•                                En 1945, l’Egypte devient membre fondateur de la Ligue arabe, et en 1948, elle participe à la Première guerre israélo-arabe, lorsque les Etats arabes tentent d’éliminer le nouvel Etat d’Israël. La défaite arabe augmente le mécontentement populaire (des Egyptiens) vis-à-vis du roi Farouk[1], jugé incompétent et extravagant. Parvenu au trône en 1936, il est renversé en juillet 1952 par une junte armée sous le commandement de Gamal Abdel Nasser [2]. La République d’Egypte est proclamée en juin 1953.

     

             La population résolument nationaliste de Nasser culmine finalement dans la nationalisation du canal de Suez. Une invasion rassemblant Anglais, Français et Israéliens, qui visait à renverser Nasser et à reprendre ensuite le contrôle du canal à l’Egypte, échoue lamentablement, suite à l’envoi d’un ultimatum lancé par les Américains pour forcer les envahisseurs à se retirer. En une nuit, Nasser est promu au rang de héros dans l’ensemble du monde arabe. Nasser aligne l’Egypte sur la politique de l’URSS, faisant l’acquisition d’armes soviétiques et accueillant des conseillers militaires et techniques soviétiques. Le haut barrage d’Assouan voit le jour grâce à l’aide des experts soviétiques. Emblème du régime de Nasser, il est achevé un an après sa mort, en 1971. Le statut de héros de Nasser survit même à la défaite cuisante de la guerre des Six jours, en 1967, lorsque Israël anéantit les forces arabes postées sur ses frontières et s’empare du Sinaï.

     

             Le successeur de Nasser, Anouar el-Sadate [3] , prend ses distances avec l’URSS et se rapproche de l’Occident. En octobre 1973, il lance les forces égyptiennes au-delà du canal de Suez pour tenter de chasser les Israéliens du Sinaï. Bien qu’Israël parvienne à repousser les Egyptiens, cette initiative contribue à redorer le blason de l’Egypte, qui a souffert de la défaite de 1967. Elle permet à Sadate d’amorcer en 1977 un processus de paix avec Israël ; le prix Nobel de la paix (1978) culmine dans les accords de Camp David et le traité de paix de 1979, selon lequel Israël se retire du Sinaï jusqu’à sa frontière de 1948 avec l’Egypte. Toutefois, l’accord est dénoncé par les alliés arabes les plus fidèles de l’Egypte, farouchement opposés à Israël, ainsi que par les extrémistes égyptiens musulmans, qui assassinent Sadate en 1981.

     

             Hosni Moubarak [4] , successeur de Sadate à la présidence et toujours au pouvoir, s’efforce également d’améliorer les relations avec les pays arabes. Il poursuit la politique de rapprochement de Sadate avec l’Occident et libéralise l’économie, tout en octroyant davantage de libertés civiles et politiques Sous son gouvernement, toutefois, l’Egypte connaît une vive recrudescence de l’intégrisme islamique, rejetant les valeurs cosmopolites de l’Occident en faveur des stricts diktats du Coran. Les islamistes les plus extrémistes ont perpétré une succession d’actes terroristes, notamment sous la forme d’attentats visant des touristes au Caire, à Alexandrie, LouXor et ailleurs.


    [1] LE ROI FAROUK

    Le nom du dernier roi de l’Egypte moderne reste synonyme de prodigalités près d’un demi-siècle après sa chute. Partagé entre la domination britannique et ses aspirations nationalistes. Farouk n’assuma guère ses responsabilités vis-à-vis de son peuple, préférant voitures, casinos, courses de chevaux, yachts de luxe et jolies femmes, tandis que ses ministres corrompus s’enrichissaient sur le dos de leurs compatriotes. Sa prédilection pour le sexe opposé était légendaire. On raconte que, pour préparer son aphrodisiaque favori et son remontant du matin, il laissait réduire le bouillon de 300 pigeons de manière à obtenir un demi-litre de consommé. Il mourut en exil à Rome en 1965.

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    [2] GAMAL ABDEL NASSER

    Gamal Abdel Nasser (1918 – 1970), né au Caire, est le fils d’un employé des postes. Promu au rang de colonel dans l’armée égyptienne, il devient chef du Mouvement des officiers libres, opposés à l’hégémonie anglaise et au gouvernement corrompu de Farouk. L’un des instigateurs du coup d’Etat de 1952, qui renverse Farouk, il échappe ensuite à une tentative d’assassinat avant d’être élu président (raïs) en 1956. En 1958 il intègre l’Egypte dans la République arabe unie, rapprochement avec la Syrie qui échoue trois ans après, même si Nasser conserve le titre de président. La crise de Suez de 1956 renforce sa popularité, qui survit même à la défaite de la guerre de 1967. Décédé en 1970, il fait toujours figure de héros national en Egypte.

