• Un jour, Kong Mingyi, le célèbre musicien, joua un morceau de musique classique devant une vache; celle-ci continua de brouter comme si de rien n'était. "Ce n'est pas qu'elle n'entend pas, c'est que ma musique ne l'intéresse pas" se dit le musicien. Il se mit alors à imiter sur son Sheng le vrombissement des mouches et le meuglement des petits veaux. Aussitôt la vache dressa l'oreille, balança sa queue et s'appprocha du musicien pour écouter jusqu'au bout cette musique qui, cette fois, lui disait quelque chose.

     




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  • Dans un petit village au bord de la mer, aux pieds d'une haute montagne, habitait une mère avec son fils. Ils vivaient de leur travail; la mère cousait, le fils ramassait du bois dans la montagne; le garçon se nommait Wang Xiang, et venait tout juste d'avoir 18 ans.

    Par un jour d'été, Wang Xiang partit comme à son habitude chercher du bois dans la montagne. La chaleur se faisait sentir. Le jeune homme chercha refuge sous l'ombre d'un arbre. Des chants d'oiseaux se firent entendre. Il leva les yeux mais ne vit point d'oiseaux mais, au-dessus de sa tête, deux petites calebasses, lisses à l'excès, étaient suspendues à la branche. Elles étaient loin d'être mûres, certes, mais l'idée de les abandonner là déplaisait au jeune homme.

    Il prit donc sa faucille et se résolut à les arracher avec leur racine. Il y réussit, au prix d'énormes efforts, et les porta à la maison. Avec l'accord de sa mère, il les planta dans le petit potager qui s'étendait devant la maison. Chaque jour, il les arrosait, et les deux calebasses se faisaient de plus en plus belles.

    Un jour, un géomancien venu du Sud qui passait par là les aperçut; il demanda à les acheter et proposa jusqu'à cent taëls. Wang Xiang, étonné, demanda:

    - Pourquoi voulez-vous les acheter à un tel prix?

    - Jeune homme, répondit l'acheteur, ton honnêteté mérite une récompense, je m'en vais te révéler la vérité sur ces deux gourdes. Celle de gauche s'appelle Sèche-mer, parce que la mer se vide à son contact; celle de droite, Ecrase-montagne, parce que la montagne s'écroule à son contact. Passé le mois d'août, une fois mûres, elles deviendront efficaces!

    Wang Xiang était déjà peu enclin à les vendre; maintenant plus que jamais il ne les aurait cédées pour tout l'or du monde.

    La fin d'août arriva. Les deux callebasses étaient jaunes d'or, signe qu'elles étaient mûres.

    Wang Xiang les cueillit et, ayant mis de côté la gourde de droite, il s'en fut dans la direction de la mer muni de celle de gauche, décidé à vérifier les dire du géomancien.

    A sa grande surprise, la mer effleurée par sa gourde, recula de 4 à 5 lis. Wang Xiang, pris de terreur, retira promptement la gourde; il allait s'enfuir à toutes jambes. Lorsqu'il vit sortir de l'eau une étrange créature à forme humaine, au visage noir, le corps couvert de poils verts des pieds à la tête et une fourche tridentée à la main. L'espace d'un instant, et le monstre l'avait rattrapé. Terrifié, le garçon se laissa choir sur le sable attendant la mort. Mais les apparences se démontrèrent trompeuses, car le génie s'inclina respectueusement devant lui:

    - Vous avez devant vous, dit-il, le gardien du Palais de cristal; Sa Majesté le Roi Dragon, désire s'entretenir avec vous et vous prie donc de me suivre.

    Wang Xiang, toujours sous l'effet de la peur, refusa l'invitation d'un mouvement de la main:

    - Non, non, je préfère rester ici.

    Mais le gardien insista:

    - Sa Majesté souhaite avoir l'honneur de faire votre connaissance. Vous venez de mettre à l'eau Sèche-mer, il s'en est fallu de peu que notre Palais s'effondre. je crois que Sa Majesté a besoin de votre aide. Elle est prête à vous accorder tout ce que vous voudrez pourvu que vous lui donniez satisfaction.

