• Contes et légendes de Turquie - La légende du jeune Osman

    Cette histoire se passe pendant le glorieux règne du Sultan Mourad…Le shah de Perse Abdas venait de conquérir Bagdad et y faisait régner la terreur. Personne ne pouvait quitter la ville.

     

    Mais un homme réussit à la quitter et informa le Sultan d’Istamboul du sort terrible des habitants de Bagdad.

     

    Sur toutes les places de la ville les crieurs publics annoncèrent qu’on n’accepterait dans l’armée que des hommes d’âge mûr, ayant une barbe assez fournie pour qu’on pût y planter un peigne.

     

    Une fois composée l’armée se mit en route, mais comme il approchait de Bagdad, le Sultan désirant désigner à son armée un commandant capable et expérimenté fit appeler un par un tous ceux qu’il jugeait aptes au commandement et leur posa cette simple question : Où est Bagdad ?. A deux ou trois ou quatre jours disaient les autres, et le Sultan faisait immédiatement chasser honteusement de l’armée tous ceux qui lui répondaient de cette façon.

     

      L’un des chefs de l’armée avait un fils âgé de dix-huit ans. Pour ne pas se séparer de l’adolescent auquel il était interdit de se trouver à l’armée, son père l’avait logé dans une grande caisse, percée de petits trous, qu’il faisait toujours transporter avec lui. L’enfant sortait le soir à la nuit tombée. Il en demanda la raison. Son père lui expliqua ce qu’était advenu aux autres commandants et lui dit que c’était le lendemain son tour d’être questionné.

     

    - Si le Sultan te questionne demain, lui dit son fils, réponds-lui de cette façon : Prends dans ta main le drapeau, monte à cheval et presse ta monture. Bagdad est sous le pied de ce cheval.

     

    De fait, le lendemain matin, le Sultan appelle le père du jeune homme et lui demande où se trouve Bagdad. Celui-ci répond comme son fils le lui avait conseillé et le Sultan se plaît à entendre ces paroles. Toutefois, soupçonnant quelque stratagème, il demanda quel est le véritable inspirateur de cette réponse, promettant qu’en échange de la vérité il pardonnera tout. Le père lui dit la vérité et le Sultan fit venir l’enfant.

     

    - Quel est ton nom

     

    - On m’appelle le jeune Osman.

     

    - Ne sais-tu pas que j’ai ordonné de n’accepter à l’armée que ceux dont la barbe serait assez fournie pour qu’on pût y enfoncer un peigne et que les contrevenants sont passibles de la peine capitale ?

     

    - Mon Sultan, je ne suis pas aussi jeune que tu penses, je suis en réalité plus vieux que les vieillards.

     

    - S’il en est ainsi, prends ce peigne et enfonce-le dans ta barbe.

     

    Alors le jeune Osman prit le peigne et se l’enfonça dans la lèvre faisant jaillir le sang.

     

    Où est donc ta barbe ? Je ne te vois pas de poil sur le visage.

     

    Ma barbe n’est pas sur mon visage. C’est en moi que je porte les années et non sur mon visage. C’est moi qui ai compris que tu ne voulais pas véritablement apprendre la distance jusqu’à Bagdad mais bien éprouver le courage des chefs de ton armée et c’est moi qui ai indiqué à mon père de quelle manière il devait te répondre.

     

    - C’est toi qui es le chef que je cherche pour mon armée, dit le Sultan et il lui remit aussitôt les insignes du commandement.

     

    L’armée arriva sous les murs de Bagdad et avait commencé le siège. Une nuit le jeune Osman fit un songe. Il vit lui apparaître le cheik Abd-ul-Kadir Geylani, saint chef d’une confrérie religieuse qui était enterré dans la ville. Le jeune Osman lui expliqua que les munitions, les provisions s’épuisaient et qu’ils n’auraient bientôt plus les forces nécessaires pour s’emparer de Bagdad. Le cheik lui dit :

     

    - Demain matin, dis à Sultan Mourad de faire fondre un grand canon de fer.

     

    Au matin, le jeune Osman raconte son rêve au Sultan.

     

    - Nous n’avons pas le fer qu’il faudrait pour fondre un canon.

     

    La nuit suivante, le cheik apparaît de nouveau au jeune Osman et dit :

     

    - Puisqu’il n’y a pas assez de fer, réunissez tous les fers de chevaux et toutes les chaînes de fer que vous trouverez. Vous pourrez fondre un canon.

     

    Ainsi fut fait, mais il n’y avait pas de moule pour faire un canon. La troisième nuit, le cheik demande pourquoi le canon n’est pas coulé ; le jeune homme répond qu’il n’y a pas de moule.

     

    - Prenez un tronc d’arbre, autour vous disposez une carcasse de planches en forme de ruche d’abeille. Ensuite voulez le fer entre le tronc et les planches. Vous aurez construit un excellent canon.

     

    Le canon fut construit mais il manquait la poudre et les boulets. La quatrième nuit le cheik apparut encore au jeune Osman.

     

    - Prenez de la terre comme poudre, des pierres comme boulets, si vous ne réussissez pas à abattre le mur de la forteresse, je paraîtrai demain au-dessus de mon tombeau sous la forme d’un faucon blanc. Pointez le canon sur moi et tirez. Puis lancez un second boulet contre les murailles. Il ouvrira une brèche et vous pourrez pénétrer dans la ville.

     

    Tous les préparatifs sont faits pour l’assaut ; à l’heure dite un oiseau blanc survole le tombeau du cheik et comme annoncé les murailles s’abattent au second coup de canon. Un grand combat s’engage dans la ville. Le jeune Osman pénètre dans Bagdad en portant le drapeau de l’armée. Dans la bataille, un coup de sabre lui tranche les deux mains mais le drapeau, sans tomber à terre, continuait d’avancer au-dessus des moignons sanglants. Un soldat vit le prodige et poussa un grand cri. Aussitôt le drapeau tomba à terre et Osman, s’écroulant, rendit l’âme. Dans la ville conquise, il fut enterré sur les lieux mêmes de sa mort héroïque et son tombeau est encore aujourd’hui un lieu de pèlerinage où le peuple de la ville vient prier, en souvenir de sa libération.

     

     




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