     

    [3] MUHAMMAD ANOUAR EL-SADATE

    Anouar el-Sadate (1921 – 1981) jour un rôle déterminant dans le coup d’Etat des Officiers libres, qui propulse Nasser au pouvoir, et il figure parmi les personnages-clés de l’entourage de Nasser. Nommé vice-président en 1969, il devient président à la mort de Nasser. Il revient sur de nombreuses décisions moins heureuses. Ainsi, il renvoie les conseillers militaires soviétiques en 1972, et in introduit en 1973 des réformes économiques qui engendrent inflation et émeutes. Il est assassiné en 1981 par des extrémistes qui le considèrent comme un traître à la cause arabe.

    [4] HOSNI MOUBARAK

    Hosni Moubarak (1928 -) entre à l’Académie militaire d’Egypte en 1947. Il devient officier de l’armée de l’air en 1950 et gravit rapidement les échelons, devenant commandant en chef en 1969, à l’âge de 41 ans. En 1973, son efficacité sauve l’Egypte de l’humiliation complète pendant la guerre d’octobre, et en 1975, le président Sadate lui confie la vice-présidence. Il est élu président en 1981, après l’assassinat de Sadate. Depuis, il a donné à l’Egypte une apparence de démocratie en favorisant le libre-marché (tout en tentant de juguler la montée de l’intégrisme musulman) et, contrairement à ses prédécesseurs, il a introduit le pluripartisme dans les élections, ce qui ne semble pas avoir menacé son pouvoir.


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  • Pendant la Seconde Guerre mondiale, le canal de Suez s’avère d’un intérêt stratégique essentiel, et le désert occidental est le théâtre de nombreuses opérations militaires entre les Italiens et les forces alliées, puis, après la défaite des Italiens, entre les Alliés et l’armée allemande commandée par Erwin Rommel. En novembre 1942, les Alliés remportent la victoire décisive d’El-Alamein, à 106 km à l’est d’Alexandrie.


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  • Avec l’expansion des empires européens en Asie, un intérêt croissant se manifeste pour la création d’un accès plus rapide par l’isthme de Suez, afin de remplacer le long et fastidieux voyage par le cap de Bonne Espérance. L’ingénieur français Ferdinand de Lesseps sera l’instigateur de la construction du canal de Suez, qui sera inauguré en 1869 dans l’enthousiasme général. Au départ, l’Egypte détient 44 % des actions du fond international de financement du canal, mais l’incompétence du Khédive Ismaïl en matière de gestion le contraint à les vendre aux Anglais et aux Français. En 1876, un condominium franco-britannique est créé pour gérer les affaires du Khédive, en 1882 l’Angleterre dépêche une garnison à Alexandrie. L’intense rivalité impériale entre l’Angleterre et la France, ainsi que la nécessité de contrôler l’axe vital du canal, incitent l’Angleterre à resserrer sa mainmise sur l’Egypte, se trouvant désormais réduite au statut de protectorat anglais, le Khédive demande allégeance à l’Angleterre.

     

             La forte présence anglais et française dans le pays génère un vif intérêt pour les vestiges des pharaons, amorçant la mise au jour systématique des tombeaux et temples de Gizeh, Memphis, LouXor et autres sites archéologiques Au départ, il ne s’agit guère plus que de fouilles de tombeaux par des aventuriers animés davantage par le plaisir de l’exploration que par la recherche archéologique proprement dite. Mais la création en 1880 de l’Institut d’archéologie marque le début d’une approche plus scientifique.

     

             L’Egypte reçoit officiellement le statut de protectorat en 1914, avant de retrouver son indépendance en 1922, même si l’Angleterre conserve le contrôle de la défense et du canal de Suez.

    SA’D ZAGHLUL

    Sa’ad Zaghlul (1860 – 1927), qui a donné son nom à nombre de rues et places égyptiennes, devient ministre de l’Education en 1907 et leader du mouvement nationaliste Wafd. Le 13 novembre 1918, au terme de la Première Guerre mondiale, il exige l’abolition du protectorat anglais et l’indépendance totale de l’Egypte, qui sont refusées. La démission de Zaghlul déclenche des émeutes, et il est arrêté et exilé à Malte avec ses principaux partisans. Il revient en Egypte avant d’être déporté de 1921 à 1923, puis il est élu Premier ministre avec une majorité écrasante lors des premières élections égyptiennes de 1924. Il meurt en 1927.

    LES PREMIERS ARCHEOLOGUES

    Les premiers archéologues européens ne se différenciaient guère des pilleurs de tombeaux qui les avaient précédés, eux aussi beaucoup plus intéressés par les découvertes et le prestige que par la recherche proprement dite. Dans la première moitié eu XIXème siècle, les tombeaux furent pillés, les momies dépouillées des bijoux ensevelis avec elles, les statues exhumées et volées. En 1858 fut créé le service des Antiquité égyptiennes, dirigé par l’égyptologue français Auguste Mariette, après quoi le gouvernement commença à superviser les fouilles, tandis qu’une nouvelle génération de chercheurs prenait la place des chasseurs de trésors.