    Comme dans un rêve, Wang Xiang fut transporté par l'envoyé du Roi Dragon. Petit à petit, il se sentit plus rassuré.

    Le gardien de lui dire:

    - Il y a au Palais une canne de bambou magique. Dès qu'on ôte le bouchon à son extrémité, le riz se met à couler, intarissable. Vous demanderez au roi cet objet précieux ainsi que son chien. Le roi y tient beaucoup, mais vous pourrez en faire votre compagnon.

    - Très bien, déclaraWang Xiang, d'un air satisfait, j'aimerais bien avoir un chien qui m'accompagne quand je vais chercher du bois dans la montagne.

    Ils continuèrent leur chemin en parlant de choses et d'autres et arrivèrent vite au Palais. L'aspect simple et souriant de Wang Xiang plut au roi, qui se leva pour l'accueillir. Il lui dit:

    - Jeune homme, vous possédez un objet bien dangereux pour nous. Prêtez-moi serment de ne jamais le réutiliser et je vous offrirai tout ce que vous voudrez.

    Wang Xiang, la tête baissée en signe de respect répondit:

    - Je vous demande pardon pour ce qui est arrivé, Majesté. Moi-même j'ignorais ce dont cette calebasse était capable; je vous promets, selon votre désir, de ne jamais la réutiliser. Si votre Majesté voulait me montrer quelque bienveillance, j'oserais demander deux choses;

    - Lesquelles? Parle!

    - La première, c'est votre canne de bambou.

    - Aucun problème! Et la deuxième?

    - C'est le chien qui est à vos côtés.

    Le Roi Dragon parut décontenancé à cette deuxième demande: Le chien était l'incarnation de sa fille. Toutefois, vue la promesse qu'il avait faite, il finit par acquiescer, à regret.

    Wang Xiang, après avoir remercié le Roi Dragon, prit le chien dans ses bras, se fit apporter la canne de bambou, et, ses adieux faits, prit le chemin du retour. Dès qu'il atteignit le rivage, la mer se remplit à nouveau.

    L'après-midi touchait à sa fin. Ma mère doit être bien inquiète, pensa tout à coup Wang Xiang en hâtant le pas. Le chien, toujours dans ses bras, se mit à aboyer. Il le laissa aller; en touchant le terre ferme, le chien se transforma en une jeune fille adorable. Le garçon contemplait ahuri cette métamorphose. Elle lui parlait maintenant.

    - Cher frère Wang Xiang, dit la jeune fille, ressaisissez-vous, je suis la fille du Roi Dragon. Si je ne vous déplais pas trop, nous pourrions nous marier?

    - J'aimerais beaucoup vous épouser, dit Wang Xiang, mais ma famille est trop pauvre, je ne peux me le permettre.

    - Qu'à cela ne tienne! insista-t-elle, je prendrai tout à ma charge.

    Wang Xiang rougit et hocha la tête en signe d'acquiescement.

    Arrivés à la maison, ils trouvèrent sa mère évanouie, n'ayant plus rien mangé depuis son départ. La jeune fille, en un tour de main, prit la canne de bambou, versa un peu de riz et prépara un bouillon. Puis, avec l'aide du jeune homme, elle fit couler un peu de bouillon entre les lèvres de la vieille femme, qui reprit bientôt connaissance, et avala l'un après l'autre deux bols de riz.

    Elle fut très heureuse de retrouver son fils, et l'idée d'avoir une jeune fille si gracieuse pour bru la ravissait. Elle aurait aimé qu'ils se marient au plus tôt, mais elle s'affligeait déjà devant l'exiguïté de sa maison. La future bru, consciente de ce qui tracassait la mère, lui demanda:
    - Maman, à qui appartient le jardin devant notre maison?

    - C'est à nous, répondit la mère.

    - Alors, ne vous en faites pas, chère maman, dit la jeune fille, nous allons nous arranger pour cette nuit. Demain nous aurons une grande maison.

    A minuit, la fille du Roi Dragon se leva sur la pointe des pieds, et sortit dans le potager, elle prononça des phrases magiques; à son appel, une armée de crevette et de crabes vinrent de la mer et bâtirent, suivant ses ordres, une grande et luxueuse demeure à l'endroit du jardin.

