• Voici une légende du sud de la Tunisie. Une de ces légendes qui naissent dans les sables chauds, en bordure du Sahara et qui ensuite voyagent, voyagent de bouches à oreilles.

     

    Ali est marchand de dattes. Il vit à Djerba, une île magnifique du sud de la Tunisie. Un matin, de très bonne heure, juste après l'appel du muezzin et la première prière, il charge sa mule et se dirige vers le souk de la ville, situé à environ trois heures de marche. Il a sept gros sacs remplis de belles dattes et espère en récolter un bon prix.

     

    Vers midi, le souk est en pleine effervescence. On achète, on vend et on n'hésite pas à discuter tous les prix, c'est toute la technique du marchandage.

     

    Appuyé contre un gros sac en jute rempli d'avoine, un homme assez jeune joue du luth. Quelques passants lui laissent une pièce dans sa chéchia posée à terre.

     

    Il doit être apprécié car son petit chapeau rouge est presque plein. Ali de son côté a déjà vendu cinq sacs de dattes et il en est très content. Un très vieil homme s'approche alors de lui, le salut et explique le but de sa visite. - Que la paix soit avec toi… Voilà, j'ai très envie de dattes mais je n'ai pas d'argent pour te payer. Par contre, si tu me donnes un sac de dattes, je te dirai comment avoir un sac d'or en échange...

     


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  • Souvent dans la mythologie, l’histoire des dieux est liée à la nature. L’histoire de Râ ne fait pas exception. Dans le soleil qui voyage au firmament, dans le Nil aux inondations salutaires, mais aussi dans le scarabée qui roule sa boule de fumier, tout Egyptien peut voir Râ. Ainsi la nature a-t-elle contribuée à façonner l’image et le mythe de ce démiurge, dieu né de rien et pourtant maître de tout.

     

    Le voyage que fait chaque jour le soleil dans le ciel, c’est celui que fait Râ chaque jour depuis la création. Et de même que le soleil est levant ou couchant, Râ prend un nom plus précis. Ce voyage de Râ, c’est aussi le voyage que l’homme fait en une vie, de la naissance à la mort qui l’attend.

     

    Voyage diurne

     

    Chaque matin, Nout donne naissance à Râ, qui se lève à l’Orient aux sons des chants et des danses. Il ouvre son œil étincelant et est reçu par les deux divinités de l'Est qui l'entourent de soins respectueux. Râ prend alors le nom de Khépri, le soleil du matin. La joie éclate autour de lui : les femmes qui vivent autour de lui chantent : "Eveille-toi en paix, de même que les déesses des couronnes s'éveillent en paix ! Tu apportes la joie, la lumière et la chaleur sur la terre". Ensuite, il va dans la salle des bains froids, où la déesse "Fraicheur", fille d’Anubis, l'inonde avec ses quatre cruches. Horus frotte les chairs de Râ et Thot essuie ses jambes. Puis  Amon-Râ (le soleil qui donne la vie au pays) s'habille et prend son petit-déjeuner. Puis il monte dans la Barque Diurne, Mândjet, qui apparaît à l'est et "resplendit comme de l'or" qui glisse sur les eaux.

     

    A l'aube, Apophis, le serpent des ténèbres attaque l'astre solaire dans sa course, mettant ainsi en péril la stabilité du cosmos. Le serpent enserre le monde dans ses anneaux - décrits comme des bancs de sable - le long de la ligne d'horizon, position idéale pour se lancer à l'assaut du soleil quand celui-ci s'approchait. L'astre riposte avec succès et Apophis, vaincu, perd du sang, en teintant le ciel de rouge au lever du soleil. Râ, pour combattre Apophis, prend la forme d'un chat. Il porte alors le nom de "Grand chat d’Héliopolis". On le représente terrassant Apophis sous l'arbre sacré ished.

    Râ continue alors sa promenade journalière autour du monde. A midi, il prend la forme d'un puissant taureau qui féconde sa mère Nout et donne naissance à un nouveau soleil : Harakhty, le soleil au zénith, qui brille de toute sa splendeur et toute sa puissance. Le soir, à l'ouest, sous les traits d'un vieillard, Atoum, le soleil couchant, il monte dans sa barque nocturne (Mesektet) pour commencer son voyage dans l'au-delà... Au coucher du soleil, Apophis Apophis recommence son attaque, et, étant à nouveau vaincu, il reteint le ciel de son sang.

