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Contes et légendes de Turquie - Djeha-Hodja Nasreddin
51 - Djeha-Hodja Nasreddin et le chinois
Djeha-Hodja Nasreddin prétend qu'il a fait jadis un voyage en Chine et que, là-bas, il a appris le chinois. Quelqu'un, qui doit s'y rendre prochainement pour affaires, lui demanda de lui enseigner quelques mots courants.
- Par exemple, dit-il, comment dit-on "éléphant" ?
- Pourquoi choisir un mot qui ne te servira à rien ? Ils n'ont pas d'éléphants.
- Alors, comment dire "moustique" ?
- "éléphant", "moustique", tu as le sens de la démesure ! L'animal que tu choisis est soit trop grand, soit trop petit. Là-bas, on n'aime pas beaucoup les gens qui n'ont pas le sens de la mesure. Tu ne pourrais pas choisir un animal de taille
raisonnable ?
- Alors, si je veux acheter un veau, comment dire ?
- Quand j'ai quitté la Chine, les veaux venaient juste de naître. Ils n'ont pas eu le temps de leur donner un nom52 - Le voyageur rusé et le mur
Un voyageur, de passage au village, demanda à un homme, adossé à un mur, s'il connaissait bien Djeha-Hodja Nasreddin ?
- Je voudrais le rencontrer, dit-il, car on prétend qu'il est rusé. Étant donné que je prétends être plus rusé, je voudrais me mesurer à lui.
L'homme lui répond :
- Peux-tu maintenir ce mur avec ton dos ? Ici, les hommes du village se relaient pour éviter qu'il ne tombe. Pendant ce temps, je vais aller chercher Djeha-Hodja Nasreddin et je reviens prendre ma place.
L'homme s'exécuta aussitôt. Au bout de quelques heures, des hommes du village qui se demandaient ce qu'il faisait, l'abordent. Il leur expliqua ce qui s'est passé. Ils lui répondirent :
- Pauvre idiot, tu as eu affaire à Djeha-Hodja Nasreddin lui-même ! ! !53 - Simple idiot et Super idiot
Un jour, Djeha-Hodja Nasreddin alla au moulin pour faire moudre son blé. En attendant son tour, il s'est mis à prendre des poignées de grains d'autres sacs pour les mettre dans le sien. Le meunier remarqua le manège et se mit à crier après Djeha-Hodja Nasreddin :
- Qu'est-ce que vous êtes en train de faire ?
- Je suis un idiot et je fais ce qui me vient à l'esprit, répondit Djeha-Hodja Nasreddin.
- Vraiment, rétorqua le meunier. Alors pourquoi ne prenez-vous pas du blé de votre propre sac pour le mettre dans les autres.
- Voyez-vous, dit Djeha-Hodja Nasreddin calmement, je ne suis qu'un simple idiot. Si je faisais cela, je serais un super idiot54 - Avare ou généreux
Une riche personnalité du village donnait un grand banquet et Djeha-Hodja Nasreddin n'y avait pas été invité. Il se présenta néanmoins au dîner, alla trouver l'hôte et lui dit :
- Je suis juste venu te dire que certains, au village, racontent qu'il n'y a pas plus avare que toi.
- Moi avare ! Si je l'étais, est-ce que je donnerais ce banquet ?
- Me voilà rassuré, dit Djeha-Hodja Nasreddin, les gens qui parlent ainsi ne sont que des mauvaises langues, jaloux de ta prospérité. Quant à moi, je n'ai jamais douté de ta générosité.
Et il alla tranquillement s'asseoir à une des tables.55 - Le chameau fabuleux
Un jour Tamerlan, en bavardant avec Djeha-Hodja Nasreddin, parlait de façon étrange, exagérant tellement que, dans ses propos, une puce est devenue un chameau. Djeha-Hodja Nasreddin était très ennuyé. Finalement, il a exagéré plus que lui, qu'il a fait d'un chameau un animal énorme et fabuleux :
- En vérité, j'ai eu beaucoup de chameaux auparavant. Mais je n'avais jamais vu un chameau tel que celui j'ai actuellement. Si je lui dis "marche", il le fait. Si je lui dis "vole", il le fait. Malheureusement, il ne peut ni lire ni écrire, comme mon fils !
Tamerlan était ébahi. Il lui dit :
- Djeha-Hodja Nasreddin, s'il te plaît, laisse-moi voir cette étrange créature !
Djeha-Hodja Nasreddin demeura imperturbable et répondit :
- Majesté, ces jours-ci, je lui enseigne les premiers rudiments de la prière. Si Dieu le veut, quand je reviendrai l'an prochain, il se mettra à genoux devant vous !
Tamerlan attendit le jour convenu avec impatience. Comme ce jour est arrivé, Djeha-Hodja Nasreddin dit :
-Seigneur, que vous dire ! Une fois qu'il a commencé à lire le Coran, cela lui tellement plu qu'il à insisté pour le mémoriser dans sa totalité. L'année prochaine, s'il plaît à Dieu, quand il saura le Coran par cœur, vous apprécierez sa voix mélodieuse !
Tandis que Tamerlan attendait avec anxiété l'année suivante, la femme de Djeha-Hodja Nasreddin et ses amis s'inquiétèrent pour sa vie
- Djeha-Hodja Nasreddin, tu es en train de jouer un jeu dangereux. Tamerlan, ne croira pas éternellement à ton mensonge. Il est temps d'arrêter !
Ce à quoi Djeha-Hodja Nasreddin répondit :
- Attendons, pourquoi paniquer ainsi ! Il reste encore beaucoup de temps jusqu'à l'année prochaine. Le chameau peut mourir ou Tamerlan peut mourir ou moi je peux mourir.
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