    Au lever du jour, le jeune homme et sa mère trouvèrent, au lieu du potager, une belle bâtisse en briques vertes, avec une riche basse-cour. Emerveillés, ils ne savaient trop que penser.

    - Que s'est-il passé? se demandaient-ils.

    La fille du Roi Dragon, avec un sourire, leur dit:

    - C'est moi qui ai fait construire cette maison. Nous allons vite y emménager et à la place de la vieille maison, nous ferons un joli jardin.

    Le jour même, la mère invita parents et amis pour célébrer leur mariage.

    La nouvelle se répandit vite et parvint jusqu'au gouverneur du district qui, trouvant la chose étrange, décida de rendre visite à la famille avec quelques officiers de sa suite. Il trouva la belle demeure à son goût, mais plus encore la jolie épouse de Wang Xiang.

    Lorsqu'il l'aperçut, si mignonne et si gracieuse, ce fut le coup de foudre. Il sentit jusqu'à ses jambes se dérober. Il s'adressa à Wang Xiang:

    - Ton logis est fort agréable, Wang Xiang. Qu'en penserais-tu si je venais y habiter, moi aussi?

    - Je dois demander l'avis de ma femme, répondit Wang Xiang, troublé.

    La nouvelle mariée, perçant à jour le dessein du visiteur, décida de lui donner une leçon. Elle dit à son mari:

    - Fais-le venir si tu veux, on lui cèdera la chambre principale.

    Le gouverneur, euphorique, décida de s'y installer le jour même. Du matin au soir, il dévorait des yeux la jeune mariée; plus il la regardait, plus elle lui plaisait. Tremblant de désir, il finit par dire à Wang Xiang:

    - Si tu me cèdes ta femme, je t'élèverai au rang d'officier.

    Bien sûr, Wang Xiang refusa ferme. Le gouverneur loin d'abdiquer, tenta de s'y prendre autrement:
    - Je peux y renoncer, à condition que tu réussisses à déraciner le saule dans la cour et à le replanter les racines en l'air. Si tu échoues, ta femme m'appartiendra.

    Wang Xiang, préoccupé, alla raconter à son épouse les propos du gouverneur. Celle-ci le tranquilisa en ces termes:

    - Va te coucher, et dors d'un sommeil paisible. Tout sera fait demain matin.

    Quand la nuit fut profonde, la fille du Roi Dragon appela de nouveau à son secours les crevettes et les crabes; en un tournemain le saule fut arraché et replanté suivant les indications du gouverneur. Celui-ci, surpris et très mécontent, ne se donna pas pour vaincu:

    - Déraciner un arbre et le replanter ne remplissent qu'une partie de mes conditions. Il s'agit maintenant de renverser cette montagne au nord. Si tu échoues, ta femme sera à moi.

    Une fois de plus, Wang Xiang, ne sachant que faire, eut recours à sa femme. Celle-ci lui dit:

    - Où as-tu caché l'autre calebasse? C'est le moment de l'utiliser.

    Wang Xiang, se souvenant du pouvoir magique de la deuxième calebasse, reprit immédiatement courage.

    Le lendemain matin, muni de la gourde, il se mit en route vers la montagne. L'arrogant gouverneur et ses officiers le suivaient à distance, de crainte que la fille du Roi Dragon ne lui vînt en aide par quelque magie.

    Wang Xiang, malin, alla se poster sur le versant opposé de la montagne; à peine eut-il posé la calebasse à ses pieds que l'on entendit un grondement sourd, puis, dans un fracas assourdissant, la montagne s'écroula, recouvrant à jamais le gouverneur et ses laquais.

    Dès lors, la famille de Wang Xiang mena une vie paisible et heureuse.

     



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  • La culture des mûriers et l'élevage des vers à soie étaient une importante activité productive dans la Chine antique. Mais d'où venaient les mûriers et les vers à soie à l'origine ? Un conte populaire en raconte l'histoire :

    Il était une fois une famille de deux personnes : Un père et sa fille. La fille était belle et intelligente. Un jour le père dut partir au loin pour régler une affaire. Il dit à sa fille qu'il rentrerait bientôt et lui confia la garde de son cheval blanc.

