• Contes et légendes de Turquie - Djeha-Hodja Nasreddin

    11 - La chèvre de la fin du monde

    Un jour, des enfants vinrent voir Nasreddin Hodja en lui disant que la fin du monde était pour le soir même, et ils lui proposèrent de tuer sa chèvre et de la manger pour en profiter avant qu'il soit trop tard. Nasreddin acquiesça, et leur proposa même d'aller se baigner pendant que lui préparerait la bête. Les enfants acceptèrent avec joie, mais quand ils ressortirent du lac, ils découvrirent que Nasreddin avait allumé le feu avec leurs vêtements !

    - Pourquoi faites-vous ces têtes ? demanda Nasreddin. Si c'est vraiment la fin du monde, vous n'avez plus besoin de vos habits, pas vrai ?



    12 - Nasreddin et la souris savante

    Un matin, Khadija, la femme de Nasreddin Hodja, vint dire à son mari :

    - le couscous qui nous reste suffit à peine pour 3 jours. Il faut que tu penses à chercher du travail.

    - Ah non ! lui répondit-il. Par contre, prépare un bon repas avec tout ce couscous et attrape 2 souris qui se ressemblent.

    Intriguée, la femme se hâta de capturer deux petites souris qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau et les donna à son mari. Celui ci planta un clou dans le mur et y attacha l'une des deux souris avec une ficelle; puis il mit la deuxième dans une cage et dit à sa femme :

    - n'oublie pas de préparer le couscous, je reviens à midi avec mes amis.

    Et il s'en alla avec la cage. Lorsqu’il arrive au café tout le monde se moqua de lui :
    -tu es devenu fou pour promener uns souris. Un perroquet ou un rossignol, nous aurions compris, mais une souris !
    - Bande d'ignorants, leur répondit il. Ce n'est point une souris ordinaire, mais une
    souris savante !
    - comment cela ?
    -c'est très simple et vous pourrez le vérifier vous même. Désirez vous déjeuner
    tous chez moi à midi ?
    -bien sur, si tu nous y invites.

    Nasreddin, s'adressa alors à la souris :
    - toi la souris, ouvre bien tes oreilles : va à la maison et dis à ma femme de préparer un bon couscous, je viendrai le déguster avec mes amis à midi.

    Il ouvrit la porte de la cage et la souris, toute contente, s'en fut en courant se réfugier dans le jardin voisin.

    A midi, les hommes incrédules accompagnèrent le Hodja chez lui et trouvèrent le repas qui les attendait. Dans un coin, ils virent la souris attachée. Ils pensèrent immédiatement que c'était celle qui avait quitté la cage deux heures auparavant.

    L'un des hommes, qui s'appelait Mustapha, prit la parole :
    - j'achète cette souris pour cent dinars
    - seulement cent dinars pour une souris savante ? lui répondit Nasreddin.
    Tu n'es pas sérieux, mon ami.

    Mustapha ajouta cent puis cent et encore cent.et Nasreddin finit par accepter de vendre sa souris pour cinq cent dinars.

    Le nouveau propriétaire était fier de son acquisition. Le lendemain il arriva au café avec sa souris dans la cage

    - aujourd'hui mes amis, nous mangerons chez moi.

    Puis il s'adressa à la souris :
    - toi la souris, ouvre bien tes oreilles, va à la maison dire à ma femme de préparer à manger, j'invite mes amis pour midi.

    L’homme ouvrit la cage, et la souris s'en fut rejoindre sa cousine dans le jardin voisin.

    A midi, Mustapha invita ses amis à l'accompagner. Nasreddin prétexta un mal au ventre soudain.

    - Non lui dit l'homme, hier nous avons mangé chez toi. Tu es obligé de m'honorer à mon tour.

    Nasreddin finit par céder et les hommes arrivèrent chez Mustapha, l'estomac en éveil.

    Mais la femme n'avait rien préparé. Elle n'avait pas bu la souris savante.

    Elle se moqua de son mari :
    - comment peux tu croire une histoire pareille ? C’est évident : Nasreddin t'a trompé pour te voler.

