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    Des contes en créole et français

     

     

     

     

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  • Glan Glan  « Contes et légendes des Antilles » Th. GEORGEL, p. 85-88

     

     Le Vendredi saint Aux Antilles est un jour sacré, un jour de recueillement.

     On ne voyage pas ce jour là. Un jeûne absolu est recommandé. Tout le monde prie. Chacun s’habille en deuil. On va à l’église  adorer la croix à trois heures de l’après-midi.

      Les enfants sont dans les  rues, faisant tourner les « raras » (coquilles d’œufs attachées par un crin de cheval, ou crécelles de bois).

      Les cloches sont parties à Rome.

      Il fait particulièrement  chaud. La nature est triste, les bêtes muettes. Elles se cachent.

     

      Un jour de Vendredi saint, un jeune homme (il avait le nom You glan glan) se leva de bonne heure et prit son fusil.

       « Iche moins chè, éti où ka allè com’ça ? » (Mon enfant cher, où t’en vas-tu ainsi ?).

    -         Je vais à la chasse,

    -         « Iche moins chè, c’est maudit ou maudit ! li vendredi saint moune pas ka soti, moune pas ka tué, moune ka prié ». « Mon enfant, c’est le Diable qui te possède. Le Vendredi saint, les gens ne sortent pas,  les gens ne tuent pas, les gens prient.)

       You glan glan s’en alla  en sifflotant.

        Comme un damné.

        La maman, pour ne pas l’être à son tour, quitta la case. Elle ne voulait pas que son fils tue le gibier, encore moins le mange un jour de Vendredi saint, un jour de jeûne.

          Elle prit son chapelet et courut se réfugier  chez sa voisine. 

     

    You glan glan rentra dans le bois. Il y  respirait une bonne odeur d’ylang ylang. Les moustiques minuscules  « yenyens » faisaient un nuage au-dessus du sol. Les maringouins  volaient :zi, zi, zi. Il faisait lourd.

     Des gerbes de guinée coupaient les pieds nus de You glan glan.

     Il avançait toujours. Pas de bête dans les bois. Elles étaient toutes cachées.

     Enfin, il finit par voir un oiseau sur un arbre. Un bel oiseau blanc.

         « Quel est bel cet oiseau ? » se dit-il.

         Il ne le connaissait pas. Il épaula, visa, tira.

         Un grand oiseau tomba en poussant un cri humain.

         Alors il alla le ramasser. Et l’oiseau se mit à chanter :

               « Collé ou collé moins, You glan glan !

                 collé ou collé moins, You glan glan,

                 mi ou focolé, You glan glan

                 mi ou focolé, You glan glan. »

                (Tu m’as pris, You glan glan,

                  tu m’as  pris, You glan glan,

                  te voici ensorcelé, You glan glan

                  te voici, ensorcelé, You glan glan).

         

         Pour le faire taire, le chasseur lui écrasa la tête d’un coup de talon, et la tapa sauvagement sur une pierre.

         Cela fait, il prit « tout brandi », le brandi, et l’enferma  dans un sac qu’il coulissa.

         Il retourna chez sa mère, où il trouva la case vide.

    Il alluma le feu, pluma le gibier, le vida, l’assaisonna, et mit l’oiseau à la broche.

        Alors l’oiseau se mit à chanter :

            

              « Touné, touné, You glan glan,

          touné, touné, You glan glan ?

          ou focolé, You glan glan

          ou focolé, You glan glan. »

          (Tournez, tournez, You glan glan,

           tournez, tournez, You glan glan,

           tu es ensorcelé, You glan glan

           tu es ensorcelé, You glan glan.)

     

    Et You glan glan  tournait la broche… L’oiseau  était cuit à point.

    L’oiseau chantait encore :

          « Valé, valé, moins, You glan glan,

              valé, valé, moins, You glan glan,

             ou focolé, You glan glan

             ou focolé, You glan glan. »

            (Avale-moi, avale-moi, You glan glan,

             avale-moi, avale-moi, You glan glan,

             tu es ensorcelé, You glan glan

             tu es ensorcelé, You glan glan.)

     

    You glan glan  commençait à se sentir impressionné.

    -  Tu finiras bien par te taire, sacré animal, lorsque je t’aurai mangé !

    Et You glan glan mangea l’oiseau !

    Alors une voix sorti de sa poitrine :

            « Lévé, lévé, You glan glan,

               lévé, lévé, You glan glan,

               allé l’église, You glan glan

               allé l’église, You glan glan. » 

             (Lève-toi, lève-toi, You glan glan,

               lève-toi, lève-toi, You glan glan,

               va à l’église, You glan glan,

               va à l’église, You glan glan.)

     

    Une force invisible le commandait. Il alla se confesser.

      Et la voix reprit :

            « Allé cimitiè, You glan glan,

               allé cimitiè, You glan glan,

             fosse ou paré, You glan glan,

             fosse ou par’, You glan glan. »

             Va au cimetière, You glan glan

             va au cimetière, You glan glan,

             ta  fosse est creussée, You glan

             ta fosse est creussée, You glan glan.)

     

    Il obéit…

    Et You glan glan  entra dans la fosse ouverte.

    Il y rendit le dernier soupir.

    Alors, un grand oiseau blanc sortit de la tombe.

    C’était la Sainte Vierge, qui avait pris la forme d’un oiseau pour châtier  You glan glan.

     


     

    mer (286)

     



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  • Il y avait une fois des Bourbonnais qui s'étaient réunis pour chasser le cabri; il y avait longtemps qu'ils en cherchaient sans en découvrir, lorsque l'un deux aperçut un beau cabri qui était sur la pointe d'un rocher escarpé, et paraissait ne se méfier de rien. Il fit signe aux autres de se taire, et, s'avançant avec précaution, il tira sur le cabri; celui-ci fut atteint mortellement; mais au lieu de tomber sur le rocher et d'y rester, il glissa tout du long, et alla tomber dans le fond d'un vallon où il demeura étendu sans mouvement.

    Comment faire pour l'avoir ? Les Bourbonnais étaient bien embarrassés; car l'animal était tombé dans une espèce de gorge dont les côtés étaient escarpés comme mur, et il n'y avait pas moyen d'y descendre. Aller chercher une corde, cela aurait pris du temps.

    Un des Bourbonnais dit aux autres:

    — Si vous voulez m'en croire, voici comment nous allons nous y prendre. Je resterai en haut et tiendrai avec les mains celui qui descendra le premier, un second le suivra, et un troisième, jusqu'à ce qu'on soit arrivé au cabri.

    Les chasseurs battirent des mains en entendant cette proposition, et ils se mirent en devoir d'exécuter la manœuvre.

    Le chasseur qui avait parlé le premier s'arc-bouta de son mieux, l'un des compagnons lui prit les mains et se laissa prendre le long du précipice, un autre glissa tout au long de son corps, lui saisit les pieds et se laissa pendre. Il y en avait plusieurs qui étaient ainsi suspendus, et ils étaient sur le point de toucher au cabri, quand celui qui était en haut s'écria:

    — Camarades, je n'en puis plus, les mains me glissent, je vais lâcher tout.

    — Crache dans tes mains, lui cria un des chasseurs, tu auras plus de force pour te reprendre après.

    Le chasseur ouvrit les mains pour cracher dedans, et mieux se reprendre; mais comme vous pensez bien, les autres qui étaient suspendus dégringolèrent les uns sur les autres, et je ne sais comment ils firent pour se retirer de là.

     

    mer (287)

     



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  • Retour, dur réalité et froid, grêves... Qu'est-ce que l'on était bien là bas.

     

     

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