    C'était un cheval vigoureux qui galopait comme le vent. Mais surtout ce cheval comprenait le langage des hommes. Tout le monde disait que c'était un cheval prodigieux. Nous ne le saurons jamais vraiment, mais c'était pour le moins un cheval peu ordinaire.

    Après le départ de son père, la jeune fille n'eut que son cheval comme compagnie. Chaque fois qu'elle se sentait solitaire, elle parlait avec lui. il inclinait la tête ou agitait la queue pour répondre. Or, plusieurs jours après, son père n'étant toujours pas rentré, la jeune fille commença à s'inquiéter. Peut-être avait-il eu un accident au cours de son voyage ?

    Un jour, elle dit à son cheval, mi-plaisantant, mi sérieusement :

    - Mon cheval, tu me comprends, n'est-ce pas ? Si tu peut ramener mon père à la maison, je me marierai avec toi !

    A peine ces paroles prononcées, le cheval partit ventre à terre et disparut au loin.

    En effet, le père était tombé malade loin de chez lui et, ne pouvant rentrer, s'inquiétait de son absence prolongée. Lorsqu'il aperçut son cheval hennissant tristement sur la route, brûlant de retourner au pays, il enfourcha aussitôt son cheval et piqua des deux en direction de sa demeure.

    De retour chez lui, le père fut tout heureux de revoir sa fille. Pour remercier son cheval, il lui ajouta du fourrage et lui donna la meilleure avoine. Mais le cheval ne toucha pas à sa nourriture. Par contre, chaque fois que la jeune fille entrait dans l'écurie, le cheval ruait, sautait, allongeait le cou et hennissait joyeusement ou tristement.

    Etonné le père demanda des explications à sa fille.

    Celle-ci lui raconta alors la promesse qu'elle avait faite au cheval. Très embarrassé, le père réfléchit un moment et dit à sa fille :

    - Ecoute, personne ne doit connaître cette affaire. Si on apprenait que je marie ma fille à un cheval, tu imagines le scandale que cela ferait ! Pour l'instant, reste à la maison et ne va voir le cheval sous aucun prétexte.

    Le lendemain, à l'aide d'une arbalète, le père abattit son cheval. Puis il le dépouilla, et suspendit la peau sur une branche d'arbre dans la cour.

    Sa fille jouait avec des amies quand elle découvrit la peau du cheval suspendue dans l'arbre. Le coeur serré, elle s'en attrista, et se dit :

    " Il est mort par ma faute !"

    C'est alors qu'il se passa quelque chose d'extraordinaire. Elle s'était approchée de l'arbre por caresser la crinière du cheval quand soudain, la peau se tendit, se jeta sur elle et l'enveloppa entièrement.

    Terrorisées, ses amies coururent avertir son père. Quand celui-ci arriva, sa fille et la peau du cheval avaient disparu sans laisser de traces.

    Enroulant la jeune fille dans sa peau, le cheval magique vola en direction du sud-ouest. Là-bas était un lieu appelé le Grand Talon. Sur les pentes des montagnes et dans les vallées inhabitées poussaient des mûriers. Lorsque le cheval s'y arrêta, la jeune fille était déjà métamorphosée en ver à soie à tête de cheval.

    Desormais, elle grimpa dans les arbres et ne mangea plus que des feuilles de mûriers. Plus tard, devenue la maîtresse des mûriers, l'Empereur Céleste la divinisa en Déesse des vers à soie.

    Malheureuse, elle songeait jour et nuit à son pays natal, à son père et à ses compagnes. Chaque fois qu'elle y pensait, elle crachait un long fil de soie. Au dire de certains témoins, chaque printemps, on pouvait voir une jeune fille assise sur une branche de mûrier, crachant un long fil de soie blanche et claire.

    Métamorphosée à l'origine en ver à soie, comment avait-elle pu redevenir une jeune fille ? Peut-être qu'une fois divinisée, la Déesse des vers à soie avait utilisé ses pouvoirs prodigieux pour se transformer. Des années après, les vers à soie s'étaient reproduits par milliers. Comme les jeunes filles, ils ont le corps blanc et le caractère doux.