    Mustapha devint furieux. Il se tourna vers Nasreddin :

    - rends moi mon argent tout de suite sinon je fais un malheur.

    Nasreddin, fit mine de s'énerver à son tour :
    - comment ? Tu as perdu une souris que j'avais éduquée pendant deux ans et tu veux en plus que je te rende ton argent ! Dis moi d'abord, as tu pensé à lui donner ton adresse avant de lui ouvrir la cage ?
    - Non, dit Mustapha, remonté.
    - alors comment veux tu qu'elle trouve la maison si elle ne connait pas l'adresse ?

    Et Nasreddin garda l'argent pour lui.

     

    13 - Le Lion, Le Loup et Le Renard

     

    Un lion, un loup et un renard furent amis un certain temps. Pris de faim, ils s’en allèrent chasser. A la fin de la chasse, ils avaient tué un bœuf, un mouton et un lapin. Réunissant leurs proies, le lion dit en s’adressant au loup :

    -Fais-donc le partage pour que nous ayons nos parts.

    Le loup :
    -Le bœuf vous appartient. Le mouton est à moi et le lapin au renard.
    Le lion se mit en colère et, le griffant de sa patte, il l’envoya dans le précipice. Et se retournant vers le renard il dit :
    -Fais-donc toi maintenant le partage
    Le renard rusé ne tarda pas à répondre :
    -Le bœuf est votre repas du soir, le mouton celui de midi, et le lapin votre petit déjeuner.
    Le lion rit et demanda au renard où il avait pris cette idée.

    Le renard :
    De notre ami qui est tombé dans le précipice…

     


    14 - Le
    Sel Précieux

     

    Il était une fois un padischah et ses trois filles. Un jour, le padischah réunit ses filles près de lui et leur demanda combien elles l’aimaient ? L’aînée lui dit « autant que la grandeur du monde », la moyenne : « autant que mes bras », et la cadette « autant que le sel. »

    Le padischah se mit en colère suite à la réponse de sa fille cadette et lui dit : « Est-ce qu’un homme peut être aimé comme du sel ». Le padischah livra sa fille au bourreau. Celui-ci emmena la fille dans la montagne. La fille supplia le bourreau en lui disant que lui aussi était père.

    Le bourreau ne put résister aux supplications de la jeune fille. Il tua à la place une bête et tachant la blouse de la jeune fille avec le sang de la bête, il l’apporta au Padischah.

    La jeune fille se mit en route. Elle arriva dans un village. Elle devint l’esclave de l’un des hommes riches du village et devint une jolie fille en grandissant. Sa beauté se transmit de bouche en bouche et le destin fit qu’elle se maria avec le fils d’un autre Padischah.

    Elle expliqua un jour à son mari ce qui lui était arrivé et proposa d’inviter son père à manger. Son mari accepta. Les préparatifs furent faits et son père fut invité.

    Le padischah arriva avec ses dignitaires et tous se mirent à table. Les mets se succédaient. La jeune femme avait prié le cuisinier de préparer les mets sans sel. Le padischah, qui essayait de goûter tous les plats, retirait à chaque fois tout de suite sa cuillère de la bouche. Il ne put manger aucun mets.

    A ce moment, la jeune femme se leva soudainement de table et dit : « Mon Padischah, d’après ce que j’ai entendu, tu aurais fait tuer ta fille parce qu’elle ne t’aimait comme elle aimait le sel. Ne donnant même pas l’occasion au Padischah de s’expliquer, elle ajouta: « Cette petite fille, c’est moi. J’ai fait cuire tous les plats sans sel, pour que tu puisses comprendre ma valeur. »

    Ayant honte de ce qu’il avait fait, le Padischah pris sa fille dans ses bras et comprit combien le sel était précieux. Des jours nouveaux commencèrent.

    Tout est bien qui finit bien.