    La "Barque des millions d'années" est le nom du bateau que Râ utiliserait le jour où ce serait la fin du monde, quand le chaos succédera à la terre une fois de plus.


    Voyage Nocturne

    Râ arrive alors à l’Occident. Il passe dans la Barque de la Nuit (Mesekhet) à bord de laquelle il traversera le monde inférieur, un monde nocturne et dangereux habité par la mort Râ a alors l’apparence d’un bélier ou d’un homme à tête de bélier et est appelé Auf-Râ, le soleil de l'ouest. C’est lors de sa course nocturne que Râ ranime Osiris. Grâce aux rites funéraires de conservation des corps, tout défunt devient un « Osiris » en puissance. Aussi chaque Egyptien nourrit-il un seul et même souhait : être ranimé à une nouvelle vie, comme Osiris l’a été par les bons soins de Râ.

    Dans le domaine funéraire, Râ protège l’au-delà du pharaon. Mais Osiris, et la force du culte qui lui était rendu, s’imposa à sa place. Si Osiris s’imposa dans le monde des morts, il doit le faire avec Râ. En effet, en mourant, Râ se transforme en Osiris : Djafi, l'âme double, ou dualité entre Osiris et Râ. Durant son vivant, le Pharaon est identifié à Râ, mais à sa mort à Osiris. Il est donc identifié à Djafi, représenté avec une tête de bélier.

    Auf-Râ voyageait dans le Monde Inférieur jusqu'à atteindre l'est et, sur son chemin il devait combattre des créatures nuisibles qui essayaient de couler leur barque ; toutefois il restait dans la cabine protégée par le serpent Mehen, qui le défendait d’Apophis jusqu'à l'aube.

    Auf-Râ traversait sur Mesektet, du couchant jusqu'à l'aube, les douze régions de l'au-delà correspondant aux douze heures de la nuit. Un fleuve sillonne les douze régions de la nuit éternelle, comme le Nil les provinces de l'Egypte. Ces douze régions portent un nom et sont placées sous la protection d'une déesse, indiqués dans les textes hiéroglyphiques. Deux guides du monde inférieur - l'un connu sous le nom de "Ce qu'il y a dans l'Au-delà" (ou "Livre de Celui qui est dans l'Au-delà"), l'autre sous celui du "Livre des Portes"- donnent une description assez sèche et technique des diverses régions et indiquent leur nom respectif et ceux des divinités bienveillantes ou hostiles qui y séjournent.

    Voici une courte description des ces douze régions, avec leur nom et leur déesse protectrice:

     

    1ère heure : Grande cité (Net-Ra) ; déesse qui décapite les ennemis de Râ. Lors de cette étape, Râ porte une tête de bélier et se nomme "chair".


    2ème heure : Champ d'Ouernes; déesse sage gardienne de son seigneur. Durant cette heure Râ s'impose comme juriste en établissant le droit des dieux des céréales sur les terres.

     

    3ème heure : Champ des dieux des céréales, eaux d'Osiris (Net-neb-ua-kheper-aut); déesse qui tranche les âmes. A ce moment Râ redonne naissance à Osiris.

     

    4ème heure : Grotte de la vie des formes (Ankhet-Kheperu) ; déesse de grande puissance. Râ se retrouve devant la porte des passages conduisant aux enfers et qui est gardée par des dieux serpents. Cette porte mène aussi au corps de Sokaris et au tombeau d'Osiris.

     

    5ème heure : Grotte de Sokaris ; déesse qui est dans la barque. La barque solaire se retrouve face à un mont d'où émerge une tête dite "chair d'Isis qui est aux dessus du sable du pays de Sokaris". Quatre têtes cracheuses de flammes gardent le cœur du mont. En ce lieu tout symbolise la mort. Râ en sort victorieux.