    Aujourd'hui encore, dans certaines régions, on appelle les vers à soie "Filles à tête de cheval", en souvenir peut-être de cette légende.




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  • Autrefois, les hommes vivaient sans Feu. Le Feu était contrôlé par le Dieu de la Foudre, génie à tête humaine et au corps de Dragon. Ce Dieu aimait voyager de par le monde au printemps et en été. Lorsque sa queue heurtait quelque bois sec, il en sortait des étincelles et cela allumait de grands incendies qui éclairaient le ciel. Le Feu dévorait les forêts et brûlait les animaux sauvages qui n'avaient pas eu le temps de fuir.

    Ce Feu était très utile. On pouvait s'en servir pour griller la viande crue, s'éclairer la nuit, se réchauffer les jours de froid. Mais, lorsqu'il n'était pas envoyé par le Dieu de la Foudre, où pouvait-on le trouver?

    Le Feu existait, il se trouvait dans les lointaines contrées désertiques de l'ouest, là où les rayons du Soleil et de la Lune n'arrivaient même pas, là où il n'y avait pas d'hiver mais un éternel printemps sans nuit et avec une constante lumière. En effet, à cet endroit se trouvait là un grand arbre, si grand que cent personnes se tenant par la main ne seraient pas arrivées à en faire le tour. Son feuillage touffu couvrait des milliers et des milliers de kilomètres. Son tronc et ses branches donnaient la lumière et répandaient la chaleur : On l'appelait l'"Arbre de Feu".

    Personne ne l'avait jamais vu, car il se trouvait à mille lieues de toute habitation. Il fallait pour s'y rendre escalader mille montagnes, traverser mille rivières, marcher des jours et des jours et surmonter en route toutes sortes de difficultés et de dangers inattendus.

    Plusieurs personnes déjà étaient parties à sa recherche, mais aucune n'avait réussi. Les uns s'étaient tués dans l'ascension des montagnes, les autres s'étaient noyés dans la traversée des rivières; certains avaient été dévorés par des animaux sauvages, d'autres étaient morts de chaleur ou de froid, d'autres encore avaient reculé devant les dangers et les difficultés et avaient rebroussé chemin. Bref, si tout le monde désirait la lumière et la chaleur, personne jusque là n'avait été capable d'en découvrir le secret.

    A cette époque vivait dans une tribu un jeune homme intelligent, courageux et fort. Il avait l'esprit vif et était adroit de ses mains. C'était un excellent tireur à l'arc, un bon grimpeur et un nageur hors pair. Ayant entendu parler lui aussi de l'"Arbre de Feu", et désirant apporter lumière et chaleur à son peuple, il projeta de se rendre dans les contrées occidentales. L'échec de ses prédécesseurs ne le découragea pas.

    Un jour, il dit adieu à son village et partit vers l'ouest armé de son arc et de ses flèches.Il subit en route toutes sortes de souffrances, de privations et il risqua maintes fois sa vie. De hautes montagnes et de larges fleuves lui barraient la route, mais il s'aida de lianes pour escalader les sommets les plus élevés et construisit des radeaux pour traverser les rivières les plus profondes. Des tigres féroces et des serpents venimeux sortirent parfois de leur repaire pour se jeter sur lui, mais il les terrassa à chaque fois. Le Soleil lui brûlait la peau, le froid lui gelait les mains et les pieds, mais il n'en continua pas moins à marcher des jours et des jours durant. Malgré la fatigue, il ne perdit jamais courage. Rien ne semblait pouvoir l'empêcher d'avancer.

    Il marcha ainsi jour et nuit pendant des années parcourant on ne sait combien de milliers de kilomètres. Il ne se souvenait plus depuis combien de lunes il était parti. Devant lui, tout n'était qu'obscurité. Mais résolu à découvrir le secret du Feu et d'en faire don à l'Humanité, il continuait à avancer courageusement.

    Un jour, alors qu'il avait avancé toute la journée et que maintenant il marchait péniblement dans la nuit, il aperçut soudain un rai de lumière dans le lointain. Plus il avançait, plus la lumière grandissait. Il comprit alors qu'il était arrivé au pays de l'Arbre de Feu et courut joyeusement vers la lumière.

