribus voisines de reconnaitre sont autorité.

     

    Un de ses voisins, qu’on appelait le roi d’or, accueillit tout de suite avec faveur les ambassadeurs d’Oghouz et envoya à celui-ci un riche tribut d’or et d’argent en signe de soumission. Mais sur l’autre frontière réglait un roi nommé Ouroum, qui possédait de nombreuses villes et une grande armée. Il refusa de payer tribut. Oghouz marcha contre lu avec toutes ses forces. Au bout de quarante jours, l’armée campa au pied d’une montagne de glace, aucun passage n’apparaissait…

     

    Mais un jour à l’aube, une lueur plus brillante que le soleil pénétra dans sa tente et de cette lueur sorti un grand loup gris, à la crinière et aux poils azurés.

     

    - Je viens te monter la voie, et je marcherai devant ton armée.

     

    Le loup les guidait dans les passages difficiles. Au bout de quelques jours le grand loup s’arrêta, sur les bords du fleuve Idil. C’est là que se livra la bataille la plus terrible. Oghouz remporta la victoire et s’empara du royaume de son ennemi.

     

    Il continua à conquérir des contrées toujours guidé par le loup gris.

     

    Oghouz était devenu vieux. Il avait pour ministre et confident un vieillard fort expérimenté du nom d’Oulou Turuk. Une nuit cet homme vit en rêve un arc d’or et trois flèches d’argent L’arc couvrait la terre de l’Orient à l’Occident et les flèches s’étendaient vers les pays du Nord. Il raconta son rêve à Oghouz  et lui dit :

     

    - O grand roi, le dieu du ciel m’a révélé la vérité dans ce songe. Il veut que tu partages tes immenses domaines entre tous tes enfants, afin que la race turque règne sans conteste sur toute la surface de la terre.

     

    Oghouz approuva ces paroles et fit appeler ses enfants.

     

    - Je voudrais pourvoir encore chasser, mais je suis devenu vieux et je suis affaibli par l’âge. Allez chasser pour moi et vous me rapporterez votre butin. Vous trois, dit-il à Jour, Lune et Etoile, allez du côté de l’Est. Que Ciel, Montagne et Mer aillent vers l’Ouest.

     

    Les enfants partirent. Vers le soir les trois grands frères réapparurent. Ils avaient trouvé un arc d’or qu’ils apportaient à leur père.

     

    Peu après rentrèrent les trois frères cadets qui avaient beaucoup chassé et avaient trouvé sur le chemin trois flèches d’argent.

     

    Puis Oghouz réunit tout son peuple en une immense assemblée.

     

    Sur la grande place du camp il fit planter à droite et à gauche deux mâts de quarante coudées de haut. Au sommet de l’un était fixée une poule d’or, et à son pied était lié un mouton blanc. Au sommet de l’autre était fixée une poule d’argent et à son pied attaché un mouton noir. Les frères aînés se groupèrent autour du premier et les plus jeunes autour du second.

     

     

    Oghouz fit diviser le peuple en deux parties qui se groupèrent autour des deux mâtes et jurèrent fidélité à leurs nouveaux chefs. Les festins et les réjouissances qui suivirent durèrent quarante jours et quarante nuits.

     

    Oghouz sentant la fin prochaine, partagea son empire entre ses enfants et leur dit ces simples mots :

     

    - Mes enfants, j’ai beaucoup combattu, j’ai tiré beaucoup de flèches et bien souvent bandé mon arc. J’ai fait du mal à mes ennemis et du bien à mes amis. J’ai toujours rendu au dieu du ciel ce que je lui devais. Je vous laisse maintenant la terre turque. Protégez-la et défendez-la comme je l’ai fait.

     

    Et le vieux roi, penchant la tête sur son épaule s’endormit du dernier sommeil.

     

     



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