• Contes et légendes de Turquie - Djeha-Hodja Nasreddin

    46 - Djeha-Hodja Nasreddin a perdu son âne
    Djeha-Hodja Nasreddin a perdu son âne, mais au lieu de le chercher, il parcourt les rues de la ville en criant :
    - Louange à Dieu le Clément ! Louange à Dieu le Miséricordieux !
    Connaissant l'attachement de Djeha-Hodja Nasreddin pour son âne, les voisins sont surpris et demandent à Djeha-Hodja Nasreddin :
    - Pourquoi ces louanges à Dieu ? Tu ne devrais pas plutôt demander Son aide pour retrouver ton âne ?
    - Vous n'avez rien compris, déclare Djeha-Hodja Nasreddin. Je remercie Dieu de ne pas m'être trouvé sur son dos quand il a disparu. Sinon, c'est moi qui aurai été perdu.

     

    47 - Vache contre vache
    Djeha-Hodja Nasreddin exerçait, un certain temps, les fonctions de juge suppléant. Un paysan vint le trouver.
    - Grand juge! Je viens te consulter. Supposons qu'une vache attachée à un piquet encorne une vache errante. Est-ce que le propriétaire de la première doit indemniser celui de la seconde ?
    - Certainement pas
    , répondit Djeha. Une vache doit être tenue dans son enclos. Tant pis pour son maître s'il la laisse vagabonder.
    - Je suis vraiment soulagé, Djeha, car c'est ainsi que ma vache a blessé la tienne tout à l'heure.
    - Par Allah ! Pourquoi ne m'as-tu pas donné dès le début une narration complète des faits. Le cas est beaucoup plus compliqué que tu ne me l'as dit. Il faut que je consulte la jurisprudence. Qu'on m'apporte le gros livre noir qui se trouve en haut sur l'étagère!

     

    48 - Se mordre l'oreille
    Deux hommes sont venus consulter Djeha-Hodja Nasreddin quand il était magistrat. Le premier homme dit,
    - Cet homme a mordu mon oreille - J'exige un dédommagement.
    - Il s’est mordu lui-même,
    dit le second. Nasreddin s'est retiré et a passé une heure à essayer de se mordre l’oreille. En vain, il n’a réussi qu’à se faire une bosse au front en tombant. ! De retour dans la salle du tribunal, Nasreddin prononça la sentence:
    - Examinez l'homme dont l'oreille a été mordue. S’il a une bosse au front, il l'a fait lui-même et la plainte est écartée. Si son front n'est pas contusionné, c’est l'autre homme qui l'a fait et il doit payer une amende.

     

    49 - Des coups pour manger
    Djeha-Hodja Nasreddin alla à la ville voisine pour affaires, mais il n'avait pas d'argent. Comme il passait près d'une boutique où l'on vendait du halva, il entra, saisit un gros morceau et commença à le manger. Le vendeur vint vers lui et se mit à crier : .
    - Comment osez-vous vous servir, sans demander ou sans avoir payé ?
    Djeha-Hodja Nasreddin l'ignora et continua à manger. Furieux, le vendeur entreprit de le bastonner. Djeha-Hodja Nasreddin continuait toujours à manger et, s'adressant aux clients qui étaient là et avaient vu toute la scène, il leur dit :
    - Les habitants de cette ville sont tellement généreux qu'ils vous battent pour vous forcer à manger quelques-unes de leurs délicieuses confiseries.

     

    50 - Djeha-Hodja Nasreddin commerçant ambulant
    Djeha-Hodja Nasreddin fit l'acquisition d'un étal de marchand ambulant et se mit à parcourir les rues du village, en criant :
    - Qui veut mes belles tomates rouges ! Qui veut mes belles salades ! Qui veut mon persil frais !
    Le premier client qui se présente découvre que, dans le panier de Djeha-Hodja Nasreddin, il n'y avait aucun légume mais de la viande de chèvre, uniquement de la viande.
    - Que se passe t-il, Djeha-Hodja Nasreddin. Tu ne vendras rien si tu ne dis pas réellement ce que tu vends.
    - Je sais ! Je sais ! Rétorqua Djeha-Hodja Nasreddin.
    Mais si je crie "qui veut ma belle viande de chèvre", j'aurai tous les chats et tous les chiens errants du village à mes trousses.



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