    L'Arbre de Feu occupait à lui seul une superficie de plusieurs milliers de kilomètres carrés. Ses feuilles brillaient comme perles et pierres précieuses éclairant les quatre coins de l'horizon.

    L'homme avait enfin atteint l'Arbre de Feu!

    En s'approchant de l'Arbre, il vit une nuée d'oiseaux becqueter le tronc et les branches sans arrêt. Chaque coup de bec produisait une étincelle. Le jeune homme comprit alors immédiatement le procédé de fabrication du feu. Il grimpa sur l'arbre, coupa des branches et les frotta l'une contre l'autre. Des étincelles jaillirent. Puis il tenta l'expérience avec d'autres arbres et, après de longs efforts, obtint le même résultat.

    Tout heureux, il rejoignit sans tarder son pays natal. Là, il apprit aux hommes le secret du feu. Quelques temps après, chacun avait bien assimilé la méthode de fabrication du feu. Depuis lors, quand on a besoin de feu, il suffit de l'allumer soi-même, sans attendre les caprices du Dieu de la Foudre.

    Grâce au Feu, on put désormais cuire les aliments, se réchauffer les jours de grand froid, s'éclairer la nuit, se protéger des bêtes sauvages et fondre des armes et des outils.

    La fabrication du Feu par frottement est certes une méthode très primitive. mais l'homme ne la trouva qu'après bien des difficultés et elle eut une influence décisive sur son évolution.

    L'histoire a retenu l'inventeur du Feu sous le nom de Suiren Shi.

     



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  • Avez-vous déjà entendu parler du palais de Brocart ? Mais si, bien sûr, c'est le palais des deux fées célestes qui tissent tout le long du jour, les nuages, pour l'empereur du Ciel. Vous vous tromperiez bien si vous les croyiez heureuses de leur sort car les deux fées s'ennuient à mourir dans leur palais. Un jour d'ailleurs, elles se sont sauvées. Écoutez plutôt...

     

    Ce jour-là, c'était l'anniversaire de l'empereur du Ciel et tous ses serviteurs étaient occupés aux préparatifs d'un grand festin. Les employés célestes s'amusaient dans les salles impériales et la garde de la porte du Sud, celle par laquelle on descend sur la terre, buvait joyeusement à la santé de l'empereur et sombrait peu à peu dans une somnolence béate. Les deux fées célestes étaient restées seules. 

     

    Dans leur merveilleux palais, elles s'ennuyaient de vivre constamment dans la béatitude, de boire tous les jours du nectar et de tisser tous les jours un nuage en forme d'enclume et sept nuages blancs moutonneux. Leurs jours se ressemblaient comme un neuf ressemble à un autre neuf et nos deux fées s'ennuyaient, s'ennuyaient à mourir.

     

    « Tu sais, petite sœur, » soupirait la plus jeune, « je préférerais m'en aller et descendre sur la terre plutôt que de continuer à m'ennuyer ici. Les hommes ne connaissent pas leur bonheur !

     

    Tant de travail, et toujours du nouveau, ça me plairait tellement ! »

    « A moi aussi, » continua l'aînée, « et si tu voyais leurs montagnes et leurs rivières qui serpentent ! Que c'est beau ! Rien de pareil dans ce palais ennuyeux. Et si nous nous sauvions ? »

     

    Le chemin n'est pas long de la pensée à l'acte. Les deux fées célestes se mirent en route et, sur la pointe des pieds, tout doux, tout doux, elles se faufilèrent jusqu'à la porte du Sud qui conduisait à la terre. Les gardes dormaient profondément. Les deux jeunes filles se glissèrent dehors furtivement.

     

    « Maintenant, petite sœur, » proposa la cadette, « nous allons nous séparer. Tu iras vers le Sud, et moi vers le Nord. Et lorsque nous aurons trouvé un être en détresse, nous resterons pour l'aider. »

     

    Ainsi se séparèrent les deux fées. Et tout se passa comme l'avait dit la plus jeune. Toutes deux rencontrèrent deux vieilles femmes solitaires et usées et restèrent à les aider. Bientôt, elles perdirent leur teint transparent et devinrent toutes roses. Elles se plaisaient beaucoup sur la terre. Jamais plus elles ne pensaient au ciel.

