• Contes et légendes de Turquie - Djeha-Hodja Nasreddin

    86 - Que croire et qui croire ?

    Djeha-Hodja Nasreddin travaillait au bazar comme porteur occasionnel. Un jour, un marchand l'appela et lui demanda de l'accompagner chez lui pour porter une lourde caisse contenant un lot d'assiettes en porcelaine. Comme Djeha-Hodja Nasreddin demandait quel serait son salaire, le marchand lui dit :
    - Écoute, j'ai tout dépensé et il ne me reste plus d'argent. Je te paierai à la fin de la semaine, quand j'aurai vendu ma récolte de dattes. En attendant, pour t'encourager, je te livrerai trois secrets, en cours de route.
    Après un certain temps, Djeha-Hodja Nasreddin s'arrêta car il ressentait la fatigue. Il demanda alors à l'homme de lui dévoiler le premier secret.
    - D'accord, dit ce dernier. Si quelqu'un te dit que cinq et cinq font neuf, surtout ne le crois pas.
    Reposé, Djeha-Hodja Nasreddin reprit son chemin, mais il s'arrêta de nouveau et dit au marchand :
    - Je ne ferai pas un pas de plus si tu ne me dis pas le deuxième secret.
    - D'accord, dit l'homme, si quelqu'un te dit que le sable est un aliment très nourrissant, ne le crois pas.
    Reprenant son chemin, il arriva exténué à destination, suivi par le marchand, qui lui dit :
    - Voici le troisième secret : si quelqu'un te dit que je tiens toujours mes promesses, surtout ne le crois pas.
    A ce moment, Djeha-Hodja Nasreddin lâcha la caisse, qui tomba avec un bruit retentissant. Il dit au marchand :
    - En échange de tes trois secrets, je vais, à mon tour, t'en révéler un : si quelqu'un te dit que tes assiettes sont toutes cassées, surtout crois-le.

     

    87 - Une question de lumière 
    Un jour, un homme trouve Djeha-Hodja Nasreddin en pleine nuit, à quatre pattes, cherchant quelque chose dans le halo de lumière d'un lampadaire.
    - As-tu égaré quelque chose ? Lui demande-t-il.
    - Oui, j'ai perdu mes clés, répond Djeha-Hodja Nasreddin.
    - Et où les as-tu laissées tomber ?
    - Là-bas, dit Djeha-Hodja Nasreddin, en désignant un porche obscur.
    - Mais alors pourquoi les cherches-tu ici, alors que tu les as perdues ailleurs ? C'est stupide !
    - Pas tant que ça ! Répond Djeha-Hodja Nasreddin, je préfère les chercher là où il y a de la lumière !

     

    88 - La vérité ou la mort
    Un jour le roi décida de forcer tous ses sujets à dire la vérité. Un gibet fut érigé devant les portes de la ville. Un héraut annonça que quiconque entrerait dans la ville devait d'abord répondre à une question qui lui sera soumise. Djeha-Hodja Nasreddin était le premier de la listes. Le capitaine de la garde lui a demandé
    - Où allez-vous ? Dites-nous la vérité – sinon ce sera la mort par pendaison.
    - Je vais à ce gibet,
    dit Nasreddin, pour y être pendu.
    - Je ne vous crois pas.
    - Très bien, si j'ai dit un mensonge qu’on me pende de suite!
    - Mais ce pourrait être la vérité,
    dit le capitaine !
    - Exactement, dit Nasreddin, votre vérité.

     

    89 - La dette de cinq piastres
    Djeha-Hodja Nasreddin flânait dans le marché quand un commerçant l'accosta, lui reprochant de ne pas payer sa dette.
    - Cher ami, lui demanda Djeha, combien vous dois-je au juste ?
    - Soixante-quinze piastres,
    cria le commerçant, en colère.
    - D’accord, d’accord, répondit Djeha. Vous savez bien que j'ai l'intention de vous payer trente-cinq piastres demain et trente-cinq autres le mois prochain. Cela signifie que je ne vous dois plus que cinq piastres. N'avez-vous pas honte de m'accoster ainsi en public pour une dette de seulement cinq piastres ?

     

    90 - De l'or ou des cailloux ?
    Dans un village où Djeha-Hodja Nasreddin était imam, les gens avaient l’habitude de collectionner des pièces d’or, de les mette dans une jarre et de l’enterrer dans leur jardin. Une fois par an, ils déterraient la jarre, admiraient les pièces puis l’enterrait de nouveau. Djeha prit des cailloux, les mit dans une jarre et l’enterra.
    - Effendi, ça ne va pas ainsi, tu dois remplir ta jarre d’or, lui dirent les gens.
    - Braves gens,
    dit Hodja,
    considérant que vous ne dépensez pas votre argent, qu’importe que ce soit de l’or ou des cailloux ?


     

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