     

    6ème heure : Eaux profondes (Metchet-mu-nebt-tuat) ; déesse meneuse experte. L'histoire indique l'arrêt de la barque solaire devant le dieu Thot dépeint sous les traits d'un babouin tenant dans ses mains un ibis sacré. Râ prend l'aspect d'un cadavre pour observer Khépri prisonnier d'un serpent à cinq têtes.

     

    7ème heure : Ville de la grotte mystérieuse ; déesse qui éloigne le serpent. Râ assiste à l'exécution des adversaires d'Osiris et à la capture d' Apophis qui tente en permanence d'avaler le dieu solaire afin de rendre le monde au chaos. Nécropole d'Osiris (Naref).

     

    8ème heure : Villes des sarcophages du dieu (Tebat-neteru-s); déesse maîtresse de la nuit. Des emblèmes de la puissance de Râ au nombre de neuf le précèdent pour pénétrer dans la 8ème heure. Ils détruisent les ennemis du dieu solaire. Ils ont l'aspect de bâtons à tête humaine et sont armés d'un couteau. A cette étape, de nombreux dieux Zoomorphes se manifestent sans attaquer Râ.

     

    9ème heure : Ville des manifestations vivantes (Best-Aru-Ankhet-Kheperu) ; déesse adoratrice. Râ croise douze cobras cracheurs de feu, gardiens d'Osiris.

     

    10ème heure : Ville des eaux profondes et des rives escarpées (Metet-qa-utchebu) ; déesse qui décapite les rebelles. Cette heure évoque le commencement de la résurrection du dieu solaire. Douze dieux le précèdent et garantissent sa sécurité. Râ leur ordonne de détruire ses ennemis dans l'ombre.

     

    11ème heure : Ville du décompte des cadavres (Re-en-qerert-apt-khatu); déesse étoilée qui éloigne les rebelles. Râ assiste au châtiment des rebelles prisonniers plongés dans un puits où ils sont découpés en morceaux par le couteau d'une déesse. Horus leur indique qu'ils ne reverront plus jamais la terre.

     

    12ème heure : Grotte de la fin des Ténèbres, ville de la beauté de Râ incarnée (Kheper-khekiu-khau-Mestu) ; déesse qui voit la naissance. La barque solaire qui transporte Râ pénètre dans la queue d'un serpent géant qui recrache le dieu sous forme du scarabée Khépri. Il monte alors dans sa barque diurne qui lui fait parcourir les douze heures du jour.

     

    Il parcourt ainsi les deux royaumes diurne et nocturne et parfois s'arrête dans son palais du ciel, appelé Akhet, pour y recevoir des courtisans et le pharaon, en compagnie de Maât.

     

    Les différents aspects du soleil : Il existe une multitude de divinités solaires, mais elles sont toutes des aspects de Râ. En voici quelques unes :

     

    Khépri : soleil naissant.

    Harakhty : soleil au zénith.

    Atoum : soleil couchant.

    Horus de Behedet : soleil au zénith.

    Aton : disque solaire.

    Harpra : jeune soleil.

    Horkhentikhet : soleil matinal.

    Harmakhis : soleil de l'aube et du crépuscule.

    Api : son images symbolise les deux étapes majeures de la course du soleil.

    Auf-Râ : soleil de la nuit.

    Grand chat d’Héliopolis : forme que prend Râ pour terrasser Apophis.

     

    Les défenseurs de la barque contre Apophis: Durant son voyage, Râ est escorté des étoiles et de divinités qui le défendent contre les nuages et surtout contre les serpents Apophis. Voici les principaux défenseurs de la barque solaire :

     

    Seth, considéré comme le fils adoptif de Râ, est le principal défenseur de la barque solaire.


    Méhen est l'entité contraire d'Apophis. Il représente le serpent bénéfique, protecteur de la barque nocturne. Ant et Abdyu sont deux poissons mythiques qui nagent à côté de la barque solaire, dans son parcours nocturne, en chassant dans l'eau tout être malin.

     

    Horus tient le gouvernail de la barque.

     

    Râ est généralement accompagné des trois premiers dieux créés, Sia (la perception), Houb (la parole) et Heka (la magie) et d'autres dieux notaires comme Shou, Geb, Oupouaaout, Osiris et Thot.