     

    Mais rien n'est éternel, hélas. Cent ans avaient passé sur la terre, cent ans, ce qui fait exactement sept jours au ciel. Les festivités avaient pris fin et l'empereur Céleste commença à chercher les deux jeunes filles. Mais en vain, elles étaient introuvables. « Où sont-elles donc passées, » gronda l'empereur. «Voilà un moment qu'il n'a pas plu et j'aurais besoin qu'on me tisse au plus vite un nuage d'orage. » Et l'empereur fit chercher les deux fées. Les serviteurs revinrent bientôt pour lui apprendre que la porte du Sud était ouverte et que les deux jeunes filles s'étaient probablement sauvées.

     

    C'est un comble ! » s'écria l'empereur. «Qu'on me les ramène au plus vite ! Sinon, j'enverrai sur la terre une sécheresse abominable ! »

    Alors les messagers célestes descendirent sur la terre à la recherche des deux fées. Ils les trouvèrent enfin. Mais les jeunes filles ne voulaient pas rentrer. Pourtant, il fallut bien se rendre ! Pouvait-on désobéir à un ordre de l'empereur du Ciel ? Tête baissée, les yeux pleins de larmes, les deux fées reprirent le chemin du ciel.

    En arrivant devant la porte du Sud, la plus jeune dit : 

     

    «Petite sœur, je crois que je mourrai de regret si je ne peux plus regarder le monde en bas ! »

    L'aînée hocha la tête en soupirant, puis elle dit :

     

    «J'ai une idée. Jetons nos miroirs. Ainsi, quand nous regarderons en bas, nous y verrons se refléter le monde entier. »

     

    Alors les deux jeunes filles sortirent leurs miroirs de leurs larges manches et les jetèrent en bas. Les miroirs descendirent en scintillant, ils tournoyèrent un instant avec de petits sifflements et tombèrent sur la terre où ils se transformèrent en deux lacs enchantés dont les eaux limpides reflétaient les montagnes, les forêts, les collines et les hommes. Et savez-vous où sont ces deux lacs ? L'un est en Chine, c'est le Grand Lac Occidental, et l'autre au Vietnam, à Hanoi.


     

     



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  • L'Empereur Céleste de Jade fêtait son anniversaire, les immortels allèrent lui apporter leurs voeux. La fête dura trois jours et trois nuits. Le Dragon doré, ennuyé, sortit se distraire en dehors du Palais céleste. Soudain, il entendit des pleurs qui venaient de la terre. Il se métamorphosa en être humain, descendit sur la Terre et demanda ce qui se passait auprès d'une fillette en sanglots.

    La fillette leva les yeux et vit devant elle un mignon garçon. Toujours éplorée, elle se plaignit:

    - Depuis trois ans, pas une seule goutte d'eau n'est tombée. Les plantes ayant péri, nous voilà réduits à manger l'écorce des arbres.

    Puis elle se remit à sangloter et conduisit le garçon près d'un trou creusé dans le sol. Montrant les traces de sang aux alentours du trou, elle expliqua:

    - Pour que tout le monde au village puisse avoir de l'eau, mon grand-père a invité tous les habitants à utiliser le puits qui lui appartenait. Mais celui-ci ne contenait pas assez d'eau pour qu'ils en bénéficient indéfiniment. Mon grand-père s'est alors résolu à creuser d'autres puits. Il a travaillé sans répit nuit et jour, mais un mois s'est écoulé sans que la moindre trace d'eau n'aparaisse, quoiqu'il en eût déjà creusé à quelques dizaines de mètres au-dessous du sol. Accablé de soif, de faim et de fatigue, il a fini par rendre l'âme...

    Entendant cela, le Dragon doré ne put retenir ses larmes. Et d'un coup de pied sur le sol, le voilà volatilisé qui s'en va vers le ciel.