     

    PILLEURS DE TOMBEAUX

    Les antiquités égyptiennes sont toujours l’objet de vols et actes de vandalisme, encouragés par le marché florissant de la contrebande d’œuvres d’art anciennes. Afin de protéger le patrimoine du pays, le département de la Sécurité nationale effectue un recensement des temples et tombeaux au moyen de matériel vidéo sophistiqué et de photographies numériques. Environ 40 000 sites ont été répertoriés avec le centre des Antiquités, mais la gigantesque richesse de l’Egypte en trésors antiques complique considérablement la tâche.

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  • L’épisode français a sapé l’influence ottomane sur l’Egypte et encouragé une nouvelle génération d’Egyptiens à chercher le changement. Du chaos consécutif eu retrait des forces françaises émerge un nouveau souverain, un officier d’origine gréco-albanaise nommé Méhémet Ali. Avec le soutien de l’armée, il se proclame Pacha d’Egypte. En théorie, il reconnaît le Sultan de Constantinople comme son chef suprême. En pratique, il contrôle l’Egypte en chef indépendant pendant les quatre décennies qui suivent, eu au cours desquelles il impose un programme de modernisation visant à sortir le pays de l’ère du Moyen Age. L’Egypte ne doit plus être une partie oubliée de l’empire, et les successeurs de Méhémet Ali règnent sous le titre de califes, se refusant à être les vassaux de l’Empire ottoman.


    MEHEMET ALI

    Né dans le port grec de Kavala (qui, comme l’Egypte, fait alors partie de l’Empire ottoman), Méhémet (ou Mohammed) Ali arrive en Egypte comme officier de l’armée turque. En 1811 il met un terme au pouvoir des mamelouks en massacrant leurs dirigeants. De 1813 à 1818 son fils, Ibrahim, mène campagne contre les fanatiques Wahabites d’Arabie, reprenant les cités saintes de Médine et La Mecque pour le sultan. Méhémet demande alors à Ibrahim de lever une armée pour anéantir les rebelles grecs au nom du sultan ottoman. Après la guerre ; Méhémet exige davantage d’indépendance du sultan. Son vœu étant refusé, il se révolte, chassant les troupes turques de Palestine et de Syrie, et prenant le contrôle de vastes parties de la Turquie. Ce succès fulgurant est trop menaçant pour les grandes puissances européennes, qui le forcent à renoncer à ses conquêtes. Il abdique en 1848 et meurt en 1849.

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             L’Egypte subit de nouveau les harcèlements du monde extérieur avec l’arrivée en 1798 d’une force révolutionnaire française conduite par Napoléon Bonaparte. Napoléon a pour objectif d’amener l’Egypte dans la zone d’influence française, afin de pouvoir contrôler l’importante route commerciale vers l’Inde par l’isthme de Suez et la mer Rouge. Mais l’expédition dépasse les limites de la simple compagne militaire. Napoléon est entouré de certains des plus grands érudits français, désireux d’étudier les trésors de cette civilisation ancienne. Si ses soldats ont gravé leurs noms dans les pierres des temples et des obélisques (où ils subsistent de nos jours), les scientifiques et archéologues qui accompagnent Napoléon entreprennent l’exploration de l’Egypte ancienne. Ainsi, on peut affirmer que le déchiffrage des hiéroglyphes revient à l’acquisition de la pierre de Rosette en 1799 par les Français.

     

             L’expédition de Napoléon, toutefois, est vouée à l’échec. Tandis que les forces terrestres françaises tentent de s’emparer de la capitale, les navires de l’amiral Horatio Nelson coulent la flotte française basée dans la baie d’Aboukir, privant la force expéditionnaire de tous renforts et provisions. Napoléon s’enfuit en France et trois ans après, le restant de la force expéditionnaire se retire à son tour.


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  • Pendant ce temps, les Turcs ottomans, apparus en Asie centrale vers le IXème ap. JC., achèvent leur conquête de l’Asie Mineure. Les Ottomans regagnent les frontières de l’empire byzantin, s’emparant de Constantinople en 1453. En 1517 le sultan Soliman le Magnifique, convoitant l’Egypte, ne rencontre aucune opposition effective des mamelouks, qui se révèlent incapables de s’unir pour résister aux Turcs. Durant les trois siècles suivants (jusqu’après la Seconde Guerre mondiale), l’Egypte demeure sous la suzeraineté de l’Empire ottoman qui s’étend des Balkans à la mer Rouge, et elle est dirigée par une succession de gouverneurs (pachas) nommés par le sultan de Constantinople. Si l’Egypte devient une région isolée de l’Empire, l’université islamique d’Al-Azhar, fondée en 973, demeure le centre théologique le plus important de tout le monde musulman.

    LA HIERARCHIE OTTOMANE

    (gouverneurs militaires de provinces). En dessous, les gouverneurs régionaux, parfois chefs héréditaires, s’appelaient les Si l’empereur de Constantinople était désigné en Occident sous le nom de Sultan (titre séculaire), pour ses sujets il était le calife, ou chef suprême de tout l’Islam et successeur de Mahomet. Il dominait un système hiérarchique complexe. Au XIXème siècle, les souverains d’Egypte devinrent des Khédives – dynastie de rois presque indépendants qui payaient tribut au sultan. Ils étaient auparavant simples Walis (vice-rois) ou pachasbeys.
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