     

    Parfois des déesses, notamment Hathor et Isis, font partie du voyage.

     

     

    Une légende raconte, qu'un jour Apophis parvint à manger le soleil et que donc il devait faire nuit pour toujours. Mais Bastet, sous la forme d'une lionne, alla attaquer Apophis qui finit par être vaincu et qui dut rendre le soleil. Cependant elle avait eu les crocs si près de Râ, qu'elle avala un peu de sa chaleur et de sa lumière, qu'elle transmit à ses descendants, les chats. Depuis, leurs pupilles se rétractent pour former des ronds lumineux comme Râ. De leur pelage à peine effleuré s'échappent des étincelles et ils recherchent toute chaleur. Ainsi Bastet est souvent représentée avec un poignard dans la patte, coupant la tête Apophis. Cette légende, très peu connue, explique le phénomène de l'éclipse.

     

    La nuit, c'est Pasht, divinité lunaire à tête de chat, qui veille sur le soleil endormi pour le protéger d'Apophis qu'elle maintient sous sa patte.

     





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  • C'est l'histoire d'un architecte qui, un jour, ca lui a pris comme ca, il a décidé de construire une tour au bord de la mer avec un tas de cailloux qui lui restait sur les bras après l'édification des pyramides de Giseh...

     

    Cet architecte, qui s’appelait On, eut l'idée d'allumer un feu en haut de sa tour, pour attirer les commerçants et les visiteurs curieux de voir cela... Ils ne tardèrent pas à débarquer des quatre coins du monde connu (à cette époque, la terre était plate), et parmi eux, on vit même un druide gaulois accompagne de deux guerriers et d'un petit chien faire le déplacement...

     

    Originaire d'un petit village des lointaines côtes armoricaines au climat vivifiant, ce guide, qui se prénommait Hon, transportait dans ses bagages un morceau de gâteau breton, ils le partagèrent avec le bâtisseur de la tour étrange, qu'en arabe antique on appelle "phar", c'était peu de temps après le solstice d'hiver...

     

    Depuis lors, c'est devenu une tradition en Egypte de manger du far à Hon au pays du phar à On...

    (Ben quoi, on continue bien à manger de la galette des rois sous notre république, non ?)

     



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  • Le vaincu de Jôpou sortit de sa ville avec son écuyer et avec les femmes et les enfants de sa cité, et il vint au devantde Thoutîyi. Il le prit par la main et il l'embrassa et il le fit entrer dans son camp; mais il ne fit pas entrer lescompagnons de Thoutîyi et leurs chevaux avec lui. Il lui donna du pain, il mangea et il but avec lui, il lui dit enmanière de conversation :

    « La grande canne du roi  Manakhpirîya, comment est-elle ? »

    Or, Thoutîyi, avant d'entrer dans le camp de la ville de Jôpou, avait pris la grande canne du roi Manakhpirîya, il l'avaitcachée dans le fourrage, et il avait mis le fourrage dans les mannes, et il les avait disposées comme on fait lesmannes de fourrage de la charrerie d'Égypte.

    Qr, tandis que le vaincu de Jôpou buvait avec Thoutîyi, les gens qui étaient avec lui s'entretenaient avec lesfantassins de Pharaon, et ils buvaient avec eux. Et après qu'ils eurent passé leur heure à boire, Thoutîyi dit auvaincu de Jôpou :

    « S'il te plaît tandis que je demeure (avec les femmes et les enfants de ta cité à toi, qu'on fasse entrer mescompagnons avec leurs chevaux pour leur donner la provende, ou bien qu'un Apourou coure à l'endroit ilssont. »

    On les fit entrer, on entrava les chevaux, on leur donna la provende, on trouva la grande canne du roi Manakhpirîya, on alla le dire à Thoutîyi.

    La manière dont le prince de Radimâ reçut le héros du conte, et, d'une manière générale, l'accueil que trouvaientles Égyptiens, exilés ou simplement émigrés, auprès des petits cheikhs asiatiques.

    Il est probable que la canne avait quelque vertu magique cela expliquerait le désir que le prince éprouve de laposséder, sans doute dans l'espoir qu'elle le rendrait invincible.