    A l'endroit où il avait donné le coup de pied, la fillette vit apparaître un étang d'eau avec l'empreinte des cinq doigts d'une patte au fond. Elle se hâta d'aller faire part de cela à tous les villageois qui, exultant, s'adressèrent au firmament en ces termes:
    - Dragon divin, nous te sommes infiniment reconnaissants pour cet étang. Pourtant cette quantité n'est point suffisante pour que vivent les plantes et les humains. Mieux vaut donc faire pleuvoir à torrents.

    Le Dragon doré, à ces appels, retourna dans le Palais les immortels ayant fait bonne chère, étaient partis les uns après les autres.

    Il alla voir le Dragon souverain de la mer orientale, maître des pluies. Il lui fit part des plaintes des habitants de la Terre. Or ce dernier, à moitié ivre, répondit avec des hoquets:

    - Sans l'ordre de Sa Majesté l'Empereur de Jade, je... je... je ne suis pas à même de commander les... pluies.

    Le Dragon doré, sur le champ, décida de demander audience à l'Empereur suprême. Arrivé à sa demeure, il fut arrêté parles gardiens de la résidence de l'Empereur, qui lui en interdirent l'accès:
    - Sa Majesté suprême a trop bu. Vous feriez mieux de revenir demain.

    Le visiteur ainsi rejeté se mit à réfléchir:

     

    "Un jour passé au Ciel équivaut à une année sur la Terre; voilà trois ans que les villageois souffrent, comment puis-je laisser ce malheur se prolonger jusqu'à l'année prochaine?"

    Il finit par trouver une solution. Il s'adressa au Maître du Tonnerre et à la Maîtresse de l'Eclair:

    - Sire Tonnerre et Duchesse Eclair, ayez pitié de ces pauvres malheureux. Si vous ne pouvez faire tomber la pluie, vous êtes capables de faire éclater tonnerre et éclair. Puis il se présenta chez les propriétaires du Vent et des Nuages:

    - Ayez pitié, mes chers amis, de ces pauvres malheureux. Si vous ne pouvez commander la pluie, vos nuages et vents les rafraîchiront. Faites-les apparaître, je vous en supplie, afin qu'ils en bénéficient.

    Soudain, le vent se mit à souffler, les nuages à s'amonceler, le tonnerre à gronder et l'éclair à briller. A toutes jambes, le Dragon doré revint au Palais où habitait le souverain de la mer Orientale et lui cria droit dans les oreilles:

    - Sa Majesté suprême t'ordonne de faire tomber des pluies, mais tu tardes à t'arracher du sommeil. Veux-tu te faire punir!

    Celui-ci, toujours dans les vignes du Seigneur, entendant vent et tonnerre, prit la bouteille contenant la pluie et la versa sur la Terre.

    Et les humains , depuis longtemps assoiffés sautèrent de joie au milieu des pluies, tant ils étaient reconnaissants au Dragon doré, leur sauveur!

    La pluie avait à peine cessé que l'Empereur suprême s'enquit de l'événement. Il convoqua une assemblée des Immortels et, dans une fureur rare, il menaça de tuer le Dragon doré.

    Tonnerre et Eclair, ayant pitié de l'accusé, implorèrent grâce pour lui auprès de l'Empereur en colère. Vent et Nuages, de concert, répandirent la nouvelle sur la Terre. Les humains, irrités, manifestèrent en faveur de leur sauveur, lançant des pétards et battant du tambour. Pris de peur, l'Empereur Céleste fit preuve de clémence: Le Dragon doré serait condamné à la vie terrestre et brûlé.

    Les habitants d'ici-bas, trop bons pour infliger une telle peine au Dragon, eurent l'idée de remplacer le feu par de la poudre tassée dans un tube de bambou. La poudre en explosant, ferait jaillir des étincelles ressemblant à un incendie sans pour autant nuire au Dragon. Le Dragon doré s'en sortit ainsi sain et sauf.

    Dorénavant, le 15 janvier lunaire, il est d'usage d'organiser des danses avec de petits Dragons de papier ou de bambou, fabriqués à l'image de leur sauveur vaillant, afin de rendre hommage à ce dernier pour son sacrifice et, en même temps, de partager avec lui leur joie des bonnes récoltes.

     



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