    15 - Ecrire et Marcher

    - Nasreddin, j'ai une lettre importante à envoyer à Istanbul.
    - Tu sais bien que je n'ai pas été à l'école : veux-tu me l'écrire ?
    - Excuse-moi, répond Nasreddin, j'ai mal aux pieds.
    - Tu te sers de tes pieds pour écrire ?
    - Non, avec les pieds, je marche, mais j'écris tellement mal qu'il faut que j'aille moi-même auprès du destinataire pour lui lire ma lettre.


    16 - Grave question !

    Les anciens du village essayèrent, un jour, de résoudre une question sérieuse : si le fleuve prenait feu, où donc les poissons pourraient-ils s'enfuir ?

    Après de longues délibérations, n'ayant pas trouvé de solution, ils allèrent consulter Nasreddin. Celui-ci, après les avoir écoutés, s'écria :

    - Pourquoi vous inquiétez-vous ? Si vraiment le fleuve prenait feu, les poissons pourraient grimper dans les arbres.


    17 - Trop de monde !

    Nasreddin Hodja s'était remarié avec une veuve. Dès le premier jour, celle-ci avait commencé à lui vanter les mérites de son premier mari et, jour et nuit, elle n'arrêtait pas de parler de lui. Alors, Nasreddin, agacé, se mit à vanter les mérites de sa première femme.

    Une nuit, alors que sa femme parlait une fois de plus de son premier mari, Nasreddin la poussa hors du lit.

    Fâchée, celle-ci lui dit :

    - Pourquoi tu m'as fait tomber du lit ?

    -Toi et ton mari, moi et ma femme, ça fait trop de monde dans un lit si petit !


    18 - Au jardin potager

    Un jour d'été, Nasreddin était étendu sous un gros noyer. Il regardait, à côté de son jardin, un champ de pastèques. Il pensa :

    - Comme c'est curieux, ces énormes pastèques poussent dans l'herbe alors que mon gros noyer produit des fruits minuscules.

    A ce moment-là, une noix se détacha de l'arbre et lui tomba sur la tête. Il leva les yeux au ciel et en se frottant le crâne, il dit :

    - Pardonne-moi, Dieu, je ne me mêlerai plus de tes affaires. Heureusement que les pastèques ne poussent pas sur cet arbre !


    19 - Sur l'âne

    Un jour, des gens du village virent Nasreddin, assis sur son âne et qui portait lui-même sur son dos un gros sac très lourd.

    - Pourquoi portes-tu le sac sur ton dos ? Pose-le donc sur l'âne, à côté de toi !

    - Eh, que voulez-vous, mon pauvre âne est déjà obligé de supporter tout mon poids, je ne veux pas lui ajouter encore le poids de ce sac.


    20 - Plaire à tout le monde

    Un jour, Nasreddin Hodja marchait tranquillement avec, à côté de lui, son fils monté sur l'âne. Deux hommes passèrent à ce moment.

    - Non mais regardez ça, dit l'un d'eux, voyez comment on éduque les enfants de nos jours : le jeune profite de l'âne alors que le vieil homme s'épuise à marcher !

    Ayant entendu cela, Nasreddin et son fils échangèrent leurs places. Quelques minutes plus tard, ils croisèrent à nouveau deux passants.

    - Quelle honte, dit l'un d'eux, ce père indigne est tranquillement sur son âne alors que son pauvre fils est obligé de marcher à grands pas pour rester à sa hauteur !

    Nasreddin et son fils décidèrent alors de s'installer tous les deux sur l'âne. Un groupe de trois femmes ne tarda pas à croiser leur route.

    - C'est terrible, dit l'une d'elles, cette bête va bientôt mourir sous le poids de ces deux fous !

    Cette fois, Nasreddin et son fils se mirent à marcher tous les deux à côté de l'âne.

    - Idiots ! s'exclama un autre passant. Pourquoi marchez-vous sous cette chaleur alors que vous avez votre âne pour vous porter ?

    Ne sachant plus que faire, le père et le fils rentrèrent chez eux.

    - Tu vois, dit Nasreddin à son fils, n'hésite pas à agir comme tu l'entends, puisque de toute façon tu ne réussiras jamais à plaire à tout le monde !



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