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  • Il y avait autrefois en Egypte, dans la ville de Memphis, un prince du nom de Satni, un des nombreux fils du Pharaon Ousinarès. Satni était un scribe très savant, fort instruit en toutes choses et extrêmement habile de ses doigts, quand il tenait la palette et le calame des écrivains.

    Satni et son épouse Mahî désespéraient cependant car ils n’avaient pas d’enfants. Mais un jour qu’il était allé visiter le temple de Ptah, Satni épuisé s’endormi, et entendis une voix dans son sommeil. « Satni, un fils te sera bientôt donné. Tu l’appelleras Sénorisis et nombreux seront les miracles qu’il accomplira sur la Terre d’Egypte. »

    Et bientôt, Mahî mit au monde un petit garçon, et son père décida de lui donner le prénom qu’il avait entendu dans ses songes. C’était un beau petit garçon fort et doué. Lorsqu’il fut en âge, on le mit à l’école, et même si son précepteur était un des plus savants scribes de la Terre Entière [nom donné à l’Egypte antique], Sénosiris fut bientôt plus savant que lui. Oui, Sénosiris était vraiment un petit garçon très doué.

    Un jour que Satni et son fils se tenaient tous les deux à leur balcon, ils entendirent qu’on chantait les lamentations funèbres. Regardant par le balcon, Satni vit passer une longue procession emportant vers sa tombe la dépouille d’un riche marchand avec tous les honneurs funèbres.

    Regardant une seconde fois, Satni vit emporter le corps d’un pauvre fellah simplement roulé dans une natte, sans personne pour marcher derrière ni chanter les chants funéraires. Le scribe s’écria « Par la vie d’Osiris, le Seigneur de l’Amentît, tout puissant dans l’autre monde, puissé-je être reçu chez les morts comme ce marchand que l’on escorte à grand fracas, et non comme ce fellah qu’on enterre sans pompe et sans honneur ! »

    Mais Sénosiris, son petit enfant, le regarda d’un air malicieux et lui dit « Et moi je te souhaite au contraire d’arriver devant Osiris comme ce fellah, et non comme ce marchand. » Et comme Satni s’étonnais de ces propos, Sénosiris ajouta « Si cela te plait, je te montrerais, chacun en sa place, le pauvre qu’on ne pleure pas et le riche qui s’en va, escorté de lamentations. »

    Satni demanda « Et comment pourras-tu faire cela, mon fils ? » Alors Sénosiris, le petit enfant, se mit à réciter des formules inconnues de Satni. Il prit son père par la main et le conduisit vers un endroit que celui-ci ne connaissait pas, dans la montagne de Memphis. Ils franchirent une porte et passèrent dans de nombreuses salles, toutes pleines d’hommes de toutes conditions. Personne ne tenta de les arrêter.

    Dans la quatrième salle, par exemple, des gens courraient et s’agitaient tandis que des ânes leurs mangeaient sur le dos. D’autres tendaient les bras vers des paniers de nourriture suspendu aux dessus d’eux, mais on creusait sous leurs pieds pour les empêcher d’y atteindre.
    Dans la cinquième salle, Satni vit des morts vénérables qui se trouvaient en bonne place, et ceux qui, accusés des pires crimes, se tenaient, suppliants, à la porte. La porte elle-même semblait être plantée sur l’œil droit d’un homme, et on accédait dans la salle en lui marchand sur le visage. Cet homme était sûrement un ennemi des dieux.

    Et lorsqu’ils atteignirent la sixième salle, Satni vit les dieux qui constituent le Tribunal des Morts, qui juge chaque défunt à son arrivée dans l’Amentît, qui est le royaume des morts.
    Osiris, le dieu grand, assis sur son trône d’or fin, couronné du diadème des Deux Egyptes. A sa droite siégeait Anubis, le dieu à tête de chacal, et à sa gauche Thot, le dieu à tête d’ibis. Et autour d’eux, les quarante-deux juges tenaient séance.

    Devant eux, la balance : on pesait les bonnes et les mauvaises actions de chaque défunt. Ceux dont le mal s’était trouvé plus pesant que le bien, on les livrait à Amaît, la Mangeuse, qui leur dévorait le cœur. Mais ceux dont les vertus avaient pesé plus lourds, ceux-là Thot et Anubis les menaient aux dieux du Conseil, et leurs âmes allaient au ciel pour vivre éternellement dans la joie.

    Alors Satni, tout émerveiller de voir ce qu’aucun homme vivant avant lui n’avait vu, remarqua un personnage de belle allure, revêtu des plus belles étoffes, et placé honorablement près d’Osiris. Et Sénosiris lui dit « Mon père, ne vois tu pas cet homme assis près du trône d’Osisis, à qui on fait honneur ? C’est lui, le pauvre fellah que tu as vu emporté seul tout à l’heure. C’est lui ! On a pesé ses mérites et ses méfaits, et ses mérites se sont trouvés peser plus lourd, et Thot, en faisant son compte, s’est aperçu que son bonheur n’avait pas été suffisant pendant la durée de sa vie. Alors le tribunal, pour le dédommager, a décidé de lui accorder le trousseau funéraire du riche marchand que tu as vu emporter avant lui, afin qu’il prenne enfin place parmi les bienheureux.

    Quant au riche, lui aussi a été amené jusqu’au tribunal des dieux, mais ses méfaits se sont trouvés peser tellement plus lourd que ses mérites, qu’on a décidé que son compte lui serait réglé à lui aussi. C’est lui, cet homme que tu as vu tout à l’heure, dont la bouche pousse de grands cris parce que la porte de la cinquième salle est plantée dans son œil. Je savais tout cela, et c’est pourquoi je t’ai souhaité qu’il t’arrive comme au pauvre fellah, plutôt que comme au riche marchant. »

    Et Satni lui dit « Sénosiris, mon fils, nombreuses sont les merveilles que j’ai vu dans l’Amentît ! Mais puis-je savoir, à présent, qui sont ces gens que nous avons vu dans les précédentes salles ? »

    « Ces gens sont des maudits, punis par les dieux. Ceux qui ont passé leur vie à vivre du travail des autres, ceux-là doivent maintenant travailler sans cesse, et tout ce qu’ils gagnent leur est mangé par les ânes qu’ils ont sur leur dos, et les autres, qui doivent sans cesse se hisser vers leur nourriture alors qu’on creuse sous eux, ce sont ceux qui ont montré trop d’avidité à s’emparer de ce qui était à autrui.

    Mais les âmes des justes sont montées dans le Palais d’Osiris et seront désormais heureux pour l’éternité, car celui qui a fait le bien sur la terre, on lui fait le bien dans l’Amentît, mais celui qui a fait le mal, on lui fait le mal. »

    Et alors que Sénosiris guidait son père sur le chemin du retour, Satni murmura une prière pour s’excuser de ses paroles passées, et se dit en lui-même « Sénosiris est mon fils, et cela suffit pour faire de moi un bienheureux. »

    Sénosiris fit bien d’autres miracles encore par la suite, mais ceci est une autre histoire.

     



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  • Il était une fois au pays des pharaons, dans le temple dédié à Osiris, un vieux prêtre, qui chaque jour apportait les offrandes courbé en deux plein de crainte et de respect ; un jour qu'il se prosternait face à l'autel il entendit une voix lui dire;

    - Homme pourquoi m'apportes-tu des présents que je ne pourrais pas manger, portes-les donc à ceux qui ont faim!

     

    Il était effrayé et ne voulait pas croire que c'était bien la DIVINITE qui lui parlait ! alors il n’osa pas transgresser le rituel et n'entendit pas la voix ; chaque jour pourtant elle lui demandait la même chose, alors il apporta sur le seuil du temple les offrandes et les offrit à ceux qui étaient là !

    Le pharaon apprenant la nouvelle fut courroucée et lui demanda pourquoi il avait cessé de pratiquer le culte?

     

    Il lui raconta les faits en tremblant, alors le pharaon fut ému dans son cœur et ne doutant pas que la divinité l'avait ordonné, combla de présents le pauvre prêtre qui s'en alla dans sa maison rempli d'allégresse car il avait à la fois contenté sa divinité, les pauvres, et son pharaon ; il avait entendu les paroles et osa changer le rituel sacré!

     


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